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Simenon, Georges - La tête dun homme

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Название:
La tête dun homme
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неизвестно
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неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - La tête dun homme

Simenon, Georges - La tête dun homme краткое содержание

Simenon, Georges - La tête dun homme - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

Quand une cloche, quelque part, sonna deux coups, le prisonnier était assis sur son lit et deux grandes mains noueuses étreignaient ses genoux repliés. L'espace d'une minute peut-être il resta immobile, comme en suspens, puis soudain, avec un soupir, il étendit ses membres, se dressa dans la cellule, énorme, dégingandé, la tête trop grosse, les bras trop longs, la poitrine creuse. Son visage n'exprimait rien, sinon l'hébétude, ou encore une indifférence inhumaine. Et pourtant, avant de se diriger vers la porte au judas fermé, il tendit le poing dans la direction d'un des murs.

La tête dun homme читать онлайн бесплатно

La tête dun homme - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

— Je vous écoute…

— Voulez-vous m’accorder un moment d’entretien…

— Tout de suite ?… Qu’est-ce que…

Mais il était si grave qu’elle se leva, chercha autour d’elle un endroit tranquille.

— Venez au bar… A cette heure-ci, il n’y a personne…

En effet, le bar était désert. Les deux personnages restèrent debout.

— Saviez-vous que votre mari devait aller cet après-midi à Saint-Cloud ?…

— Je ne comprends pas… Il est libre de…

— Je vous demande s’il vous avait parlé d’une visite qu’il projetait de faire à la villa…

— Non…

— Vous y êtes-vous déjà rendus tous deux depuis la mort de…

Elle secoua la tête négativement.

— Jamais ! C’est trop triste…

— Votre mari y est allé seul, aujourd’hui…

Elle commençait à s’inquiéter, regardait le commissaire dans les yeux avec impatience.

— Eh bien ?…

— Il lui est arrivé un accident…

— Avec son auto, n’est-ce pas ?… J’aurais parié…

Edna vint jeter un coup d’œil curieux, sous prétexte de chercher son sac à main oublié quelque part.

— Non, madame… Votre mari a tenté de mettre fin à ses jours…

Les yeux de la jeune femme s’emplirent d’étonnement, de doute. Un instant elle fut peut-être sur le point d’éclater de rire.

— William ?…

— Il s’est tiré une balle de revolver dans…

Deux mains fiévreuses saisirent brusquement les poignets de Maigret tandis que Mme Crosby se mettait à le questionner en anglais avec véhémence.

Puis soudain elle eut un grand frisson, lâcha le commissaire, recula d’un pas.

— Je suis obligé, madame, de vous annoncer que votre mari est mort, voilà deux heures, dans la villa de Saint-Cloud…

Elle ne s’occupa même plus de lui. Elle traversa le salon de thé à grands pas, sans un regard à Edna et à son compagnon, se précipita dans le hall, et, nu-tête, sans rien dans les mains, elle gagna la rue.

Le portier lui demanda :

— Une voiture ?

Mais elle avait déjà pénétré dans un taxi et elle criait au chauffeur :

— A Saint-Cloud… Vite !…

Maigret négligea de la suivre, reprit son manteau au vestiaire et, comme un autobus passait dans la direction de la Cité, il sauta sur la plate-forme.

— On ne m’a pas demandé au téléphone ? questionna-t-il en s’arrêtant devant le garçon de bureau.

— Vers deux heures… Il y a une note sur votre bureau…

La note disait :

Communication de l’inspecteur Janvier au commissaire Maigret.

Essayage chez tailleur. Dîner restaurant boulevard Montparnasse. A deux heures, Radek prend son café à la Coupole. A téléphoné deux fois.


Et depuis deux heures de l’après-midi ?

Maigret s’enfonça dans son fauteuil, après avoir fermé à clé la porte de son bureau. Il fut très étonné de se réveiller soudain alors que sa montre marquait dix heures et demie.

— On ne m’a pas appelé au téléphone ?

— Vous étiez là ? Je vous croyais sorti ! Le juge Coméliau vous a appelé deux fois…

— Et Janvier ?

— Non !…

Une demi-heure plus tard, Maigret pénétrait au bar de la Coupole, où il chercha en vain Radek et l’inspecteur. Il entraîna le barman à l’écart.

— Le Tchèque est revenu ?…

— Il a passé l’après-midi ici, en compagnie de votre ami… Vous savez, le jeune homme en imperméable…

— A la même table ?

— Dans ce coin-ci, tenez !… Ils ont bu pour le moins quatre whiskies chacun…

— Quand sont-ils partis ?

— D’abord ils ont dîné à la brasserie…

— Ensemble ?

— Ensemble… Ils ont dû sortir vers dix heures…

— Vous ne savez pas où ils sont allés ?

— Demandez au chasseur… C’est lui qui a fait avancer un taxi…

Le chasseur se souvint.

— Tenez ! c’est ce taxi bleu, qui a l’habitude de stationner ici… Ils n’ont pas dû aller loin car le voilà déjà revenu…

Et le chauffeur annonçait l’instant d’après :

— Les deux clients ?… Je les ai conduits au Pélican, rue des Ecoles…

— Allez-y !…

Maigret pénétra au Pélican avec son air le plus hargneux, rabroua le chasseur puis le garçon qui voulait le conduire dans la grande salle.

Au bar, parmi un grouillement de petites femmes et de fêtards, il trouva les deux hommes qu’il cherchait, perchés, dans un coin, sur de hauts tabourets.

Il ne lui fallut qu’un coup d’œil pour s’apercevoir que Janvier avait les yeux luisants, le teint trop animé.

Radek, lui, était plutôt sombre et contemplait son verre.

Maigret s’approcha sans hésiter, tandis que l’inspecteur, manifestement ivre, lui adressait des signes qui voulaient dire : « Tout va bien … Laissez-moi faire !… Ne vous montrez pas… »

Le commissaire se campa près des deux hommes. Le Tchèque, la langue pâteuse, murmura :

— Tiens !… Vous revoilà !…

Janvier gesticulait toujours d’une façon qu’il croyait à la fois très discrète et très éloquente.

— Qu’est-ce que vous buvez, commissaire ?

— Dites donc, Radek…

— Barman ! La même chose pour Monsieur…

Et le Tchèque avala la mixture qu’il avait devant lui, soupira :

— J’écoute !… Tu écoutes aussi, hein, Janvier ?…

En même temps il donnait une bourrade à l’inspecteur.

— Il y a longtemps que vous n’êtes pas allé à Saint-Cloud ? prononça lentement Maigret.

— Moi ?… Ha ! ha ! Le farceur !…

— Vous savez qu’il y a un cadavre de plus ?…

— Bonne affaire pour les fossoyeurs… A votre santé, commissaire…

Il ne jouait pas la comédie. Il était ivre, moins que Janvier certes, mais suffisamment quand même pour avoir les yeux hors de la tête et pour devoir se raccrocher à la barre d’appui.

— Qui est-ce, le veinard ?

— William Crosby…

L’espace de quelques secondes, Radek parut lutter contre son ivresse, comme s’il se fût aperçu soudain de la gravité de cette minute.

Puis il ricana, en se renversant en arrière et en faisant signe au barman de remplir les verres.

— Alors, tant pis pour vous…

— Ce qui veut dire ?…

— Que vous ne comprendrez pas, mon vieux !… Moins que jamais !… Je vous l’ai annoncé dès le début… Et maintenant, laissez-moi vous proposer une bonne chose… On est déjà d’accord, Janvier et moi… Votre consigne est de me suivre… Moi, je m’en f… ! Seulement, au lieu de marcher bêtement l’un derrière l’autre en se faisant des farces, je trouve plus intelligent de s’amuser ensemble… Vous avez dîné ?… Eh bien ! comme on ne sait jamais ce qui nous attend demain, je propose de rigoler une bonne fois… C’est plein de jolies femmes, ici… On va en choisir chacun une… Janvier a déjà fait des propositions à la petite brune, là-bas… Moi, j’hésite encore… Bien entendu, c’est moi qui paie…

Qu’est-ce que vous en dites ?…

Il regarda le commissaire, qui leva les yeux vers lui. Et Maigret ne trouva plus trace d’ivresse sur le visage de son compagnon.

C’étaient à nouveau les prunelles brillantes d’intelligence aiguë qui le regardaient avec une ironie transcendante, comme si vraiment Radek eût été en proie à la plus intense des jubilations.

IX


Lendemain

Il était huit heures du matin. Maigret, qui avait quitté Radek et Janvier quatre heures plus tôt, buvait du café noir, tandis que lentement, avec des pauses entre chaque phrase, il écrivait à gros jambages écrasés :

7 juillet. - A minuit, Joseph Heurtin boit quatre verres d’alcool au Pavillon-Bleu, de Saint-Cloud, et laisse tomber un billet de chemin de fer de troisième classe.

A deux heures et demie, Mme Henderson et sa femme de chambre sont assassinées à coups de couteau et les traces laissées par le meurtrier sont celles de Heurtin.

A quatre heures, celui-ci rentre chez lui, rue Monsieur-le-Prince.

8 juillet. - Heurtin fait son travail comme d’habitude.

9 juillet. - Grâce aux empreintes de ses chaussures, il est arrêté chez son patron, rue de Sèvres. Il ne nie pas être allé à Saint-Cloud. Il déclare qu’il n’a pas tué.

2 octobre. - Joseph Heurtin, qui nie toujours, est condamné à mort.

15 octobre. - Il s’échappe de la Santé suivant le plan combiné par la police, erre toute la nuit à travers Paris, échoue à la Citanguette, où il s’endort.

16 octobre. - Les journaux du matin annoncent l’évasion, sans commentaire.

A dix heures, un inconnu, au bar de la Coupole, compose une lettre adressée au Sifflet et révélant la complicité de la police dans l’événement. Cet homme est étranger, écrit volontairement de la main gauche et est vraisemblablement atteint d’une maladie incurable.

A six heures du soir, Heurtin se lève. L’inspecteur Dufour, qui veut lui prendre le journal qu’il tient à la main, est frappé d’un coup de siphon. Heurtin profite du désarroi, éteint la lumière et prend la fuite tandis que l’inspecteur affolé tire un coup de feu, sans résultat.

17 octobre. - A midi, William Crosby, sa femme et Edna Reichberg boivent l’apéritif au bar de la Coupole, où ils sont clients. Le Tchèque Radek consomme un café crème et du yogourt à une table. Les Crosby et Radek ne paraissent pas se connaître.

Dehors, Heurtin, exténué, affamé, attend quelqu’un.

Les Crosby sortent et il ne s’en inquiète pas.

Heurtin continue à attendre alors même que Radek est seul au bar.

A cinq heures, le Tchèque commande du caviar, refuse de payer et sort entre deux sergents de ville.

Dès qu’il est parti, Heurtin abandonne sa faction et se dirige vers la maison de ses parents, à Nandy.

Le même jour, vers neuf heures du soir, Crosby change au bureau de l’Hôtel George-V une bank-note de cent dollars et glisse les liasses de billets français dans sa poche.

Il assiste en compagnie de sa femme à une soirée de bienfaisance au Ritz, rentre vers trois heures du matin, ne quitte plus son appartement.

18 octobre. - A Nandy, Heurtin s’est glissé dans une remise où sa mère le trouve et le cache.

A neuf heures, son père soupçonne sa présence, le rejoint et lui ordonne de s’en aller à la nuit.

A dix heures, Heurtin tente de se suicider en se pendant dans cette même remise.

A Paris, Radek est relâché par le commissaire de police de Montparnasse vers sept heures. Il se débarrasse par ruse de l’inspecteur Janvier qui le suit, se rase et change quelque part de chemise, bien qu’il n’ait pas un centime en poche.

A dix heures, il entre ostensiblement à la Coupole, exhibe un billet de mille francs, s’installe.

Un peu plus tard, voyant Maigret, il l’appelle, l’invite à déguster du caviar et, sans y être invité, parle de l’affaire Henderson, affirme que la police n’y comprendra jamais rien.

Or jamais la police n’a prononcé le nom de Henderson devant lui.

Spontanément il jette sur la table dix liasses de billets de cent francs en précisant que, neufs, ils sont facilement identifiables.

William Crosby, rentré chez lui à trois heures du matin, n’a pas encore quitté sa chambre. Et pourtant les billets sont ceux qui lui ont été remis la veille au soir par l’employé de l’Hôtel George-V en échange de la bank-note.

L’inspecteur Janvier reste à la Coupole pour surveiller Radek. Après le déjeuner, le Tchèque l’invite à boireet donne deux coups de téléphone.

A quatre heures, il y a un homme dans la villa de Saint-Cloud, qui est pourtant abandonnée depuis l’enterrement de Mme Henderson et de sa femme de chambre. C’est William Crosby. Il se tient au premier étage. Il entend des bruits de pas dans le jardin. Par la fenêtre, il doit reconnaître Maigret.

Et il se cache. Il fuit à mesure que Maigret avance. Il monte au second étage. Il est refoulé de pièce en pièce et, acculé dans une chambre sans issue, il ouvre la fenêtre, s’assure qu’aucune fuite n’est possible, se tire une balle dans la bouche.

Mme Crosby et Edna Reichberg dansent au salon de thé de l’Hôtel George-V.

Radek a invité l’inspecteur Janvier à dîner, puis à boire dans un établissement du Quartier latin.

Ils sont ivres quand Maigret les rejoint vers onze heures du soir et, jusqu’à quatre heures, Radek se complaît à entraîner ses compagnons de bar en bar, à les faire boire et à boire lui-même, se montrant tantôt ivre, tantôt lucide, lançant des phrases volontairement ambiguës et répétant que la police ne démêlera jamais l’affaire Henderson.

A quatre heures, il a invité deux femmes à sa table. Il a insisté pour que ses compagnons en fassent autant et, comme ils refusent, il pénètre avec elles dans un hôtel du boulevard Saint-Germain.

19 octobre. - A huit heures du matin, le bureau de l’hôtel répond :

— Les deux dames sont encore couchées. Leur ami vient de sortir. Il a payé.

Maigret était envahi par une lassitude qu’il avait rarement connue au cours d’une enquête. Il regarda vaguement les lignes qu’il venait de tracer et serra sans mot dire la main d’un collègue qui venait le saluer, lui fit signe de le laisser seul.

En marge, il nota : « Etablir l’emploi du temps de William Crosby de onze heures du matin jusqu’à quatre heures dans la journée du 19 octobre. »

Puis brusquement, le front têtu, il décrocha le récepteur téléphonique, demanda la Coupole.

— Je voudrais savoir depuis combien de temps il n’est plus arrivé de correspondance au nom de Radek.

Cinq minutes plus tard, il avait la réponse.

— Au moins dix jours…

Il demanda ensuite le meublé où le Tchèque occupait une chambre.

— A peu près une semaine ! répondit-on à la même question.

Il attira un bottin de la main, chercha la liste des POP et appela au téléphone celui du boulevard Raspail.

— Avez-vous un abonné du nom de Radek ?… Non ?… Il doit se faire adresser son courrier à des initiales… Ici la police… Ecoutez, mademoiselle… C’est un étranger, assez mal habillé, avec des cheveux roux très longs et crépus… Vous dites ?… Les initiales M. V. ?… Quand a-t-il reçu une lettre pour la dernière fois ?… Oui, informez-vous… J’attends… Ne coupez pas, s’il vous plaît…

On frappa à la porte. Il cria, sans se retourner :

— Entrez !…

— Allô, oui… Vous dites ?… Hier matin, vers neuf heures ?… La lettre est arrivée par la poste ?… Merci… Pardon ! Un moment… Elle était assez volumineuse, n’est-ce pas, comme si elle eût contenu une liasse de billets de banque…

— Pas trop mal !… grommela une voix derrière Maigret.


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