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Simenon, Georges - Le chien jaune

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Название:
Le chien jaune
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неизвестно
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неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - Le chien jaune

Simenon, Georges - Le chien jaune краткое содержание

Simenon, Georges - Le chien jaune - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

En ce vendredi 7 novembre, à Concarneau, quand l'horloge lumineuse indique onze heures, toutes les routes sont désertes. Mais à l'hôtel l'Amiral, il y a encore des hommes en train de jouer aux cartes. Cinq minutes plus tard, l'un des joueurs, M. Mostaguen sort ivre de l'hôtel, avance d'environ 200 mètres, s'arrête sur le seuil d'une maison, allume son cigare puis tombe en arrière, blessé par une balle. Malgré l'arrivée de Maigret, les crimes se succèdent et, à chaque meurtre, on constate la présence d'un étrange chien jaune sur les lieux...

Le chien jaune читать онлайн бесплатно

Le chien jaune - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

Le maire le regarda avec étonnement, dit en saisissant son verre :

— Si bien que vous prétendez…

— Qu’on a voulu le blesser à la jambe… Du moins jusqu’à preuve du contraire…

— A-t-on voulu atteindre M. Mostaguen à la jambe aussi ?

L’ironie perçait. Les narines du vieillard frémissaient. Il voulait être poli, rester calme, parce qu’il était chez lui. Mais il y avait un sifflement désagréable dans sa voix.

Maigret, avec l’air d’un bon fonctionnaire qui rend des comptes à un supérieur, poursuivit :

— Si vous le voulez bien, nous allons reprendre mes notes une à une… Je lis à la date du vendredi 7 novembre :

Une balle est tirée par la boîte aux lettres d’une maison inhabitée dans la direction de M. Mostaguen.

Vous remarquerez tout d’abord que personne, pas même la victime, ne pouvait savoir qu’à un moment donné M. Mostaguen aurait l’idée de s’abriter sur un seuil pour allumer son cigare… Un peu de vent en moins et le crime n’avait pas lieu !… Or, il y avait néanmoins un homme armé d’un revolver derrière la porte… Ou bien c’était un fou, ou bien il attendait quelqu’un qui devait venir… Maintenant, souvenez-vous de l’heure !… Onze heures du soir… Toute la ville dort, hormis le petit groupe du Café de l’Amiral…

Je ne conclus pas. Voyons les coupables possibles. MM. Le Pommeret et Jean Servières, ainsi qu’Emma, sont hors de cause, puisqu’ils se trouvaient dans le café.

Restent le docteur Michoux, sorti un quart d’heure plus tôt, et le vagabond aux empreintes formidables. Plus un inconnu que nous appellerons Ixe. Nous sommes d’accord ?

Ajoutons en marge que M. Mostaguen n’est pas mort et que dans quinze jours il sera sur pied.

Passons au deuxième drame. Le lendemain samedi, je suis au café avec l’inspecteur Leroy. Nous allons prendre l’apéritif avec MM. Michoux, Le Pommeret et Jean Servières, quand le docteur est pris de soupçon en regardant son verre. L’analyse prouve que la bouteille de pernod est empoisonnée.

Coupables possibles : MM. Michoux, Le Pommeret, Servières, la fille de salle Emma, le vagabond – qui a pu, au cours de la journée, pénétrer dans le café sans être vu – et enfin notre inconnu, que nous avons désigné sous le nom d’Ixe.

Continuons. Le dimanche matin, Jean Servières a disparu. Sa voiture est retrouvée, sanglante, non loin de chez lui. Avant même cette découverte, le Phare de Brest a reçu un compte rendu des événements bien fait pour semer la panique à Concarneau.

Or, Servières est venu à Brest d’abord, à Paris ensuite, où il semble se cacher et où il se trouve évidemment de son plein gré.

Un seul coupable possible : Servières lui-même.

Le même dimanche, M. Le Pommeret prend l’apéritif avec le docteur, rentre chez lui, y dîne et meurt après des suites d’un empoisonnement par la strychnine.

Coupables possibles : au café, si c’est là qu’il a été empoisonné, le docteur, Emma, et enfin notre Ixe.

Ici, en effet, le vagabond doit être mis hors de cause, car la salle n’a pas été vide un seul instant et ce n’est plus la bouteille qui a été empoisonnée, mais un seul verre.

Si le crime a été commis dans la maison de Le Pommeret, coupables possibles : sa logeuse, le vagabond et notre Ixe sempiternel.

Ne vous impatientez pas… Nous arrivons au bout… Ce soir, un douanier reçoit une balle dans la jambe alors qu’il passe dans une rue déserte… Le docteur n’a pas quitté la prison, où il est surveillé de près… Le Pommeret est mort… Servières est à Paris entre les mains de la Sûreté générale… Emma et le vagabond, à la même heure, sont occupés, sous mes yeux, à s’étreindre, puis à dévorer un poulet…

Donc, un seul coupable possible : Ixe…

C’est-à-dire un individu que nous n’avons pas encore rencontré au cours des événements… Un individu qui peut avoir tout fait comme il peut n’avoir commis que ce dernier crime…

Celui-là, nous ne le connaissons pas. Nous n’avons pas son signalement… Une seule indication : il avait intérêt, cette nuit, à provoquer un drame… Un intérêt puissant… Car ce coup de feu n’a pas été tiré par un rôdeur.

Maintenant, ne me demandez pas de l’arrêter… Car vous conviendrez, monsieur le maire, que chacun dans la ville, que tous ceux surtout qui connaissent les principaux personnages mêlés à cette histoire et qui, en particulier, fréquentent au Café de l’Amiral, sont susceptibles d’être cet Ixe…

Vous-même…


Ces derniers mots furent dits d’un ton léger en même temps que Maigret se renversait dans son fauteuil, étendait les jambes vers les bûches.

Le maire n’avait eu qu’un tressaillement.

— J’espère que ce n’est qu’une petite vengeance…

Alors Maigret se leva soudain, secoua sa pipe dans le foyer, prononça en arpentant la bibliothèque :

— Même pas ! Vous voulez des conclusions ? Eh bien ! en voilà… J’ai tenu simplement à vous montrer qu’une affaire comme celle-ci n’est pas une simple opération de police qu’on dirige de son fauteuil à coups de téléphone… Et j’ajouterai, monsieur le maire, avec tout le respect que je vous dois, que quand je prends la responsabilité d’une enquête, je tiens avant tout à ce qu’on me f… la paix !

C’était sorti tout à trac. Il y avait des jours que cela couvait. Maigret, peut-être pour se calmer, but une gorgée de whisky, regarda la porte en homme qui a dit ce qu’il avait à dire et qui n’attend plus que la permission de s’en aller.

Son interlocuteur resta un bon moment silencieux, à contempler la cendre blanche de son cigare. Il finit par la laisser tomber dans un bol de porcelaine bleue, puis il se leva lentement, chercha des yeux le regard de Maigret.

— Ecoutez-moi, commissaire…

Il devait peser ses mots, car ceux-ci étaient espacés par des silences.

— J’ai peut-être eu tort, au cours de nos brèves relations, de manifester quelque impatience…

C’était assez inattendu. Surtout dans ce cadre, où le vieillard avait l’air plus racé que jamais, avec ses cheveux blancs, son veston brodé de soie, son pantalon gris au pli rigide.

— Je commence à vous apprécier à votre juste valeur… En quelques minutes, à l’aide d’un simple résumé des faits, vous m’avez fait toucher du doigt le mystère angoissant, d’une complexité que je ne soupçonnais pas, qui est à la base de cette affaire… J’avoue que votre inertie en ce qui concerne le vagabond n’a pas été sans m’indisposer contre vous…

Il s’était approché du commissaire, dont il toucha l’épaule.

— Je vous demande de ne pas m’en tenir rigueur… J’ai de lourdes responsabilités, moi aussi…

Il eût été impossible de deviner les sentiments de Maigret, qui était occupé à bourrer une pipe de ses gros doigts. Sa blague à tabac était usée. Son regard errait à travers une baie sur le vaste horizon de la mer.

— Quelle est cette lumière ? questionna-t-il soudain.

— C’est le phare…

— Non ! Je parle de cette petite lumière à droite…

— La maison du docteur Michoux…

— La servante est donc revenue ?

— Non ! C’est Mme Michoux, la mère du docteur, qui est rentrée cet après-midi…

— Vous l’avez vue ?…

Maigret crut sentir une certaine gêne chez son hôte.

— C’est-à-dire qu’elle s’est étonnée de ne pas trouver son fils… Elle est venue s’informer ici… Je lui ai appris l’arrestation, en expliquant que c’était plutôt une mesure de protection… Car c’est bien cela, n’est-ce pas ?… Elle m’a demandé l’autorisation de lui rendre visite en prison… A l’hôtel, on ne savait pas ce que vous étiez devenu… J’ai pris sur moi de permettre cette visite…

Mme Michoux est revenue peu avant le dîner pour avoir les dernières nouvelles… C’est ma femme qui l’a reçue et qui l’a invitée à dîner…

— Elles sont amies ?

— Si vous voulez ! Plus exactement, des relations de bon voisinage… L’hiver, il y a très peu de monde à Concarneau…

Maigret reprenait sa promenade à travers la bibliothèque.

— Vous avez donc dîné à trois ?…

— Oui… C’est arrivé assez souvent… J’ai rassuré comme je l’ai pu Mme Michoux, qui était très impressionnée par cette démarche à la gendarmerie… Elle a eu beaucoup de mal à élever son fils, dont la santé n’est pas brillante…

— Il n’a pas été question de Le Pommeret et de Jean Servières ?…

— Elle n’a jamais aimé Le Pommeret… Elle l’accusait d’entraîner son fils à boire… Le fait est que…

— Et Servières ?

— Elle le connaissait moins… Il n’appartenait pas au même monde… Un petit journaliste, une relation de café, si vous voulez, un garçon amusant… Mais, par exemple, on ne peut pas recevoir sa femme, dont le passé n’est pas irréprochable… C’est la petite ville, commissaire !… Il faut vous résigner à des distinctions… Elles vous expliquent en partie mes humeurs… Vous ignorez ce que c’est d’administrer une population de pêcheurs tout en tenant compte des susceptibilités des patrons et enfin d’une certaine bourgeoisie qui…

— A quelle heure Mme Michoux est-elle partie d’ici ?

— Vers dix heures… Ma femme l’a reconduite en voiture.

— Cette lumière nous prouve que Mme Michoux n’est pas encore couchée…

— C’est son habitude… La mienne aussi !… A un certain âge, on n’a plus besoin de beaucoup de sommeil… Très tard dans la nuit, je suis encore ici à lire, ou à feuilleter des dossiers…

— Les affaires des Michoux sont prospères ?

Nouvelle gêne, à peine marquée.

— Pas encore… Il faut attendre que les Sables-Blancs soient mis en valeur… Etant donné les relations de Mme Michoux à Paris, cela ne tardera pas… De nombreux lots sont vendus… Au printemps, on commencera à bâtir… Au cours du voyage qu’elle vient de faire, elle a à peu près décidé un banquier dont je ne puis vous dire le nom à construire une magnifique villa au sommet de la côte…

— Une question encore, monsieur le maire… A qui appartenaient auparavant les terrains qui font l’objet du lotissement ?

Son interlocuteur n’hésita pas.

— A moi ! C’est un bien de famille, comme cette villa. Il n’y poussait que de la bruyère et des genêts quand les Michoux ont eu l’idée…

A ce moment, la lumière au loin s’éteignit.

— Encore un verre de whisky, commissaire ?… Bien entendu, je vous ferai reconduire par mon chauffeur…

— Vous êtes trop aimable. J’adore marcher, surtout quand je dois réfléchir…

— Que pensez-vous de cette histoire de chien jaune ?… Je confesse que c’est peut-être ce qui me déroute le plus… Ça et le pernod empoisonné !… Car enfin…

Mais Maigret cherchait son chapeau et son manteau autour de lui. Le maire ne put que pousser le bouton électrique.

— Les vêtements du commissaire, Delphin !

Le silence fut si absolu qu’on entendit le bruit sourd, scandé, du ressac sur les rochers servant de base à la villa.

— Vous ne voulez vraiment pas ma voiture ?…

— Vraiment…

Il restait dans l’atmosphère comme des lambeaux de gêne qui ressemblaient aux lambeaux de fumée de tabac s’étirant autour des lampes.

— Je me demande ce que va être demain l’état d’esprit de la population… Si la mer est belle, du moins aurons-nous les pêcheurs en moins dans les rues, car ils en profiteront pour aller poser leurs casiers…

Maigret prit son manteau des mains du maître d’hôtel, tendit sa grosse main. Le maire avait encore des questions à poser, mais il hésitait, à cause de la présence du domestique.

— Combien de temps croyez-vous qu’il faille désormais pour…

L’horloge marquait une heure du matin.

— Ce soir, j’espère que tout sera fini…

— Si vite ?… Malgré ce que vous m’avez dit tout à l’heure ?… Dans ce cas, vous comptez sur Goyard ?… A moins que…

Il était trop tard. Maigret s’engageait dans l’escalier. Le maire cherchait une dernière phrase à prononcer. Il ne trouvait rien qui traduisît son sentiment.

— Je suis confus de vous laisser rentrer à pied… par ces chemins…

La porte se referma. Maigret était sur la route avec, au-dessus de sa tête, un beau ciel aux nuages lourds qui jouaient à passer au plus vite devant la lune.

L’air était vif. Le vent venait du large, sentait le goémon dont on devinait les gros tas noirs sur le sable de la plage.

Le commissaire marcha lentement, les mains dans les poches, la pipe aux dents. Il vit de loin, en se retournant, les lumières s’éteindre dans la bibliothèque, puis d’autres qui s’allumaient au second étage, où les rideaux les étouffèrent…

Il ne prit pas à travers la ville, mais longea la côte, comme le douanier l’avait fait, s’arrêta un instant à l’angle où l’homme avait été blessé. Tout était calme. Un réverbère, de loin en loin. Concarneau dormait.

Quand il arriva sur la place, il vit les baies du café qui étaient encore éclairées et qui troublaient la paix de la nuit de leur halo vénéneux.

Il poussa la porte. Un journaliste dictait, au téléphone :

— … On ne sait plus qui soupçonner. Les gens, dans les rues, se regardent avec angoisse. Peut-être est-ce celui-ci le meurtrier ? Peut-être celui-là ? Jamais atmosphère de mystère et de peur ne fut si épaisse…

Le patron, lugubre, était lui-même à sa caisse. Quand il aperçut le commissaire, il voulut parler. On devinait d’avance ses récriminations.

Le café était en désordre. Il y avait des journaux sur toutes les tables, des verres vides, et un photographe était occupé à faire sécher des épreuves sur le radiateur.

L’inspecteur Leroy s’avança vers son chef.

— C’est Mme Goyard… dit-il à mi-voix en désignant une femme grassouillette affalée sur la banquette.

Elle se levait. Elle s’essuyait les yeux.

— Dites, commissaire !… Est-ce vrai ?… Je ne sais plus qui croire… Il paraît que Jean est vivant ?… Mais ce n’est pas possible, n’est-ce pas, qu’il ait joué cette comédie !… Il ne m’aurait pas fait ça !… Il ne m’aurait pas laissée dans une pareille inquiétude !… Il me semble que je deviens folle !… Qu’est-ce qu’il serait allé faire à Paris ?… Dites !… Et sans moi !

Elle pleurait. Elle pleurait comme certaines femmes savent pleurer, à grand renfort de larmes fluides qui roulaient sur ses joues, coulaient jusqu’à son menton tandis que sa main pressait un sein charnu.

Et elle reniflait. Elle cherchait son mouchoir. Elle voulait parler par surcroît.

— Je vous jure que ce n’est pas possible !… Je sais bien qu’il était un peu coureur… Mais il n’aurait pas fait ça !… Quand il revenait, il me demandait pardon… Comprenez-vous ?… Ils disent…


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