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Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin

На электронном книжном портале my-library.info можно читать бесплатно книги онлайн без регистрации, в том числе Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. В онлайн доступе вы получите полную версию книги с кратким содержанием для ознакомления, сможете читать аннотацию к книге (предисловие), увидеть рецензии тех, кто произведение уже прочитал и их экспертное мнение о прочитанном.
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Название:
La danseuse du Gai-Moulin
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16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin

Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin краткое содержание

Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

Deux jeunes noceurs endettés – un bourgeois désaxé et le fils d'un employé – fréquentent à Liège « Le Gai-Moulin », une boîte de nuit où ils courtisent l'entraîneuse Adèle. A la fin d'une soirée qu'elle a passée, à une table voisine des jeunes gens, en compagnie d'un Levantin arrivé le jour même dans la ville, Delfosse et Chabot se laissent enfermer dans la cave de l'établissement afin de s'emparer de la recette. Dans l'obscurité, ils entr'aperçoivent ce qu'ils croient être un cadavre, celui du Levantin ; ils prennent la fuite. Le lendemain, émoi dans la presse : le corps d'Ephraïm Graphopoulos, le client de passage, est découvert à l'intérieur d'une manne d'osier abandonnée dans un jardin public. L'enquête aboutit rapidement à l'arrestation des deux jeunes gens. Mais il y a un troisième suspect : un autre client de passage, un Français, également présent au « Gai-Moulin » le soir du meurtre.


[http://www.amazon.fr/Danseuse-du-Gai-Moulin-Georges-Simenon/dp/2253142549](http://www.amazon.fr/Danseuse-du-Gai-Moulin-Georges-Simenon/dp/2253142549)


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La danseuse du Gai-Moulin - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

— Tiens ! dit-elle à Delfosse. Ton ami n’est pas ici ? Je l’ai vu cet après-midi. Il est venu chez moi. Quel drôle de type ! Tu permets que je me déshabille ?…

Elle laissa son manteau derrière le comptoir, où elle échangea quelques mots avec le patron, revint vers le jeune homme, à côté de qui elle s’assit.

— Deux verres… Tu es avec quelqu’un ?

— Avec Jean.

— Où est-il ?

— Là-bas…

Il désignait la porte du regard.

— Ah ! bon. Qu’est-ce qu’il fait, son père ?

— Il est comptable, dans une compagnie d’assurances, je crois…

Elle ne dit rien. Cela lui suffisait. C’était bien ce qu’elle avait pensé.

— Pourquoi ne viens-tu plus avec ton auto ?

— C’est l’auto de mon père. Je n’ai pas de permis de conduire. Alors, je ne la prends que quand il est en voyage. La semaine prochaine, il partira dans les Vosges. Si vous… si tu veux qu’on fasse une balade tous les deux… Jusqu’à Spa, par exemple ?…

— Qui est-ce, ce type-là ?… Il n’est pas de la police ?…

— Je ne sais pas… balbutia-t-il en rougissant.

— Il a une tête qui ne me revient pas… Dis donc ! tu es sûr que ton ami n’est pas évanoui ?… Victor !… Un sherry… Tu ne danses pas ?… C’est pas que j’y tienne, mais le patron aime qu’il y ait de l’animation…

Il y avait vingt minutes que Chabot avait disparu. Delfosse dansa si mal qu’au milieu de la danse ce fut Adèle qui se mit d’autorité à conduire.

— Tu permets ?… Je vais voir ce qu’il devient…

Il poussa la porte des lavabos. Jean n’y était pas. Par contre, la préposée rangeait sur une serviette les objets de toilette.

— Vous n’avez pas vu mon ami ?

— Non… Je viens d’arriver…

— Par la petite porte ?

— Comme toujours !

Il l’ouvrit. La ruelle était déserte, pluvieuse et froide, piquée du feu clignotant d’un seul bec de gaz.


IV


Les fumeurs de pipe

Ils étaient quatre, dans l’immense local où des tables couvertes de papier buvard servaient de bureau. Les lampes avaient des abat-jour en carton vert. Les portes étaient ouvertes sur des pièces vides.

C’était le soir. Il n’y avait que ceux de la Sûreté à attendre, en fumant des pipes. Un grand roux, le commissaire Delvigne, était assis au bord d’une table et tortillait de temps en temps ses moustaches. Un jeune inspecteur faisait des dessins sur le buvard. Celui qui parlait était un petit homme râblé, qui venait évidemment de la campagne et qui était resté paysan des pieds à la tête.

— Sept francs pièce en les prenant par douze ! Des pipes qu’on paierait vingt francs dans n’importe quel magasin… Pas un défaut, hein !… C’est mon beau-frère qui est à la fabrique, à Arlon.

— On pourrait en commander deux douzaines, pour toute la brigade.

— C’est ce que j’ai écrit à mon beau-frère. À propos, lui qui est du métier m’a donné un tuyau épatant pour culotter les pipes…

Le commissaire balançait une jambe dans le vide. Tout le monde suivait attentivement la conversation. Tout le monde fumait. Dans la lumière crue des lampes, on voyait s’étirer des nuages bleuâtres.

— Au lieu de la bourrer n’importe comment, vous saisissez le fourneau comme ceci…

La porte s’ouvrit. Un homme entra, qui en poussait un autre devant lui. Le commissaire jeta un coup d’œil vers les nouveaux arrivants, questionna de loin :

— C’est toi, Perronet ?

— C’est moi, chef !

Et, au spécialiste des pipes :

— Dépêche-toi…

On laissait le jeune homme debout près de la porte et il dut écouter tout le discours sur la façon de culotter les pipes.

— Tu en veux une aussi ? demanda-t-on à Perronet. Des pipes en racine de bruyère véritable pour sept francs, grâce à mon beau-frère qui est contremaître à Arlon…

Et le commissaire, sans changer de place, lança :

— Avancez un peu, mon garçon !

C’était Jean Chabot, exsangue, les yeux si fixes qu’on pouvait craindre une crise de nerfs. Les autres le regardaient, tout en fumant, tout en échangeant encore quelques phrases entre eux. Et, même, une plaisanterie les fit rire.

— Où l’as-tu pincé, Perronet ?

— Au Gai-Moulin… Et au bon moment !… Juste comme il allait jeter des billets de cent dans les cabinets.

Cela n’étonna personne. Le commissaire chercha autour de lui.

— Qui veut remplir les feuilles ?

Le plus jeune se mit à une table, prit du papier avec des formules imprimées.

— Nom, prénoms, âge, profession, adresse, condamnations antérieures… Allons ! répondez…

— Chabot, Jean-Joseph-Émile, employé, 53, rue de la Loi…

— Pas de condamnations ?

— Non !

Les mots sortaient difficilement de la gorge trop serrée.

— Le père ?

— Chabot, Émile, comptable…

— Jamais condamné non plus ?

— Jamais !

— La mère ?

— Élisabeth Doyen, quarante-deux ans…

Personne n’écoutait. C’était la partie administrative de l’interrogatoire. Le commissaire à moustaches rousses allumait lentement une pipe d’écume, se levait, faisait quelques pas de long en large, demandait à quelqu’un :

— On s’est occupé du suicide du quai de Coronmeuse ?

— Gerbert y est !

— Bon ! À vous, jeune homme… Et, si vous voulez un bon conseil, n’essayez pas de faire le malin !… Vous étiez hier soir au Gai-Moulin en compagnie d’un certain Delfosse, dont nous nous occuperons plus tard… À vous deux, vous n’aviez pas de quoi payer vos consommations et vous en deviez des jours précédents… Est-ce exact ?

Jean Chabot ouvrit la bouche, la referma sans avoir rien dit.

— Vos parents ne sont pas riches. Vous ne gagnez pas grand-chose. N’empêche que vous menez une vie de bâton de chaise… Vous devez de l’argent un peu partout… Est-ce vrai ?

Le jeune homme baissa la tête et continua à sentir les regards des cinq hommes braqués sur lui. Le ton du commissaire était condescendant, avec une pointe de mépris.

— Même au marchand de tabac ! Car, hier, vous lui deviez encore de l’argent… On connaît ça ! Des petits jeunes gens qui veulent jouer au noceur et qui n’en ont pas les moyens… Combien de fois avez-vous chipé de l’argent dans le portefeuille de votre père ?…

Jean devint cramoisi. Cette phrase, c’était pis qu’une gifle ! Et, le plus terrible, c’est qu’elle était à la fois juste et injuste.

Dans le fond, tout ce que disait le commissaire était vrai. Mais la vérité, présentée ainsi, sous un jour aussi cru, sans la moindre nuance, n’était presque plus la vérité.

Chabot avait commencé par boire des demis avec des amis, au Pélican. Il s’était habitué à en boire tous les soirs, parce que c’était là qu’on se rencontrait et qu’on créait une chaude atmosphère de camaraderie.

L’un payait sa tournée, l’autre la sienne. Des tournées qui revenaient de six à dix francs.

L’heure était si agréable ! Après le bureau, après les semonces du premier clerc, être là, dans le café le plus luxueux de la ville, à regarder passer les gens rue du Pont-d’Avroy, à serrer des mains, à voir de jolies femmes qui parfois venaient s’asseoir à la même table.

Tout Liège ne leur appartenait-il pas ?

Delfosse payait plus de tournées que les autres, parce qu’il avait le plus d’argent en poche.

— On va au Gai-Moulin, ce soir ?… Il y a une danseuse épatante…

C’était encore plus grisant. Les banquettes grenat. L’atmosphère lourde et chaude, parfumée, avec la musique, la familiarité de Victor et surtout la familiarité des femmes aux épaules nues qui relevaient leur robe pour tendre leurs bas.

Alors, peu à peu, cela devenait un besoin. Une fois, une seule, parce qu’il ne voulait pas toujours laisser payer les autres, Jean avait pris de l’argent, non pas chez lui, mais dans la petite caisse. Il avait compté plus cher une série d’envois recommandés… Vingt francs à peine !

— Je n’ai jamais volé mon père.

— Il est vrai qu’il ne doit pas avoir beaucoup à voler !… J’en reviens à la soirée d’hier… Vous êtes tous les deux au Gai-Moulin… Vous n’avez pas le sou… Et vous offrez encore à boire à une danseuse !… Donnez-moi vos cigarettes…

Le jeune homme tendit son paquet sans comprendre.

— Des Luxor à bout de liège… C’est bien ça, Dubois ?

— C’est cela même !

— Bon ! Il y a dans l’établissement un homme qui paraît riche, qui boit du champagne, qui doit avoir un portefeuille bien garni… Contre votre habitude, vous sortez par la petite porte… Or, aujourd’hui, on a retrouvé dans l’escalier de la cave, près de cette issue, deux bouts de cigarettes et des traces de piétinements qui tendraient à prouver qu’au lieu de sortir réellement vous vous êtes cachés là… L’étranger a été tué… Au Gai-Moulin où ailleurs… Son portefeuille a été volé… De même, d’ailleurs, que son étui à cigarettes en or… Aujourd’hui, vous payez vos dettes !… Et, ce soir, vous essayez, vous sentant traqué, de jeter de l’argent dans les W-C…

Tout cela était dit sur un ton indifférent, comme si le commissaire eût à peine pris cette affaire au sérieux.

— Et voilà, jeune homme, comment on tourne mal !… Mettez-vous à table ! C’est ce que vous avez de mieux à faire… On pourra peut-être vous en tenir compte…

Sonnerie de téléphone. Tout le monde se tut, sauf un inspecteur qui décrocha.

— Allô ! oui… Bon !… Dites-lui que le fourgon passera tout à l’heure…

Et, aux autres, après avoir raccroché :

— C’est pour la bonniche qui s’est suicidée… Les patrons ont hâte de voir partir le corps…

Chabot regardait fixement le plancher sale. Il serrait les dents si fort qu’on ne les eût pas desserrées avec la lame d’un couteau.

— Où avez-vous attaqué Graphopoulos ?… Dans la boîte de nuit ?… À la sortie ?…

— Ce n’est pas vrai ! râla Jean. Je vous jure, sur la tête de mon père…

— Ça va ! Laissez votre père tranquille ! Son cas n’est déjà pas drôle comme ça…

Et ces mots déclenchèrent un tremblement convulsif. Jean regarda autour de lui avec épouvante. Il réalisait seulement sa situation. Il comprenait que, dans une heure ou deux, ses parents seraient au courant !

— Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas vrai ! Je ne veux pas ! hurla-t-il.

— Doucement, jeune homme !

— Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas !…

Et il se jeta sur un inspecteur qui était entre lui et la porte. La lutte fut courte. Le jeune homme ne savait même pas ce qu’il voulait. Il était hors de lui. Il criait. Il hoquetait. Et il finit par rouler par terre en gémissant toujours, en se tordant les bras.

Les autres le regardaient en fumant, en échangeant des coups d’œil.

— Un verre d’eau, Dubois !… Qui est-ce qui a du tabac ?…

Et le verre d’eau fut lancé au visage de Chabot, dont la crise nerveuse dégénéra en crise de larmes. Ses doigts essayaient de s’enfoncer dans sa gorge.

— Je ne veux pas !… Je ne veux pas !…

Le commissaire haussa les épaules, grommela :

— Tous les mêmes, ces sales gamins… Et tout à l’heure il faudra recevoir le père et la mère !…

L’ambiance n’était comparable qu’à celle d’un hôpital où des médecins sont réunis autour d’un patient qui se débat contre la mort.

Ils étaient cinq à entourer un jeune homme, un gamin. Cinq hommes dans la force de l’âge, qui en avaient vu d’autres et qui ne voulaient pas se laisser émouvoir.

— Allons ! lève-toi ! dit le commissaire avec impatience.

Et Chabot obéit docilement. Sa résistance était brisée.

La crise lui avait cassé les nerfs. Il regardait autour de lui avec effroi, comme une bête qui abandonne la lutte.

— Je vous en supplie…

— Dis-nous plutôt d’où vient l’argent !

— Je ne sais pas… Je vous jure… Je…

— Ne jure pas si souvent !

Le complet noir était plaqué de poussière. Et, en essuyant son visage de ses mains sales, Chabot traça sur ses joues des sillons gris.

— Mon père est déjà malade… Une maladie de cœur… Il a eu une crise, l’an dernier, et le médecin a recommandé d’éviter les émotions…

Il parlait d’une voix monotone. Il était abruti.

— Fallait pas faire de bêtises, mon petit !… Et maintenant tu ferais mieux de parler… Qui est-ce qui a frappé ?… Est-ce toi ?… Est-ce Delfosse ?… Encore un qui devait tourner mal, celui-là !… Et même, s’il y en a un à saler, ce sera sans doute lui…

Un nouveau policier entra, salua gaiement les autres, alla s’asseoir à sa table, où il feuilleta un dossier.

— Je n’ai pas tué… Je ne savais même pas…

— Bon ! J’admets que tu n’as pas tué…

Maintenant qu’il tutoyait le jeune homme, le commissaire se montrait plus paternel.

— Du moins sais-tu quelque chose… L’argent n’est pas venu tout seul dans ta poche… Tu n’en avais pas hier et tu en as aujourd’hui… Donnez-lui une chaise, vous autres…

Car on voyait nettement Chabot osciller. Il ne tenait plus debout. Il se laissa tomber sur la chaise à fond de paille, se prit la tête à deux mains.

— Ne te presse pas de répondre… Prends ton temps… Dis-toi bien que c’est encore le meilleur moyen de s’en tirer… D’ailleurs, tu n’as pas dix-sept ans… C’est devant le Tribunal pour enfants que tu passeras… Et tu ne risques guère que la maison de correction…

Une idée venait de frapper Chabot, qui regarda autour de lui avec des yeux moins troubles. Tour à tour, il fixa ses bourreaux. Il ne voyait personne parmi eux qui ressemblât à l’homme aux larges épaules…

Est-ce qu’il ne s’était pas trompé à son sujet ? L’inconnu était-il bien de la police ? N’était-ce pas plutôt lui l’assassin ? Il était au Gai-Moulin la veille. Il était resté après les deux jeunes gens !

Et, s’il les avait suivis, n’était-ce pas justement pour essayer de les faire arrêter à sa place ?

— Je crois que je comprends !… s’écria-t-il, pantelant d’espoir… Oui, je pense que je connais l’assassin… Un homme très grand, très fort, avec un visage rasé…

Le commissaire haussa les épaules. Mais Chabot ne se laissa pas désarçonner.

— Il est entré au Gai-Moulin presque tout de suite après le Turc… Il était tout seul… Aujourd’hui, je l’ai revu, alors qu’il me suivait… Et il est allé demander des renseignements sur moi à la légumière…

— Qu’est-ce qu’il raconte ?

L’inspecteur Perronet grommela :

— Je ne sais pas au juste. Mais, en effet, il y avait hier au Gai-Moulin un client que personne ne connaissait…

— Quand est-il sorti ?

Le commissaire regarda attentivement Chabot qui reprenait espoir, puis ne s’occupa plus de lui. C’était aux autres qu’il s’adressait maintenant.


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