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Simenon, Georges - Maigret et son mort

На электронном книжном портале my-library.info можно читать бесплатно книги онлайн без регистрации, в том числе Simenon, Georges - Maigret et son mort. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. В онлайн доступе вы получите полную версию книги с кратким содержанием для ознакомления, сможете читать аннотацию к книге (предисловие), увидеть рецензии тех, кто произведение уже прочитал и их экспертное мнение о прочитанном.
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Maigret et son mort
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неизвестно
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неизвестен
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16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - Maigret et son mort

Simenon, Georges - Maigret et son mort краткое содержание

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Maigret et son mort читать онлайн бесплатно

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— Eh bien ! Fred ?

— À votre disposition, monsieur le commissaire... Je ne m’attendais pas à ce que vous m’appeliez... Je ne vois rien qui...

Il était maigre, très pâle, d’une élégance un peu efféminée. De temps en temps, un pincement des narines trahissait l’intoxiqué.

— Tu ne le connais pas ?

— J’ai compris en arrivant, dès que j’ai aperçu les photos... On l’a sérieusement amoché, dites donc !

— Tu ne l’as jamais vu ?

On sentait que Fred faisait consciencieusement son métier d’indicateur. Il examinait les photographies avec attention, s’approchait même de la fenêtre pour les voir en pleine lumière.

— Non... Et cependant...

Maigret attendait en rechargeant son poêle.

— C’est non !... Je jurerais que je ne l’ai jamais vu... Encore qu’il me rappelle quelque chose... C’est vague... Il n’appartient pas au milieu, en tout cas… Même si c’était un nouveau, je l’aurais déjà rencontré...

— À quoi te fait-il penser ?

— C’est justement ce que je cherche... Vous ne connaissez pas son métier ?

— Non...

— Ni le quartier qu’il habitait ?

— Pas davantage...

— Ce n’est pas quelqu’un de la province non plus, cela se sent...

— J’en suis persuadé…

Maigret avait noté la veille que l’homme avait un accent parisien assez prononcé, l’accent du petit peuple, de ceux qu’on rencontre dans le métro, dans les bistrots de la périphérie, ou encore sur les gradins du Vel’ d’Hiv’.

Au fait... Une idée lui venait... Il la contrôlerait tout à l’heure...

— Tu ne connais pas non plus une certaine Nine ?

— Attendez... Il y en a une à Marseille, sous-maîtresse dans une maison de la rue Saint-Ferréol...

— Ce n’est pas celle-là, je la connais... Elle a cinquante ans pour le moins...

Fred regarda la photographie de l’homme, qui devait avoir une trentaine d’années, et murmura :

— Cela n’empêche pas, vous savez !

— Prends une de ces photos. Cherche. Montre-la un peu partout...

— Comptez sur moi... J’espère que d’ici quelques jours j’aurai un tuyau à vous donner... Pas à ce sujet-là, mais à propos d’un gros marchand de drogues... Jusqu’ici, je ne le connais que sous le nom de M. Jean... Je ne l’ai jamais vu... Je sais seulement qu’il est derrière toute une bande de revendeurs... Je leur achète de la camelote régulièrement... Cela me coûte cher... Quand vous aurez du fric en trop...

Janvier, à côté, était toujours en quête de brandade.

— Vous aviez raison, patron. Tout le monde me répond qu’on ne fait la brandade que le vendredi. Et, encore, pas souvent. La semaine sainte, quelquefois le mercredi, mais nous sommes encore loin de Pâques...

— Laisse ça à Torrence... Il y a quelque chose au Vel’ d’Hiv’, cet après-midi ?

— Attendez que je consulte le journal.

Il y avait des courses cyclistes derrière moto.

— Prends une photo avec toi. Tu verras les vendeurs de billets, les marchands d’oranges et de cacahuètes... Fais le tour des bistrots des environs... Puis tu pourras rôder dans les cafés de la porte Dauphine...

— Vous croyez que c’était un sportif ?

Maigret ne savait pas. Il sentait quelque chose, lui aussi, comme les autres, comme le patron des Caves du Beaujolais, comme Fred l’indicateur, mais c’était fluide, imprécis.

Il ne voyait pas son mort dans un bureau, ni vendeur de magasin. Fred affirmait qu’il n’appartenait pas au milieu.

Par contre, il était à son aise dans les petits bars populaires.

Il avait une femme prénommée Nine. Et, cette femme, Maigret l’avait connue.

À quel titre ? Est-ce que l’homme s’en serait vanté si le commissaire l’avait connue comme cliente ?

— Dubonnet... Tu vas aller aux « mœurs »... Tu demanderas la liste des filles en carte de ces dernières années... Tu prendras les adresses de toutes les Nine que tu pourras trouver... Tu iras les voir... Tu comprends ?

Dubonnet était un jeune qui sortait des écoles, un peu raide, toujours tiré à quatre épingles, d’une politesse exquise avec tout le monde, et c’était peut-être par ironie que Maigret le chargeait de cette besogne.

Il en envoyait un autre dans tous les petits cafés entourant le Châtelet, la place des Vosges et la Bastille.

Pendant ce temps-là, le juge Coméliau, qui, lui, dirigeait l’instruction de son cabinet, l’attendait avec impatience, ne comprenant pas que Maigret ne fût pas encore venu prendre contact avec lui.

— Les Citroën jaunes ?

— Ériau s’en occupe...

Tout cela, c’était la routine. Même si cela ne servait à rien, cela devait se faire. Sur toutes les routes de France, la police, la gendarmerie interpellaient les conducteurs de Citroën jaunes.

Il fallait aussi envoyer quelqu’un dans le magasin du boulevard Sébastopol, où le veston du mort avait été acheté, puis dans un autre magasin du boulevard Saint-Martin, d’où provenait l’imperméable.

 Pendant ce temps-là, cinquante autres affaires réclamaient des inspecteurs. Ils entraient, sortaient, téléphonaient, tapaient leur rapport. Les gens attendaient dans les couloirs. On courait des « garnis » aux « mœurs » et des « mœurs » à l’Identité Judiciaire.

La voix de Moers, au téléphone :

— Dites donc, patron... Un tout petit détail, qui est sans doute sans importance... Je trouve si peu de chose que je vous le signale à tout hasard... J’avais prélevé des cheveux, comme d’habitude. L’analyse révèle des traces de rouges à lèvres...

C’était presque comique, et pourtant personne ne riait. Une femme avait embrassé le mort de Maigret dans les cheveux, une femme qui portait du rouge à lèvres.

— J’ajoute que c’est un rouge bon marché et que la femme est probablement brune, car son rouge est très foncé...

Était-ce la veille qu’une femme avait embrassé l’inconnu ? Était-ce chez lui, alors qu’il était rentré pour changer de veston ?

Au fait, s’il s’était changé, c’est qu’il ne comptait pas sortir à nouveau. Un homme qui rentre chez lui pour une heure ne prend pas la peine de passer un autre vêtement.

Ou, alors, il avait été appelé dehors à l’improviste... Mais pouvait-on croire que, traqué comme il l’était, affolé au point de courir les rues de Paris en gesticulant et en appelant sans cesse la police au bout du fil, il serait sorti de chez lui après la tombée de la nuit ?

Une femme l’embrassait dans les cheveux. Ou bien elle avait appuyé le visage contre sa joue. De toute façon, c’était un geste tendre.

Maigret soupira en bourrant une nouvelle pipe, regarda l’heure. Il était midi et quelques minutes.

À peu près l’heure à laquelle, la veille, l’homme traversait la place des Vosges où chantaient les fontaines.

Le commissaire franchit la petite porte faisant communiquer la P. J. avec le Palais de Justice. Des robes d’avocats flottaient comme de grands oiseaux noirs dans les couloirs.

— Allons voir le vieux singe ! soupira Maigret, qui n’avait jamais pu sentir le juge Coméliau.

Il savait fort bien que celui-ci l’accueillerait par une phrase glacée qui constituerait à ses yeux le plus cinglant des reproches :

« Je vous attendais, monsieur le commissaire... »

Il aurait été capable de dire :

« J’ai failli attendre... »

Maigret s’en moquait éperdument.

Depuis deux heures et demie du matin, Maigret vivait avec son mort.

CHAPITRE III

Je suis enchanté, monsieur le commissaire, de vous avoir enfin au bout du fil.

— Croyez, monsieur le juge, que tout le plaisir est pour moi.

Mme Maigret leva vivement la tête. Elle était toujours mal à l’aise quand son mari prenait cette voix-là, paisible et bonasse, et, lorsque c’était avec elle que cela arrivait, elle se mettait à pleurer, tant elle était déroutée.

— Voilà cinq fois que je vous appelle à votre bureau.

— Et je n’y étais pas ! soupira-t-il avec consternation.

Elle lui fit signe de faire attention, de ne pas oublier qu’il parlait à un juge, dont le beau-frère, par surcroît, avait été deux ou trois fois ministre.

— On vient seulement de m’apprendre que vous étiez malade...

— Si peu, monsieur le juge. Les gens exagèrent toujours. Un gros rhume. Et, encore, je me demande s’il est si gros que cela !

C’était peut-être le fait de se trouver chez lui, en pyjama, en robe de chambre moelleuse, les pieds dans des pantoufles, bien calé au fond de son fauteuil, qui inspirait à Maigret cette humeur enjouée.

— Ce qui m’étonne, c’est que vous ne m’ayez pas fait savoir qui vous remplace.

— Me remplacer où ?

La voix du juge Coméliau était sèche, froide, volontairement impersonnelle, tandis que celle du commissaire, au contraire, devenait de plus en plus bonhomme.

— Je parle de l’affaire de la place de la Concorde. Je suppose que vous ne l’avez pas oubliée !

— J’y pense toute la journée. Tout à l’heure encore, je disais à ma femme...

Et celle-ci faisait des signes plus véhéments pour lui ordonner de ne pas la mêler à cette histoire. L’appartement était petit et chaud. Les meubles de la salle à manger, en chêne sombre dataient du mariage de Maigret. En face, à travers le tulle des rideaux, on apercevait, en grandes lettres noires sur un mur blanc : Lhoste et PépinOutillage de précision.

Il y avait trente ans que Maigret voyait ces mots-là, chaque jour, matin et soir, avec, en dessous, la vaste porte de l’entrepôt toujours flanquée de deux ou trois camions portant les mêmes mots, et il n’en était pas écœuré.

Au contraire ! Cela lui faisait plaisir. Il les caressait en quelque sorte du regard. Puis, invariablement, il regardait plus haut, le derrière d’une maison lointaine, avec du linge qui séchait aux fenêtres et, à l’une de celles-ci, dès que le temps était doux, un géranium rouge.

Ce n’était probablement pas le même géranium. Il aurait juré, en tout cas, que le pot de fleurs était là, comme lui, depuis trente ans. Et, pendant tout ce temps, pas une fois Maigret n’avait vu quelqu’un se pencher sur l’appui de la fenêtre, ni arroser la plante. Quelqu’un habitait la chambre, c’était certain, mais ses heures ne devaient pas coïncider avec celles du commissaire.

— Vous pensez, monsieur Maigret, qu’en votre absence vos subordonnés mènent l’enquête avec toute la diligence désirable ?

— J’en suis persuadé, monsieur Coméliau. J’en suis même sûr. Vous ne pouvez savoir à quel point on est bien, pour diriger une enquête de cette sorte, dans une pièce calme et surchauffée, dans un fauteuil, chez soi, loin de toute agitation, avec seulement un téléphone à portée de la main, près du pot de tisane. Je vais vous confier un petit secret : je me demande si, cette enquête n’existant pas, je serais malade. Je ne le serais pas, évidemment, puisque c’est place de la Concorde, la nuit où l’on a découvert le corps que j’ai attrapé froid. Ou encore le matin, au petit jour, quand nous avons marché, le long des quais, le docteur Paul et moi, après l’autopsie. Mais ce n’est pas ce que je veux dire. Sans l’enquête, le rhume ne serait qu’un rhume qu’on traite par le mépris, vous comprenez ?

Le visage du juge Coméliau, dans son cabinet, devait être jaune, peut-être verdâtre, et la pauvre Mme Maigret ne savait plus à quel saint se vouer. Elle qui avait tant de respect pour les situations acquises, pour toutes les hiérarchies !

— Mettons qu’ici, chez moi, avec ma femme pour me soigner, je me sente beaucoup plus tranquille pour penser à l’enquête et pour la diriger. Personne ne me dérange, ou si peu...

— Maigret ! intervint sa compagne.

— Chut !

Le juge parlait.

— Vous trouvez normal qu’après trois jours cet homme ne soit pas encore identifié ? Son portrait a paru dans tous les journaux. D’après ce que vous m’avez dit vous-même, il y a une femme...

— Il me l’a dit en effet.

— Laissez-moi parler, je vous prie. Il a une femme, probablement des amis. Ils a aussi des voisins, un propriétaire, que sais-je ? Des gens ont l’habitude de le voir passer dans la rue à certaines heures. Or personne ne s’est encore présenté pour le reconnaître ou pour signaler sa disparition. Il est vrai que tout le monde ne connaît pas le chemin du boulevard Richard-Lenoir.

Pauvre boulevard Richard-Lenoir ! Pourquoi diable avait-il si mauvaise réputation ? Évidemment, il débouchait à la Bastille. Évidemment aussi il était flanqué de petites rues populeuses. Et le quartier était plein d’ateliers, d’entrepôts. Cependant le boulevard était large, avec même de l’herbe au milieu. Il est vrai qu’elle poussait au-dessus du métro, dont les bouches s’ouvraient par-ci, par-là, tièdes et sentant l’eau de Javel, et que toutes les deux minutes, au passage des rames, les maisons étaient prises d’un curieux frémissement.

Question d’habitude. Des amis, des collègues, cent fois depuis trente ans, lui avaient trouvé un appartement dans ce qu’ils appelaient des quartiers plus gais. Il allait les visiter. Il grommelait :

— C’est bien, évidemment...

— Et quelle vue, Maigret !

— Oui...

— Les pièces sont grandes, claires...

— Oui... C’est parfait... Je serais ravi d’habiter ici... Seulement...

Il prenait son temps avant de soupirer en hochant la tête :

— ... Il faudrait déménager !

Tant pis pour ceux qui n’aimaient pas le boulevard Richard-Lenoir. Tant pis pour le juge Coméliau.

— Dites-moi, monsieur le juge, vous est-il arrivé de vous enfoncer un petit pois sec dans le nez ?

— Comment ?

— Je dis : un petit pois sec. Je me souviens que nous jouions à ça quand j’étais enfant. Essayez. Regardez-vous ensuite dans la glace. Vous serez surpris du résultat. Je parie qu’avec un pois dans une des narines vous passerez à côté des gens qui vous voient tous les jours sans qu’ils vous reconnaissent. Rien ne change davantage une physionomie. Et ce sont les personnes les plus habituées à nous qui sont les plus déroutées par le moindre changement.

« Or vous n’ignorez pas que le visage de notre homme a été déformé beaucoup plus sévèrement que par un petit pois dans le nez.

« Il y a autre chose. Les hommes ont peine à imaginer que leur voisin de palier, leur collègue de bureau, le garçon de café qui les sert chaque midi puisse tout à coup devenir différent de ce qu’il est, se transformer en assassin ou en victime, par exemple. On apprend les crimes par les journaux, et on se figure que cela se passe dans un autre monde, dans une autre sphère. Pas dans sa rue. Pas dans sa maison.

— En somme, vous trouvez normal que personne ne l’ait encore reconnu ?

— Je ne m’en étonne pas outre mesure. J’ai vu le cas d’une noyée pour qui cela a pris six mois. Et c’était au temps de l’ancienne morgue, quand la réfrigération n’existait pas et quand un filet d’eau fraîche coulait seulement d’un robinet sur chaque corps !


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