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Simenon, Georges - Lombre chinoise

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Название:
Lombre chinoise
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неизвестно
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неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - Lombre chinoise

Simenon, Georges - Lombre chinoise краткое содержание

Simenon, Georges - Lombre chinoise - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

Il était dix heures du soir. Les grilles du square étaient fermées, la place des Vosges, avec les pistes luisantes des voitures tracées sur l'asphalte et le chant continu des fontaines, les arbres sans feuilles et la découpe monotone sur le ciel des toits tous pareils. Sous les arcades, qui font une ceinture prodigieuse à la place, peu de lumière. A peine trois ou quatre boutiques. Le commissaire Maigret vit une famille qui mangeait dans l'une d'elles, encombrée de couronnes mortuaires en perles. Il essayait de lire les numéros au-dessus des portes, mais à peine avait-il dépassé la boutique aux couronnes qu'une petite personne sortit de l'ombre. - C'est à vous que je viens de téléphoner ? Il devait y avoir longtemps qu'elle guettait. Malgré le froid de novembre, elle n'avait pas passé de manteau sur son tablier. Son nez était rouge, ses yeux inquiets.


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Lombre chinoise читать онлайн бесплатно

Lombre chinoise - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

« Ce n’est rien… Je ne sais pas à quelle heure je rentrerai ! »



Ce sont des impressions qu’on n’explique pas : on sentait qu’il y avait quelque chose d’anormal dans la maison, quelque chose qui se manifestait dès la façade.

L’agitation, dans la boutique de couronnes mortuaires en perles ? Évidemment, les locataires avaient dû se cotiser pour offrir une couronne.

Les regards inquiets du coiffeur pour dames, dont le salon s’ouvrait de l’autre côté de la voûte ?

En tout cas, la maison, ce jour-là, avait un air malsain. Et, comme il était quatre heures et que la nuit commençait à tomber, la ridicule petite lampe était déjà allumée sous la voûte.

En face, le gardien du square fermait les grilles. Le valet de chambre des Saint-Marc, au premier étage, tirait les rideaux, lentement, consciencieusement.

Quand Maigret frappa à la porte de la loge, il trouva Mme Bourcier, la concierge, en train de raconter les événements à un encaisseur de chez Dufayel qui portait, sur sa livrée bleue, un petit encrier en sautoir.

« Une maison où il ne s’est jamais rien passé… Chut !… C’est le commissaire… »

Elle avait un vague air de parenté avec Mme Martin, en ce sens que toutes deux étaient des femmes sans âge, comme sans sexe. Et toutes deux avaient été malheureuses ou s’étaient considérées comme telles.

Seulement, chez la concierge, il y avait en plus de la résignation, une résignation quasi animale à son sort.

« Jojo… Lili… Ne restez pas dans le chemin… Bonjour, monsieur le commissaire… Je vous attendais ce matin… Quelle histoire !… J’ai cru bien faire en passant chez tous les locataires une liste de souscription pour une couronne… Est-ce qu’on sait quand a lieu l’enterrement ?… À propos… Mme de Saint-Marc… Vous savez !… Je vous demande de ne rien lui dire… M. de Saint-Marc est venu ce matin… Il craint les émotions, dans l’état où elle est… »

Dans la cour remplie d’un air bleuté, les deux lampes, celle de la voûte et celle qui était scellée au mur, plantaient de longs traits jaunes.

« L’appartement de Mme Martin ? questionna Maigret.

— Au second, troisième porte à gauche après le tournant… »

Le commissaire reconnaissait la fenêtre où il y avait de la lumière mais où aucune ombre ne se dessinait sur le rideau.

Du côté des laboratoires, on entendait des cliquetis de machines à écrire. Un livreur arrivait :

« Les sérums du docteur Rivière ?

— Au fond de la cour ! Porte à droite ! Veux-tu laisser ta sœur tranquille, Jojo ! »

Maigret s’engageait dans l’escalier, le parapluie de Mme Martin sous le bras. Jusqu’au premier étage, la maison avait été remise à neuf, les murs repeints et les marches vernies.

À partir du second, c’était un autre monde, des murs sales, un plancher râpeux. Les portes des logements étaient peintes en un vilain brun. Et, sur ces portes, on voyait, soit des cartes de visite épinglées, soit des petites plaques en aluminium repoussé.

Une carte de visite, à trois francs le cent : « Monsieur et Madame Edgar Martin. » À droite, un cordon de tresse tricolore terminé par une floche molle. Quand Maigret tira, une grêle sonnette tinta dans le vide du logement. Puis il y eut des pas rapides. Une voix demanda :

« Qui est là ?

— Je vous rapporte votre parapluie ! »

La porte s’ouvrit. L’entrée se réduisait à un carré d’un mètre de côté où pendait, à un portemanteau, le pardessus mastic. En face, la porte ouverte d’une pièce, mi-salon, mi-salle à manger, avec un appareil de T.S.F. sur un bahut.

« Je m’excuse de vous déranger. Ce matin, vous avez oublié ce parapluie dans mon bureau…

— Vous voyez ! Moi qui croyais l’avoir laissé dans l’autobus. Je disais à Martin… »

Maigret ne sourit pas. Il avait l’habitude de ces femmes qui ont la manie d’appeler leur mari par leur nom de famille.

Martin était là, avec son pantalon rayé sur lequel il avait passé un veston d’intérieur en gros drap chocolat.

« Entrez, je vous en prie…

— Je ne voudrais pas vous déranger.

— On ne dérange jamais les gens qui n’ont rien à cacher ! »

Sans doute la caractéristique primordiale d’un logement est-elle l’odeur. Ici, elle était sourde, à base d’encaustique, de cuisine et de vieux vêtements.

Un canari sautillait dans une cage et lançait parfois dehors une gouttelette d’eau.

« Donne donc le fauteuil à M. le Commissaire… »

Le fauteuil ! Il n’y en avait qu’un, un fauteuil Voltaire recouvert de cuir si sombre qu’il paraissait noir.

Et Mme Martin, très différente de ce qu’elle était le matin, minaudait :

« Vous prendrez bien quelque chose… Mais si !… Martin ! Apporte un apéritif… »

Martin était ennuyé. Peut-être n’y en avait-il pas dans la maison ? Peut-être ne restait-il qu’un fond de bouteille ?

« Merci, madame ! Je ne bois jamais avant les repas.

— Mais vous avez le temps… »

C’était triste ! Triste à vous décourager d’être un homme, de vivre sur une terre où pourtant le soleil brille plusieurs heures par jour et où il y a de vrais oiseaux en liberté !

Ces gens-là ne devaient pas aimer la lumière, car les trois ampoules électriques étaient soigneusement voilées par d’épaisses toiles coloriées qui ne laissaient passer que le strict minimum de rayons.

« Surtout l’encaustique ! » pensa Maigret.

Car c’était ce qui dominait dans l’odeur ! D’ailleurs, la table de chêne massif était polie comme une patinoire.

M. Martin avait affiché un sourire d’homme qui reçoit.

« Vous devez avoir une vue merveilleuse sur cette place des Vosges qui est unique à Paris ! dit Maigret qui savait parfaitement que les fenêtres donnaient sur la cour.

— Non ! Les appartements en façade, au second, sont trop bas de plafond, à cause du style de l’immeuble… Vous savez que la place tout entière est classée comme monument historique… On n’a pas le droit d’y toucher. Et c’est lamentable !… Voilà des années que nous voudrions installer une salle de bains et… »

Maigret s’était approché de la fenêtre. D’un geste négligent, il écartait le store aux ombres chinoises. Et il restait immobile, impressionné au point qu’il en oubliait de parler comme un visiteur bien élevé.

En face de lui, c’étaient les bureaux et le laboratoire de la maison Couchet.

D’en bas, il avait remarqué qu’il y avait des vitres en verre dépoli.

D’ici, il s’apercevait que ce n’étaient que les vitres inférieures. Les autres étaient claires, limpides, lavées deux ou trois fois la semaine par les femmes de ménage.

On voyait nettement, à la place même où avait été tué Couchet, M. Philippe qui signait les lettres dactylographiées que sa secrétaire lui passait une à une. On distinguait la serrure du coffre.

Et la porte de communication avec le laboratoire était entrouverte. Par les fenêtres de celui-ci apparaissaient des femmes en blouse blanche, en rang le long d’une énorme table, et qui travaillaient à empaqueter des tubes de verre.

Chacune avait sa tâche. La première prenait les tubes nus dans un panier et la neuvième livrait à un employé des paquets parfaits, avec une notice, un cartonnage soigné, bref, une marchandise prête à être livrée aux pharmaciens.

« Sers quand même quelque chose à boire ! » disait derrière Maigret la voix de Mme Martin.

Et son mari s’agitait, ouvrait un placard, entrechoquait des verres.

« Rien qu’un doigt de vermouth, M. le Commissaire !… Mme Couchet, elle, pourrait sans doute vous offrir des cocktails… »

Et Mme Martin avait un sourire pointu, comme si ses lèvres eussent été des dards.


V



LA FOLLE

Son verre à la main, Maigret disait en observant Mme Martin :

« Ah ! si vous aviez regardé par la fenêtre, hier au soir ! Du coup, mon enquête serait finie ! Car il est impossible, d’ici, de ne pas voir tout ce qui se passe dans le bureau de Couchet. »

C’est en vain qu’on eût cherché une intention dans sa voix, ou dans son attitude. Il sirotait son vermouth tout en bavardant.

« Je dirais même que cette affaire aurait constitué un des cas les plus curieux de témoignage en matière criminelle. Quelqu’un ayant assisté de loin au meurtre ! Que dis-je ? Avec des jumelles, on verrait si nettement les lèvres des interlocuteurs qu’on pourrait reconstituer leur entretien… »

Mme Martin ne savait que penser, se tenait sur la réserve, un vague sourire figé à ses lèvres pâles.

« Mais aussi quelle émotion pour vous ! Être à votre fenêtre, bien tranquille, et voir soudain quelqu’un menacer votre ancien mari ! Pis encore ! Car la scène a dû être plus complexe. J’imagine Couchet tout seul, plongé dans ses comptes… Il se lève et se dirige vers les lavabos. Quand il revient, quelqu’un a fouillé le coffre-fort, n’a pas le temps de fuir… Il y a néanmoins un détail curieux, dans ce cas : c’est que Couchet se soit rassis… Il est vrai qu’il connaissait peut-être son voleur ?… Il lui parle… Il lui adresse des reproches, lui demande de rendre l’argent…

— Seulement, il aurait fallu que je sois à la fenêtre ! articula Mme Martin.

— Peut-être d’autres fenêtres du même étage réservent-elles le même coup d’œil ?… Qui habite à votre droite ?

— Deux jeunes filles et leur mère… Celles qui font du phono tous les soirs… »

À cet instant retentit un cri que Maigret avait déjà entendu. Il resta silencieux une seconde, murmura : « La folle, n’est-ce pas ?

— Chut… » fit Mme Martin en marchant à pas feutrés vers la porte.

Elle ouvrit celle-ci brusquement. Dans le corridor mal éclairé, on aperçut une silhouette de femme qui s’éloignait en hâte.

« Vieille chipie !… grommelait Mme Martin assez haut pour être entendue de l’autre.

Revenant sur ses pas, furieuse, elle expliqua au commissaire :

« C’est la vieille Mathilde ! Une ancienne cuisinière ! Vous l’avez vue ? On dirait un gros crapaud ! Elle habite la chambre voisine, avec sa sœur qui est folle. Elles sont aussi vieilles et aussi laides l’une que l’autre ! La folle n’a pas quitté une seule fois sa chambre depuis que nous avons cet appartement.

— Pourquoi crie-t-elle ainsi ?

— Justement ! Ça lui prend quand on la laisse seule dans l’obscurité. Elle a peur comme un enfant. Elle hurle… J’ai fini par comprendre le manège… Du matin au soir, la vieille Mathilde rôde dans les couloirs… On est toujours sûr de la trouver derrière une porte, et, quand on la surprend, c’est à peine si elle est gênée… Elle s’éloigne, avec sa vilaine tête placide !… C’est au point qu’on n’est plus chez soi, qu’on doit baisser la voix si on veut parler d’affaires de famille… Je viens de la prendre sur le fait, n’est-ce pas ? Eh bien ! je parie qu’elle est déjà revenue…

— Ce n’est pas très agréable ! convint Maigret. Mais le propriétaire n’intervient-il pas ?

— Il a tout fait pour les mettre à la porte… Malheureusement il y a des lois… Sans compter que ce n’est ni sain ni appétissant, ces deux vieilles dans une petite chambre !… Je parie qu’elles ne se lavent jamais… »

Le commissaire avait saisi son chapeau.

« Vous m’excuserez de vous avoir dérangés. Il est temps que je parte… »

Désormais, il avait dans la tête une image précise du logement, depuis les napperons des meubles jusqu’aux calendriers ornant les murs.

« Ne faites pas de bruit !… Vous allez surprendre la vieille… »

Ce n’était pas tout à fait exact. Elle n’était pas dans le corridor, mais derrière sa porte entrouverte, comme une grosse araignée en embuscade. Elle dut être déroutée en voyant le commissaire lui adresser au passage un aimable salut.



À l’heure de l’apéritif, Maigret était assis au Select, non loin du bar américain où l’on ne parlait que des courses. Quand le garçon s’approcha de lui, il exhiba la photographie de Roger Couchet, qu’il avait prise le matin rue Pigalle.

« Vous connaissez ce jeune homme ? »

Le garçon s’étonna.

« C’est curieux…

— Qu’est-ce qui est curieux ?

— Il y a moins d’un quart d’heure qu’il est parti… Il était à cette table, tenez ! Je ne l’aurais pas remarqué si, au lieu de me dire quelle consommation il voulait, il n’avait prononcé :

« — La même chose qu’hier ! »

« Or, je ne me souvenais pas du tout de l’avoir vu… Je lui ai dit :

« — Voulez-vous me rappeler ce que c’était ?

— Un gin-Fizz, voyons ! »

« Et c’est ce qui m’a le plus amusé ! Parce que je suis sûr de n’avoir pas servi de gin-Fizz dans la soirée d’hier !

« Il est resté quelques minutes, puis il est parti… C’est drôle que vous veniez justement me montrer sa photographie. »

Ce n’était pas drôle du tout. Roger avait tenu à établir qu’il était la veille au Select, comme il l’avait déclaré à Maigret. Il avait employé un truc assez adroit et n’avait eu que le tort de choisir une consommation peu courante.

Quelques minutes plus tard, Nine entrait, l’œil morne, s’asseyait à la table la plus proche du bar, puis, apercevant le commissaire, se levait, hésitait, s’avançait vers lui.

« Vous désirez me parler ? questionna-t-elle.

— Pas particulièrement. Si, pourtant ! Je voudrais vous poser une question. Vous venez ici à peu près tous les soirs, n’est-ce pas ?

— C’est toujours ici que Raymond me donnait rendez-vous !

— Avez-vous une place fixe ?

— Là-bas, où je me suis installée en entrant…

— Vous y étiez hier ?

— Oui, pourquoi ?

— Et vous ne vous souvenez pas d’avoir vu l’original de ce portrait ? »

Elle regarda la photographie de Roger, murmura : « Mais c’est mon voisin de chambre !

— Oui ! C’est le fils de Couchet… »

Elle écarquilla les yeux, troublée par cette coïncidence, se demandant ce que celle-ci cachait.

« Il est venu chez moi un peu après votre départ, ce matin… Je rentrais du Moulin-Bleu…

— Qu’est-ce qu’il voulait ?

— Il m’a demandé si je n’avais pas un cachet d’aspirine, pour Céline qui était malade…

— Et au théâtre ? On vous a engagée ?

— Je dois y aller ce soir… Une danseuse est blessée… Si elle ne va pas mieux, je la remplacerai et peut-être qu’on m’engagera définitivement… »

Elle baissa la voix pour continuer :

« J’ai les cent francs… Donnez-moi votre main… »

Et ce geste était révélateur de toute une psychologie. Elle ne voulait pas tendre les cent francs à Maigret en public ! Elle craignait de le gêner ! Alors, elle tenait dans la paume de la main le billet plié tout menu ! Elle le lui passait comme à un gigolo !


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