la manger à la sauce-robert [102].
Ce pauvre homme, voyant bien qu’il ne fallait pas se jouer à une Ogresse, a pris son grand couteau, et est monté à la chambre de la petite Aurore : elle avait alors quatre ans, et est venue en sautant et en riant se jeter à son cou, et lui demander du bonbon. Il s’est mis à pleurer, le couteau lui tombait des mains, et il est allé dans la basse-cour couper la gorge à un petit agneau, et lui a fait une si bonne sauce que sa maîtresse l’assurait qu’elle n’avait jamais rien mangé de si bon. Il avait emporté en même temps la petite Aurore, et l’avait donnée à sa femme pour la cacher dans le logement qu’elle avait au fond de la basse-cour.
Huit jours après, la méchante Reine dit à son Maître d’Hôtel :
— Je veux manger à mon souper le petit Jour.
Il n’a répliqué pas, résolu de la tromper comme l’autre fois ; il allait chercher le petit Jour, et l’a trouvé avec un petit fl euret à la main, dont il faisait des armes avec un gros singe : il n’avait pourtant que trois ans. Il l’a porté à sa femme qui l’a caché avec la petite Aurore, et a donné à la place du petit Jour un petit chevreau fort tendre, que l’Ogresse trouvait admirablement bon.
Cela avait fort bien été jusque-là [103], mais un soir cette méchante Reine a dit au Maître d’Hôtel :
— Je veux manger la Reine à la même sauce que ses enfants.
C’étais alors que le pauvre Maître d’Hôtel désespérait de pouvoir encore la tromper. La jeune Reine avait vingt ans passés, sans compter les cent ans qu’elle avait dormi : sa peau était un peu dure, quoique belle et blanche ; est-il le moyen de trouver dans la ménagerie une bête aussi dure que cela ?
Ayant pris la résolution, pour sauver sa vie, de couper la gorge à la Reine, il est monté dans sa chambre, dans l’intention de n’en pas faire à deux fois ; il est entré le poignard à la main dans la chambre de la jeune Reine. Il ne voulait pourtant point la surprendre, et il lui dit avec beaucoup de respect l’ordre qu’il avait reçu de la Reine-mère.
— Faites votre devoir, lui dit-elle, en lui tendant le cou [104] ; exécutez l’ordre qu’on vous a donné ; j’irai [105] revoir mes enfants, mes pauvres enfants que j’ai tant aimés ; car elle les croyait morts depuis qu’on les avait enlevés sans rien lui dire.
— Non, non, Madame, lui a répondu le pauvre Maître d’Hôtel tout attendri, vous ne mourrez point, et vous pourrez revoir vos chers enfants, mais ce sera chez moi où je les ai cachés, et je tromperai encore la Reine, en lui faisant manger une jeune biche en votre place.
Il l’a mène aussitôt à sa chambre, où la laissant embrasser ses enfants et pleurer avec eux, il s’en est allé accommoder une biche, que la Reine a mangé à son souper, avec le même appétit que si ce serait [106] la jeune Reine. Elle était bien contente de sa cruauté, et elle se préparait à dire au Roi, à son retour, que les loups enragés avaient mangé la Reine sa femme et ses deux enfants.
Un soir qu’elle rôdait comme d’habitude dans les cours et basses-cours du château pour y humer quelque viande fraîche, elle a entendu dans une salle basse le petit Jour qui pleurait, parce que la Reine sa mère le voulait faire fouetter, parce qu’il avait été méchant, et elle a entendu aussi la petite Aurore qui demandait pardon pour son frère.
L’Ogresse a reconnu la voix de la jeune Reine et de ses enfants, et furieuse d’avoir été trompée [107], elle commande dès le lendemain au matin, avec une voix épouvantable, qui faisait trembler tout le monde [108], qu’on apporte au milieu de la cour une grande cuve [109], qu’elle fait remplir de crapauds, de vipères, de couleuvres et de serpents, pour y faire jeter la Reine et ses enfants, le Maître d’Hôtel, sa femme et sa servante : elle avait donné ordre de les amener les mains liées derrière le dos.
Ils étaient là, et les bourreaux se préparaient à les jeter dans la cuve, lorsque le Roi, qu’on n’attendait pas si tôt, est entré dans la cour à cheval ; il était venu et a demandé tout étonné ce que voulait dire cet horrible spectacle ; personne n’osait l’en instruire, quand l’Ogresse, enragée de voir ce qu’elle voyait, se jeta elle-même la tête la première dans la cuve, et était dévorée en un instant par les vilaines bêtes qu’elle y avait fait mettre. Le Roi ne pouvait s’empêcher d’en être fâché [110], car elle était sa mère ; mais il s’en consolait [111] bientôt avec sa belle femme et ses enfants..
УПРАЖНЕНИЯ
1. Найдите в тексте французские эквиваленты следующих слов и выражений:
Спящая красавица; королева родила дочку; пир; старая фея; соловей; бить, щёки, пятнадцать, досада; к тому же; несчастный случай; нуждаться в чём-либо; пятнадцать минут; колдунья; в своё удовольствие; храбрый; узнавать; казаться; красноречие; сон; зеркало; сосед; прятать; кожа; голос; вскоре; лошади.
2. Найдите русские эквиваленты следующих слов и выражений:
La Reine est devenue grosse ; il y avait une cuiller, une fourchette, et un couteau de fin or ; rassurez-vous ; Roi et Reine ; tâcher d’éviter ; maison de plaisance ; prédiction ; lèvres ; instant ; approuver ; nain ; toucher ; hors ; cuisinier ; arbre ; au travers ; divin ; goutte ; mettre aux génoux ; témoigner ; songe ; se contenter ; tout haut.
3. Укажите род следующих слов:
Voix _____
Fée _____
Sorcier _____
Arbre _____
Mère _____
Roi _____
Femme _____
Cuve _____
4. Найдите, каким французским словам соответствуют русские слова, приведённые справа: