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Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin

На электронном книжном портале my-library.info можно читать бесплатно книги онлайн без регистрации, в том числе Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. В онлайн доступе вы получите полную версию книги с кратким содержанием для ознакомления, сможете читать аннотацию к книге (предисловие), увидеть рецензии тех, кто произведение уже прочитал и их экспертное мнение о прочитанном.
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Название:
La danseuse du Gai-Moulin
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16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin

Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin краткое содержание

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Deux jeunes noceurs endettés – un bourgeois désaxé et le fils d'un employé – fréquentent à Liège « Le Gai-Moulin », une boîte de nuit où ils courtisent l'entraîneuse Adèle. A la fin d'une soirée qu'elle a passée, à une table voisine des jeunes gens, en compagnie d'un Levantin arrivé le jour même dans la ville, Delfosse et Chabot se laissent enfermer dans la cave de l'établissement afin de s'emparer de la recette. Dans l'obscurité, ils entr'aperçoivent ce qu'ils croient être un cadavre, celui du Levantin ; ils prennent la fuite. Le lendemain, émoi dans la presse : le corps d'Ephraïm Graphopoulos, le client de passage, est découvert à l'intérieur d'une manne d'osier abandonnée dans un jardin public. L'enquête aboutit rapidement à l'arrestation des deux jeunes gens. Mais il y a un troisième suspect : un autre client de passage, un Français, également présent au « Gai-Moulin » le soir du meurtre.


[http://www.amazon.fr/Danseuse-du-Gai-Moulin-Georges-Simenon/dp/2253142549](http://www.amazon.fr/Danseuse-du-Gai-Moulin-Georges-Simenon/dp/2253142549)


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La danseuse du Gai-Moulin - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

Et Chabot, pour ne pas rester seul, pour prolonger le côte à côte rassurant, va jusqu’à la porte d’une maison confortable, dans la plus belle rue du quartier.

— Refais un bout de chemin avec moi… implore-t-il alors.

— Non… Je suis malade…

C’est le mot. Malades, ils le sont tous les deux. Chabot n’a fait qu’apercevoir le corps un instant, mais son imagination travaille.

— C’était bien le Turc ?

Ils l’appellent le Turc faute de savoir. Delfosse ne répond pas. Il a introduit sans bruit sa clé dans la serrure. On aperçoit dans la pénombre un large corridor orné d’un porte-parapluies de cuivre.

— À demain…

— Au Pélican ?…

Mais la porte bouge déjà, va se refermer. C’est maintenant un vertige. Être chez soi, dans son lit ! Est-ce qu’alors ce n’en sera pas fini de cette histoire ?

Et voilà Chabot tout seul dans le quartier désert, à marcher vite, à courir, à hésiter aux angles des rues et à s’élancer comme un fou. Place du Congrès, il fuit les arbres. Il ralentit le pas parce qu’il devine un passant au loin. Mais l’inconnu prend une autre direction.

Rue de la Loi. Des maisons à un étage. Un seuil.

Jean Chabot cherche sa clé, ouvre, tourne le commutateur électrique, marche vers la cuisine à porte vitrée où le feu n’est pas tout à fait éteint.

Il doit retourner sur ses pas parce qu’il a oublié de refermer la porte d’entrée. Il fait chaud. Il y a un papier sur la toile cirée blanche de la table et quelques mots au crayon :


Tu trouveras une côtelette dans le buffet et un morceau de tarte dans l’armoire. Bonne nuit.

Père.


Jean regarde tout ça avec abrutissement, ouvre l’armoire, aperçoit la côtelette, dont la seule vue lui soulève le cœur. Sur le meuble, un petit pot avec une plante verte qui ressemble à du mouron.

C’est que la tante Maria est venue ! Quand elle vient, elle apporte toujours une plante quelconque. Sa maison du quai Saint-Léonard en est pleine. Et elle donne, par surcroît, de minutieux conseils sur la façon de les soigner.

Jean a éteint. Il monte l’escalier, après avoir retiré ses chaussures. Il passe, au premier, devant les chambres des locataires.

Au second, ce sont des pièces mansardées. De la fraîcheur filtre du toit.

Au moment où il atteint le palier, un sommier grince. Quelqu’un est éveillé, son père ou sa mère. Il ouvre la porte.

Mais une voix vient de loin, étouffée :

— C’est toi, Jean ?…

Allons ! Il faut qu’il aille dire bonsoir à ses parents. Il entre chez eux. L’atmosphère est moite. Il y a déjà des heures qu’ils dorment.

— Il est tard, non ?…

— Pas trop…

— Tu devrais…

Non ! Son père n’a pas le courage de le gronder. Ou bien il devine que cela ne servirait de rien.

— Bonsoir, fils…

Jean se penche, embrasse un front humide.

— Tu es glacé… Tu…

— Il fait frais dehors…

— As-tu trouvé la côtelette ?… C’est tante Maria qui a apporté la tarte…

— J’avais mangé avec mes amis…

Sa mère se retourne, dans son sommeil, et son chignon croule sur l’oreiller.

— Bonne nuit…

Il n’en peut plus. Dans sa chambre, il ne fait même pas de lumière. Il jette son veston au hasard et il s’étend sur son lit, enfonce la tête dans l’oreiller.

Il ne pleure pas. Il ne pourrait pas. Il cherche son souffle. Et tous ses membres tremblent, tout son corps est agité de grands frissons comme s’il couvait une grave maladie.

Il voudrait seulement ne pas faire grincer le sommier.

Il voudrait éviter le hoquet qu’il sent monter dans sa gorge, parce qu’il devine son père, qui ne dort presque pas, couché dans la chambre voisine, l’oreille tendue.

Une image grandit dans sa tête, un mot résonne, se gonfle, prend des proportions monstrueuses au point que tout cela va l’écraser : le Turc !…

Et cela grouille, cela pèse, cela l’étouffe, le serre de partout jusqu’à ce que la fenêtre à tabatière déverse du soleil tandis que le père de Jean, debout au pied du lit, murmure avec la crainte d’être trop sévère :

— Tu ne devrais pas faire ça, fils !… Car tu as encore bu, n’est-ce pas ?… Tu ne t’es même pas déshabillé !…

Et l’odeur du café, des œufs au lard monte du rez-de-chaussée. Des camions passent dans la rue. Des portes claquent. Un coq chante.


II


La petite caisse

Jean Chabot, les coudes sur la table, repoussa son assiette et garda le regard rivé à la petite cour qu’on apercevait à travers le tulle des rideaux et dont le badigeon blanc ruisselait de soleil.

Son père l’observait à la dérobée, tout en mangeant, essayait de créer un semblant de conversation.

— Tu ne sais pas si c’est vrai que le gros immeuble de la rue Féronstrée doit être mis en vente ? Quelqu’un me l’a demandé hier, au bureau. Tu devrais peut-être te renseigner…

Mais Mme Chabot, qui, elle aussi, épiait son fils sans cesser de préparer les légumes pour la soupe, intervint :

— Alors, tu ne manges pas ?

— Je n’ai pas faim, mère.

— Parce que tu as encore été soûl cette nuit, je parie ! Avoue-le !

— Non.

— Si tu crois que cela ne se voit pas ! Tu as les yeux tout rouges ! Et un teint de papier mâché ! C’est bien la peine de faire l’impossible pour te donner des forces ! Allons ! mange au moins les œufs…

Pour une fortune, Jean en aurait été incapable. Il avait la poitrine serrée. Et l’atmosphère quiète de la maison, son odeur de lard et de café, le mur blanc, la soupe qui commençait à cuire, tout cela mettait en lui comme une nausée.

Il avait hâte d’être dehors, hâte surtout de savoir. Il tressaillait au moindre bruit de la rue.

— Il faut que je m’en aille.

— Il n’est pas l’heure. Tu étais avec Delfosse, hier au soir, n’est-ce pas ?… Mais qu’il vienne encore ici pour te chercher !… Un gamin qui ne fait rien, parce que ses parents sont riches !… Un vicieux !… Et il n’a pas besoin de se lever le matin pour aller à son bureau, lui !

M. Chabot ne disait rien, mangeait en regardant son assiette pour ne pas avoir à prendre parti. Un locataire du premier descendit, un étudiant polonais, qui gagna directement la rue et se rendit à l’Université. On en entendait un autre qui s’habillait juste au-dessus de la cuisine.

— Tu verras, Jean, que cela finira mal ! Demande à ton père s’il faisait la bombe, à ton âge !

Et Jean Chabot avait vraiment les yeux striés de rouge, les traits tirés. On voyait un petit bouton pourpre sur son front.

— Je m’en vais ! répéta-t-il en regardant l’heure.

Juste à ce moment, quelqu’un donnait des petits coups à la boîte aux lettres encastrée dans la porte d’entrée. C’était la façon d’appeler des intimes, la sonnette servant aux étrangers. Jean se hâta d’aller ouvrir, se trouva en face de Delfosse qui questionna :

— Tu viens ?

— Oui… Je prends mon chapeau…

— Entrez, Delfosse ! cria Mme Chabot de la cuisine. Justement, je disais à Jean qu’il est temps que cela finisse ! Il est en train de se ruiner la santé ! Que vous fassiez la noce, cela regarde vos parents. Mais Jean…

Delfosse, long et maigre, le teint encore plus pâle que Chabot, baissait la tête en esquissant un sourire gêné.

— Jean doit gagner sa vie ! Nous n’avons pas de fortune, nous ! Vous êtes assez intelligent pour le comprendre et je vous demande de le laisser tranquille.

— Tu viens ?… souffla Jean, qui était au supplice.

— Je vous jure, madame, que nous… balbutia Delfosse.

— À quelle heure êtes-vous rentrés cette nuit ?

— Je ne sais pas… Peut-être à une heure…

— Et Jean a avoué qu’il était plus de deux heures du matin !

— Il est temps que j’aille au bureau, mère…

Il avait son chapeau sur la tête. Il poussa Delfosse dans le corridor. M. Chabot se levait à son tour et endossait son manteau.

Dehors, comme dans toutes les rues de Liège à ce moment, on voyait des ménagères qui lavaient le trottoir à grande eau, des charrettes de légumes et de charbon arrêtées devant les portes, et les cris des marchands s’entendaient de loin, se répondaient d’un bout du quartier à l’autre.

— Eh bien ?…

Les deux jeunes gens avaient tourné le coin de la rue. Ils pouvaient laisser percer leur inquiétude.

— Rien !… Le journal de ce matin ne parle de rien !… On n’a peut-être pas encore trouvé le…

Delfosse portait une casquette d’étudiant à grande visière. C’était l’heure où tous les étudiants se dirigeaient vers l’Université. Sur le pont enjambant la Meuse, ils formaient presque un cortège.

— Ma mère est furieuse… C’est surtout à toi qu’elle en veut…

Ils traversaient le marché, se faufilaient entre les paniers de légumes et de fruits, foulaient aux pieds des feuilles de chou et de salade. Jean avait le regard fixe.

— Dis !… Pour l’argent ?… Nous sommes le 15…

Ils changèrent de trottoir, parce qu’ils passaient en face d’un marchand de tabac à qui ils devaient une cinquantaine de francs.

— Je sais bien… Ce matin, j’ai regardé dans le portefeuille de mon père… Il n’y avait que des gros billets…

Et Delfosse ajouta plus bas :

— Ne t’en fais pas… Tout à l’heure, j’irai chez mon oncle, rue Léopold… C’est bien rare qu’on ne me laisse pas seul un instant dans le magasin…

Jean connaissait la maison, la principale chocolaterie de Liège. Il imaginait son ami glissant la main dans le tiroir-caisse.

— Quand est-ce que je te vois ?

— Je t’attendrai à midi.

Ils atteignaient l’étude du notaire Lhoest, où Chabot travaillait. Ils se serrèrent la main, sans se regarder, et Jean eut une impression de malaise, comme si la poignée de main de son ami n’était pas la même que d’habitude.

Il est vrai que maintenant ils étaient complices !


Jean avait une table dans l’antichambre. Dernier venu, sa tâche consistait surtout à coller des timbres sur les enveloppes, à trier le courrier et à faire les courses en ville.

Ce matin-là, il travaillait sans rien dire, sans regarder personne, avec l’air de vouloir passer inaperçu. Il guettait surtout le premier clerc, un homme d’une cinquantaine d’années, d’aspect sévère, de qui il dépendait.

À onze heures, il ne s’était encore rien passé, mais un peu avant midi le premier clerc s’approcha de lui :

— Vous avez les comptes de la petite caisse, Chabot ?

Depuis le matin, Jean préparait une réponse qu’il récita en regardant ailleurs.

— Excusez-moi, monsieur Hosay, aujourd’hui, j’ai mis un autre costume et j’ai laissé, chez moi, le carnet et l’argent. Je vous donnerai les comptes après midi…

Il était blême. Le premier clerc s’en étonna.

— Vous êtes malade ?

— Non… Je ne sais pas… Peut-être un peu…

La petite caisse, c’était un compte à part dans l’étude, l’argent nécessaire aux timbres, à l’expédition des recommandés et en général à toutes les petites dépenses courantes. Deux fois par mois, le 15 et le 30, on remettait à Jean une certaine somme et il inscrivait les dépenses dans un carnet.

Les employés s’en allaient. Le jeune homme, dehors, chercha Delfosse des yeux, l’aperçut non loin de la vitrine du marchand de tabac, fumant une cigarette à bout doré.

— Alors ?

— Ici, c’est payé !

Ils marchèrent. Ils avaient besoin de sentir la foule couler autour d’eux.

— Viens au Pélican. Je suis allé chez mon oncle. Je n’ai eu que quelques secondes. Alors, j’ai plongé la main… Sans le vouloir, j’ai pris trop…

— Combien ?

— Presque deux mille…

Le chiffre effraya Chabot.

— Voilà trois cents francs pour la petite caisse. Nous allons partager le reste.

— Mais non !

Ils étaient aussi fiévreux l’un que l’autre, avec la différence que l’insistance de Delfosse était presque menaçante.

— C’est naturel ! Est-ce que nous ne faisons pas toujours part à deux ?

— Je n’ai pas besoin de cet argent.

— Moi non plus.

Au premier étage d’une maison, ils regardèrent machinalement un balcon de pierre : c’était la chambre meublée qu’habitait Adèle, la danseuse du Gai-Moulin.

— Tu n’es pas passé là-bas ?

— J’ai pris la rue du Pot-d’Or… Les portes étaient ouvertes, comme tous les matins… Victor et Joseph balayaient…

Jean serrait les doigts les uns dans les autres à les faire craquer.

— Pourtant tu as bien vu, cette nuit, n’est-ce pas ?…

— Je suis sûr que c’était le Turc ! martela Delfosse en frissonnant.

— Et il n’y avait pas de police dans la rue ?

— Rien ! Tout était normal… Victor, qui m’a aperçu, m’a crié bonjour…

Ils entraient au Pélican, s’asseyaient à une table près de la devanture, commandaient de la bière anglaise. Et aussitôt Jean remarquait un consommateur, presque en face de lui.

— Ne te retourne pas… Regarde dans la glace… Il était cette nuit au… Tu sais ce que je veux dire…

— Le gros !… Oui, je le reconnais…

C’était le client entré le dernier au Gai-Moulin, le personnage large et puissant qui avait bu de la bière.

— Il ne doit pas être de Liège.

— Il fume du tabac français. Attention ! il nous observe.

— Garçon ! appela Delfosse. Cela nous fait combien ? On vous devait quarante-deux francs, je crois ?

Il tendit un billet de cent, en laissa voir quelques autres.

— Payez-vous !

Ils n’étaient bien nulle part. À peine assis, ils se remirent en marche et l’inquiétude poussa Chabot à se retourner.

— L’homme nous suit ! En tout cas, il est derrière nous…

— Tais-toi ! Tu finiras par me fiche la frousse. Pourquoi nous suivrait-il ?

— On a pourtant dû trouver le… le Turc… Ou alors, il n’était pas mort…

— Mais tais-toi donc ! gronda Delfosse avec une dureté accrue.

Ils parcoururent trois cents mètres en silence.

— Tu crois que nous devons aller là-bas ce soir ?

— Bien sûr ! Cela n’aurait pas l’air naturel si…

— Dis donc ! Peut-être qu’Adèle sait quelque chose ?

Jean avait mal aux nerfs. Il ne savait où regarder, ni que dire. Il n’osait pas se retourner et il sentait derrière lui la présence de l’homme aux larges épaules.

— S’il traverse la Meuse sur nos talons, c’est qu’il nous suit !

— Tu rentres chez toi ?

— Il faut bien… Ma mère est furieuse…

Il aurait été capable d’éclater soudain en sanglots, là, au milieu de la rue.

— Il passe le pont… Tu vois qu’il nous suit !…

— Tais-toi !… À ce soir… Je suis arrivé…


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