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Simenon, Georges - Liberty Bar

На электронном книжном портале my-library.info можно читать бесплатно книги онлайн без регистрации, в том числе Simenon, Georges - Liberty Bar. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. В онлайн доступе вы получите полную версию книги с кратким содержанием для ознакомления, сможете читать аннотацию к книге (предисловие), увидеть рецензии тех, кто произведение уже прочитал и их экспертное мнение о прочитанном.
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Название:
Liberty Bar
Автор
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неизвестно
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Год:
неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - Liberty Bar

Simenon, Georges - Liberty Bar краткое содержание

Simenon, Georges - Liberty Bar - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

Cela commença par une sensation de vacances. Quand Maigret descendit du train, la moitié de la gare d'Antibes était baignée d'un soleil si lumineux qu'on n'y voyait les gens s'agiter que comme des ombres. Des ombres portant chapeau de paille, pantalon blanc, raquette de tennis. L'air bourdonnait. Il y avait des palmiers, des cactus en bordure du quai, un pan de mer bleue au-delà de la lampisterie. Et tout de suite quelqu'un se précipita. - Le commissaire Maigret, je pense ? Je vous reconnais grâce à une photo qui a paru dans les journaux... Inspecteur Boutigues...


Boutigues ! Rien que ce nom-là avait l'air d'une farce ! Boutigues portait déjà les valises de Maigret, l'entraînait vers le souterrain. Il avait un complet gris perle, un œillet rouge à la boutonnière, des souliers à tiges de drap. - C'est la première fois que vous venez à Antibes ?


[http://www.amazon.fr/Maigret-Liberty-Bar-Georges-Simenon/dp/2253142522](http://www.amazon.fr/Maigret-Liberty-Bar-Georges-Simenon/dp/2253142522)


Liberty Bar читать онлайн бесплатно

Liberty Bar - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

L’autre approuvait de la tête, sans avoir l’air de bien comprendre.

— Il dit oui, mais il ne sait pas au juste ce que je viens de lui raconter ! fit la femme sans se soucier du marin. Il peut pas s’habituer au français… C’est un bon type… Il a une femme et des enfants dans son pays… Montre la photo, Yan !… Photo, oui…

Et l’homme tira une photographie de sa vareuse. Elle représentait une jeune femme assise devant une porte et deux bébés dans l’herbe, devant elle.

— Des jumeaux ! expliquait la tenancière. Yan vient de temps en temps manger ici, parce qu’il se sent en famille. C’est lui qui a apporté le gigot et les pêches…

Maigret regarda la fille, qui ne pensait toujours pas à cacher son sein.

— Et… cette…

— C’est Sylvie, la filleule de William…

— La filleule ?

— Oh ! pas à l’église !… Il n’a pas assisté à son baptême… Est-ce que t’es baptisée seulement, Sylvie ?

— Bien sûr !

Elle regardait toujours Maigret avec méfiance, tout en mangeant du bout des dents, sans appétit.

— William avait de l’affection pour elle… Elle lui racontait ses misères… Il la consolait…

Maigret était assis sur un tabouret, les coudes sur les genoux, le menton dans les mains. La grosse femme préparait une salade frottée d’ail qui avait l’air d’un pur chef-d’œuvre.

— Vous avez déjeuné ?

Il mentit.

— Oui… je…

— Parce qu’il faudrait le dire… Ici, on ne se gêne pas… Pas vrai, Yan ?… Regardez-le ! Il dit oui et il n’a rien compris… Je les aime, moi, ces garçons du Nord !…

Elle goûta la salade, ajouta un filet d’huile d’olive au parfum fruité. Il n’y avait pas de nappe sur la table, qui n’était peut-être pas très propre.

Un escalier s’amorçait dans la cuisine même et devait conduire à un entresol. Dans un coin, une machine à coudre.

La cour était pleine de soleil, si bien que le soupirail se découpait comme un rectangle aveuglant et que, par contraste, on avait l’impression de vivre dans une demi-obscurité froide.

— Vous pouvez me questionner… Sylvie est au courant… Quant à Yan…

— Il y a longtemps que vous tenez ce bar ?

— Peut-être quinze ans… J’étais mariée avec un Anglais, un ancien acrobate, si bien que nous avions la clientèle de tous les marins anglais, puis des artistes de music-hall… Mon mari s’est noyé il y a neuf ans aux régates… Il courait pour une baronne qui a trois bateaux et que vous devez connaître…

— Et depuis lors ?

— Rien ! Je garde la maison…

— Vous avez beaucoup de clients ?

— Je n’y tiens pas… Ce sont plutôt des amis, comme Yan, comme William… Ils savent que je suis toute seule et que j’aime la compagnie… Ils viennent boire une bouteille, ou bien ils apportent des rascasses, un poulet, et je fais la popote…

Elle emplit les verres, constata que Maigret n’en avait pas…

— Tu devrais prendre un verre pour le commissaire, Sylvie.

Celle-ci se leva sans un mot, se dirigea vers le bar. Sous son peignoir, elle était nue. Elle avait les pieds nus dans des sandales. En passant, elle frôla Maigret, sans s’excuser.

Pendant le court moment qu’elle resta dans le bar, l’autre en profita pour murmurer :

— Faut pas faire attention… Elle adorait Will… Alors, ça lui a donné un coup…

— Elle couche ici ?

— Des fois oui… Des fois non…

— Qu’est-ce qu’elle fait ?

Alors la femme regarda Maigret d’un air de reproche. Elle semblait dire : « Et c’est vous, un commissaire de la Police judiciaire, qui me posez cette question ? »

Elle ajouta aussitôt :

— Oh ! c’est une fille tranquille, pas vicieuse pour un sou…

— William savait ?…

À nouveau le même regard. Est-ce qu’elle s’était trompée sur le compte de Maigret ? Est-ce qu’il ne comprenait rien ? Allait-il falloir mettre les points sur les ?

Yan avait fini de manger. Il attendait de pouvoir dire quelque chose, mais elle devina.

— Oui. Tu peux aller, Yan… Tu viens ce soir ?

— Si les patrons vont au Casino…

Il se leva, hésita à accomplir les rites traditionnels. Mais comme la femme lui tendait le front, il y posa un baiser machinal, en rougissant, à cause de Maigret. Il rencontra Sylvie, qui revenait avec un verre.

— Tu pars ?

— Oui…

Et il l’embrassa de la même façon, esquissa un drôle de salut à l’adresse de Maigret, heurta la marche, plongea littéralement dans la rue tout en ajustant sa casquette.

— Un garçon qui n’aime pas faire la bombe, comme la plupart des matelots de yacht… Il préfère venir ici…

Elle avait fini de manger aussi. Elle se mettait à son aise, les deux coudes sur la table.

— Tu passeras le café, Sylvie ?

C’est à peine si l’on entendait les bruits de la rue. Sans le rectangle de soleil, on n’eût même pu dire à quelle heure du jour ou de la nuit on vivait.

Un réveille-matin marquait la fuite du temps, posé au milieu de la cheminée.

— Alors, qu’est-ce que vous voulez savoir au juste ?… À votre santé !… C’est encore du whisky à William…

— Comment vous appelle-t-on ?

— Jaja… Pour me taquiner, ils disent la grosse Jaja…

Et elle regardait son énorme poitrine qui reposait sur la table.

— Il y a longtemps que vous connaissez William ?

Sylvie avait repris sa place, et, le menton dans la main, ne quittait pas Maigret du regard. La manche de son peignoir trempait dans son assiette.

— Je dirais presque depuis toujours. Mais je ne sais son nom que depuis la semaine dernière… Il faut dire que, du temps de mon mari, le Liberty-Bar était célèbre… Il y avait toujours des artistes… Et cela attirait la riche clientèle qui venait pour les voir.

« Surtout les patrons des yachts, qui sont presque tous des noceurs et des originaux… Je me souviens d’avoir vu plusieurs fois William, à cette époque-là, en casquette blanche, accompagné d’amis et de jolies femmes…

« Ils étaient des bandes à boire du champagne jusqu’aux petites heures et à offrir des tournées générales…

« Puis mon mari est mort. J’ai fermé pendant un mois… Ce n’était pas la saison… L’hiver suivant, j’ai dû passer trois semaines à l’hôpital à cause d’une péritonite…

« Quelqu’un en avait profité pour ouvrir une autre boîte sur le port même…

« Depuis lors, c’est calme… Je ne cherche même pas à avoir des clients…

« Un jour, j’ai vu revenir William, et c’est alors seulement que j’ai vraiment fait sa connaissance… On s’est soûlés… On a raconté des histoires… Il a dormi sur le divan, parce qu’il ne pouvait pas tenir debout…

— Il portait toujours une casquette de yachtman ?

— Non ! Il n’était plus tout à fait le même. Il avait le vin triste… Il a pris l’habitude de venir me voir de temps en temps…

— Vous saviez son adresse ?

— Non. Ce n’était pas à moi de le questionner. Et il ne parlait jamais de ses affaires…

— Il restait longtemps ici ?

— Trois jours, quatre jours… Il apportait à manger… Ou bien il me donnait de l’argent pour aller faire le marché… Il prétendait qu’il ne mangeait nulle part aussi bien qu’ici…

Et Maigret regardait la chair rose du gigot, le reste de salade parfumée. C’était vraiment appétissant.

— Sylvie était avec vous ?

— Vous ne voudriez pas ! Elle a tout juste vingt et un ans…

— Comment l’avez-vous connue ?

Et, comme Sylvie prenait un air buté, Jaja lui lança :

— Le commissaire sait ce que c’est, va !… C’était un soir que William était ici… Nous n’étions que nous deux dans le bar… Sylvie est arrivée avec des particuliers qu’elle avait rencontrés je ne sais où, des voyageurs de commerce ou quelque chose du même genre… Ils étaient déjà gais… Ils ont commandé à boire… Quant à elle, on sentait tout de suite qu’elle était nouvelle… Elle voulait les emmener avant qu’ils soient ivres… Elle ne savait pas s’y prendre… Et ce qui devait arriver est arrivé… À la fin, ils étaient si soûls qu’ils ne se sont plus occupés d’elle et qu’ils l’ont laissée ici… Elle pleurait… Elle a avoué qu’elle arrivait de Paris pour la saison et qu’elle n’avait même pas de quoi payer l’hôtel. Elle a dormi avec moi… Elle a pris l’habitude de venir…

— En somme, grommela Maigret, les gens qui entrent ici prennent tous cette habitude…

Et la vieille, rayonnante :

— Qu’est-ce que vous voulez ? C’est la maison du Bon Dieu ! On ne s’en fait pas. On prend les jours comme ils viennent…

Elle était sincère. Son regard descendit lentement vers la poitrine de la fille, et elle soupira :

— Dommage qu’elle n’ait pas plus de santé… On lui voit encore les côtes… William voulait lui payer un mois dans un sana, mais elle n’a jamais voulu…

— Pardon ! Est-ce que William… et elle…

Ce fut Sylvie elle-même qui répondit, rageuse :

— Jamais ! Ce n’est pas vrai…

Et la grosse Jaja d’expliquer en sirotant son café :

— Ce n’était pas l’homme à ça… Surtout avec elle… Je ne dis pas que de temps en temps…

— Avec qui ?

— Des femmes… Des femmes qu’il ramassait n’importe où… Mais c’était rare… Et cela ne l’intéressait pas…

— À quelle heure vous a-t-il quittée, vendredi ?

— Tout de suite après le déjeuner… Il devait être deux heures, comme aujourd’hui…

— Et il n’a pas dit où il allait ?

— Il ne parlait jamais de ça…

— Sylvie était ici ?

— Elle est partie cinq minutes avant lui.

— Pour aller où ? demanda Maigret à l’intéressée.

Et elle, méprisante :

— Cette question !

— Vers le port ?… C’est là que…

— Là et ailleurs !

— Il n’y avait personne d’autre au bar ?

— Personne… Il faisait très chaud… Je me suis endormie une heure sur une chaise…

Or, il était plus de cinq heures quand William Brown était arrivé à Antibes avec sa voiture !

— Il fréquentait d’autres bars comme celui-ci ?

— Aucun ! D’ailleurs, les autres ne sont pas comme celui-ci !

Évidemment ! Maigret lui-même, qui n’y était que depuis une heure, avait l’impression de le connaître depuis toujours. Peut-être parce qu’il n’y avait rien de personnel ? Ou encore à cause de cette atmosphère de vie paresseuse, relâchée ?

On n’avait pas le courage de se lever, de partir. Le temps s’écoulait lentement. Les aiguilles du réveil avançaient sur le cadran blafard. Et le rectangle de soleil diminuait, au soupirail.

— J’ai lu les journaux… Je ne savais même pas le nom de famille de William… Mais j’ai reconnu la photo… On a pleuré, Sylvie et moi… Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire avec ces deux femmes ?… Dans notre situation, on ne doit pas se mêler à ces affaires-là, n’est-ce pas ?… Je m’attendais d’un moment à l’autre à voir arriver la police… Quand vous êtes sorti du bar d’en face, je me suis bien doutée…

Elle parlait lentement. Elle remplissait les verres. Elle buvait l’alcool à petites gorgées.

— Celui qui a fait ça est une crapule, parce que, des hommes comme William, il n’y en a pas beaucoup… Et je m’y connais !…

— Il ne vous a jamais parlé de son passé ?

Elle soupira. Est-ce que Maigret ne comprenait donc pas que c’était justement la maison où l’on ne parlait jamais du passé ?

— Tout ce que je puis vous dire, c’est que c’était un gentleman ! Un homme qui a été très riche, qui l’était peut-être encore… Je ne sais pas… Il a eu un yacht, des tas de domestiques…

— Il était triste ?

Elle soupira à nouveau.

— Vous ne pouvez pas comprendre ?… Vous avez vu Yan… Est-ce qu’il était triste ?… Mais ce n’est pas encore la même chose… Est-ce que je suis triste, moi ?… N’empêche qu’on boit, puis qu’on raconte des choses qui n’ont pas de suite et qu’on a envie de pleurer…

Sylvie la regardait avec réprobation. Il est vrai qu’elle n’avait bu que du café, alors que la grosse Jaja en était à son troisième petit verre.

— Je suis bien contente que vous soyez venu, parce que, ainsi, je suis quitte… On n’a rien à cacher, rien à se reprocher… Mais on sait bien, quand même, qu’avec la police… Tenez ! Si c’était la police de Cannes, je suis sûre qu’elle me ferait fermer…

— William dépensait beaucoup d’argent ?

Est-ce qu’elle ne désespéra pas de lui faire comprendre la situation ?

— Il en dépensait sans en dépenser… Il donnait de quoi aller chercher à manger et à boire… Quelquefois il payait la facture du gaz et de l’électricité, ou bien il donnait cent francs à Sylvie, pour s’acheter des bas.

Maigret avait faim. Et il y avait ce gigot savoureux à quelques centimètres de ses narines. Deux morceaux coupés restaient sur le plat. Il en prit un avec les doigts et le mangea, tout en parlant, comme s’il eût été, lui aussi, de la maison.

— Sylvie amène ses clients ici ?

— Jamais ! C’est alors qu’on nous ferait fermer… Il y a assez d’hôtels pour ça, à Cannes !…

Et elle ajouta, en regardant Maigret dans les yeux :

— Vous croyez vraiment que ce sont ses femmes qui l’ont…

Au même moment, elle détourna la tête. Sylvie se dressa un peu pour voir à travers le tulle de la porte vitrée. La porte extérieure s’était ouverte. Quelqu’un traversait le bar, poussait l’autre porte, s’arrêtait, étonné, en apercevant un visage nouveau.

Sylvie s’était levée. Jaja, un peu rose, peut-être, disait au nouveau venu :

— Entre !… C’est le commissaire qui s’occupe de William…

Et, à Maigret :

— Un ami… Joseph… Il est garçon au Casino…

Cela se voyait au plastron blanc, au nœud de cravate noir que Joseph portait sous un complet gris, avec des souliers vernis.

— Je reviendrai… dit-il.

— Mais non ! Entre…

Il n’y était pas très décidé.

— Je venais seulement dire bonjour en passant… J’ai un tuyau pour la deux et…

— Vous jouez aux courses ? fit Maigret en se tournant à demi vers le garçon de café.

— De temps en temps… Il y a des clients qui me donnent des tuyaux… Il faut que je file…

Et il battit en retraite, non sans que le commissaire ait eu l’impression qu’il adressait un signe à Sylvie. Celle-ci s’était rassise. Jaja soupirait :

— Il va encore perdre… Ce n’est pas un méchant garçon…

— Il faut que je m’habille ! dit Sylvie en se levant et en découvrant, entre les pans du peignoir, la plus grande partie de son corps, sans provocation, comme si c’eût été la chose la plus naturelle du monde.


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