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Simenon, Georges - La nuit du carrefour

На электронном книжном портале my-library.info можно читать бесплатно книги онлайн без регистрации, в том числе Simenon, Georges - La nuit du carrefour. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. В онлайн доступе вы получите полную версию книги с кратким содержанием для ознакомления, сможете читать аннотацию к книге (предисловие), увидеть рецензии тех, кто произведение уже прочитал и их экспертное мнение о прочитанном.
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Название:
La nuit du carrefour
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неизвестно
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неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - La nuit du carrefour

Simenon, Georges - La nuit du carrefour краткое содержание

Simenon, Georges - La nuit du carrefour - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

Quand Maigret, avec un soupir de lassitude, écarta sa chaise du bureau auquel il était accoudé, il y avait exactement dix-sept heures que durait l'interrogatoire de Carl Andersen.

On avait vu tour à tour, par les fenêtres ans rideaux, la foule des midinettes et des employés prendre d'assaut, à l'heure de midi, les crémeries de la place Saint-Michel, puis l'animation faiblir, la ruée de six heures vers les métros et les gares, la flânerie de l'apéritif.

La Seine s'était enveloppée de buée. Un dernier remorqueur était passé, avec feux verts et rouges, traînant trois péniches. Dernier autobus. Dernier métro. Le cinéma dont on fermait les grilles après avoir rentré les panneaux-réclame...

La nuit du carrefour читать онлайн бесплатно

La nuit du carrefour - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

— Nous nous y sommes arrêtés une nuit, en venant de Copenhague, voilà trois ans… Mais non ! Mon frère n’est pas capable de cela… S’il est devenu un peu bizarre, je suis persuadée que c’est à cause de son accident plus encore qu’à cause de notre ruine… Il était beau… Il l’est encore quand il porte son monocle… Mais autrement, n’est-ce pas ?… Le voyez-vous embrassant une femme sans ce morceau de verre noir ?… Cet œil fixe dans une chair rougeâtre…

Elle frémit.

— C’est sûrement la principale raison pour laquelle il se cache…

— Mais il vous cache, par le fait !

— Qu’est-ce que cela peut faire ?

— Vous êtes sacrifiée…

— C’est le rôle d’une femme, surtout d’une sœur… Ce n’est pas tout à fait la même chose en France… Chez nous, comme en Angleterre, dans une famille, il n’y a que le fils aîné, l’héritier du nom, qui compte…

Elle s’énervait. Elle fumait à bouffées plus courtes, plus denses. Elle marchait, tandis que se mouraient sur elle les rais de lumière.

— Non ! Carl n’a pas pu tuer… Il y a méprise… N’est-ce pas parce que vous l’avez compris que vous l’avez relâché ?… A moins…

— A moins ?…

— Vous ne l’avouerez quand même pas ! Je sais que, faute de preuves suffisantes, il arrive à la police de remettre un prévenu en liberté, afin de le confondre plus sûrement par la suite… Ce serait odieux !…

Elle écrasa sa cigarette dans le bol de porcelaine.

— Si nous n’avions pas choisi ce carrefour sinistre… Pauvre Carl, qui cherchait la solitude !… Mais nous sommes moins seuls, commissaire, que dans le quartier le plus populeux de Paris !… En face, ces gens, ces petits-bourgeois impossibles et ridicules qui nous épient… Elle surtout, avec son bonnet blanc le matin, son chignon de travers l’après-midi… Puis ce garage, un peu plus loin… Trois groupes, trois camps, dirai-je, à égale distance les uns des autres…

— Vous aviez des rapports avec les Michonnet ?

— Non ! L’homme est venu une fois, pour une assurance. Carl l’a éconduit…

— Et le garagiste ?

— Il n’a jamais mis les pieds ici…

— C’est votre frère qui, le dimanche matin, a voulu fuir ?

Elle se tut un bon moment, tête basse, des roseurs aux joues.

— Non… soupira-t-elle enfin d’une voix à peine distincte.

— C’est vous ?

— C’est moi… Je n’avais pas encore réfléchi. J’étais comme folle à l’idée que Carl avait pu commettre un crime… La veille, je l’avais vu tourmenté… Alors, je l’ai entraîné…

— Il ne vous a pas juré qu’il était innocent ?

— Oui…

— Vous ne l’avez pas cru ?

— Pas tout de suite.

— Et maintenant ?…

Elle prit son temps pour articuler en détachant toutes les syllabes :

— Je crois que, malgré tous ses malheurs, Carl est incapable, de son plein gré, de commettre une mauvaise action… Mais écoutez-moi, commissaire… Il ne va sans doute pas tarder à rentrer… S’il vous trouve ici, Dieu sait ce qu’il pensera…

Elle eut un sourire où il y avait malgré tout de la coquetterie, sinon un rien de provocation.

— Vous le défendrez, n’est-ce pas ?… Vous le tirerez de là ?… Je vous serais tellement reconnaissante !…

Elle lui tendait la main, et dans ce geste le peignoir une fois de plus s’entrouvrait.

— Au revoir, commissaire…

Il ramassa son chapeau, sortit obliquement.

— Vous pouvez refermer la porte, afin qu’il ne s’aperçoive de rien ?…

Quelques instants plus tard, Maigret descendait l’escalier, traversait le salon aux meubles disparates, gagnait la terrasse ruisselante des rayons déjà chauds du soleil.

Des autos bourdonnaient sur la route. La grille ne grinça pas tandis qu’il la refermait.

Comme il passait devant le garage, une voix gouailleuse lança :

— A la bonne heure ! Vous n’avez pas peur, vous !

C’était M. Oscar, faubourien et jovial, qui ajouta :

— Allons ! décidez-vous à venir prendre quelque chose ! Ces messieurs du Parquet sont déjà repartis. Vous avez bien une minute !

Le commissaire hésita, grimaça parce qu’un mécanicien faisait grincer sa lime sur une pièce d’acier coincée dans un étau.

— Dix litres ! criait un automobiliste arrêté près d’une des pompes. Il n’y a personne, là-dedans ?

M. Michonnet, qui n’était pas encore rasé et qui n’avait pas mis de faux col, se tenait debout dans son jardin minuscule, à regarder la route par-dessus le grillage.

— Enfin ! s’écria M. Oscar en voyant Maigret disposé à le suivre. J’aime les gens sans façon, moi ! Ce n’est pas comme l’aristo des Trois-Veuves !…

V


L’auto abandonnée

— Par ici, commissaire !… Ce n’est pas du luxe, hein !… Nous, on n’est que des ouvriers…

Il poussa la porte de la maison située derrière le garage et l’on entra de plain-pied dans une cuisine qui devait servir de salle à manger, car il y avait encore sur la table les couverts du petit déjeuner.

Une femme en peignoir de crépon rose s’interrompit de frotter un robinet de cuivre.

— Approche, ma cocotte, que je te présente le commissaire Maigret… Ma femme, commissaire !… Remarquez qu’elle pourrait se payer une bonne… Mais elle n’aurait plus rien à faire et elle s’ennuierait…

Elle n’était ni laide ni jolie. Elle avait une trentaine d’années. Son déshabillé était commun, sans séduction, et elle restait toute gauche devant Maigret, à guetter son mari.

— Sers-nous l’apéritif, va !… Un export-cassis, commissaire ?… Vous tenez à ce que je vous reçoive au salon ?… Non ?… Tant mieux ! Je suis à la bonne franquette, moi !… pas vrai, ma cocotte ?… Non ! pas ces verres-là… Des grands verres !

Il se renversa en arrière, sur sa chaise. Il portait une chemise rose, sans gilet, et il glissait ses mains dans la ceinture, sur son ventre rebondi.

— Excitante, la dame des Trois-Veuves, hé ?… Il ne faut pas trop le dire devant ma femme… Mais, entre nous, c’est un joli cadeau à faire à un homme… Seulement, il y a le frère… Qu’il dit !… Un chevalier de la triste figure, qui passe son temps à l’épier… On raconte même dans le pays que, quand il s’en va pour une heure, il l’enferme à double tour et qu’il fait la même chose toutes les nuits… Vous trouvez que ça ressemble à frère et sœur, vous, ça ?… A votre santé !… Dis donc, ma cocotte, va dire à Jojo qu’il n’oublie pas de réparer le camion du type de Lardy…

Maigret eut un mouvement vers la fenêtre, parce qu’il entendait un bruit de moteur qui lui rappelait le bruit d’une 5 CV.

— Ce n’est pas ça, commissaire !… Moi, je peux vous dire exactement, d’ici, les yeux fermés, ce qui se passe sur la route… Ce tacot-là… c’est celui de l’ingénieur de l’usine électrique… Vous attendez que notre aristo revienne ?…

Un réveille-matin posé sur une étagère marquait onze heures. Par une porte ouverte, Maigret aperçut un corridor où il y avait un appareil mural de téléphone.

— Vous ne buvez pas… A votre enquête !… Vous ne trouvez pas que c’est rigolo, cette histoire ?… L’idée de changer les voitures, et surtout de chiper la six cylindres à l’haricot d’en face !… Car c’est un haricot !… Je vous jure que nous sommes servis, en fait de voisins ! Ça m’a amusé de vous voir aller et venir depuis hier… Et surtout de vous voir regarder les gens de travers avec l’air de les soupçonner tous… Remarquez que j’ai un cousin de ma femme qui était de la police aussi… Brigade des jeux !… Il était toutes les après-midi aux courses, et le plus marrant c’est qu’il me passait des tuyaux… A votre santé !… Alors, ma cocotte, c’est fini ?…

— Oui…

La jeune femme, qui venait de rentrer, fut un moment à se demander ce qu’elle allait faire.

— Allons ! trinque avec nous… Le commissaire n’est pas fier et ce n’est pas parce que tu as tes cheveux sur des bigoudis qu’il refusera de boire à ta santé…

— Vous permettez que je donne un coup de téléphone ? interrompit Maigret.

— C’est ça !… Tournez la manivelle… Si c’est pour Paris, on vous branche immédiatement…

Il chercha d’abord dans l’annuaire le numéro de la Maison Dumas et Fols, les fabricants de tissus chez qui Carl Andersen devait toucher de l’argent.

La conversation fut brève. Le caissier, qu’il eut au bout du fil, confirma qu’Andersen avait deux mille francs à encaisser ce jour-là, mais ajouta qu’on ne l’avait pas encore vu rue du 4 Septembre.

Quand Maigret revint dans la cuisine, M. Oscar se frottait ostensiblement les mains.

— Vous savez ! j’aime mieux vous avouer que ça me fait plaisir… Car, bien entendu, je connais la musique !… Il arrive une histoire au carrefour… Nous ne sommes que trois ménages à habiter ici… Comme de juste, on nous soupçonne tous les trois… Mais si ! Faites pas l’innocent… J’ai compris que vous me regardiez de travers et que vous hésitiez à venir trinquer avec moi !… Trois maisons !… L’assureur a l’air trop idiot pour être capable de commettre un crime !… L’aristo est un monsieur qui en impose !… Alors, il restait bibi, un pauvre diable d’ouvrier qui a fini par s’installer patron, mais qui ne sait pas causer… Un ancien boxeur ! Si vous demandez des renseignements sur moi à la Tour pointue, on vous dira que j’ai été ramassé deux ou trois fois dans les rafles, parce que ça me plaisait d’aller danser une java, rue de Lappe, surtout du temps que j’étais boxeur… Une autre fois, j’ai cassé la gueule à un agent qui me cherchait des misères… A votre santé, commissaire !…

— Merci…

— Vous n’allez pas refuser !… Un export-cassis, ça n’a jamais fait de mal à personne… Vous comprenez, moi, j’aime jouer franc jeu… Ça m’embête que vous tourniez autour de mon garage avec l’air de me regarder en dessous… Pas vrai, ma cocotte ?… Je ne te l’ai pas dit hier au soir ?… Le commissaire est là !… Eh bien ! qu’il entre !… qu’il cherche partout !… Qu’il me fouille ! Et qu’il avoue ensuite que je suis un bon bougre franc comme l’or… Ce qui me passionne, dans cette histoire, ce sont les bagnoles… Car, au fond, c’est une affaire de bagnoles…

Onze heures et demie ! Maigret se leva.

— Encore un coup de téléphone à donner…

Le front soucieux, il demanda la Police judiciaire, chargea un inspecteur d’envoyer le signalement de la 5 CV d’Andersen à toutes les gendarmeries, ainsi qu’aux frontières.

M. Oscar avait bu quatre apéritifs et ses joues en étaient plus roses, ses yeux brillants.

— Je sais bien que vous allez refuser de manger la blanquette de veau avec nous… Surtout qu’ici on mange dans la cuisine… Bon ! Voilà le camion à Groslumeau qui revient des Halles… Vous permettez, commissaire ?…

Il sortit. Maigret resta seul avec la jeune femme, qui tournait une cuiller de bois dans une casserole.

— Vous avez un joyeux mari !

— Oui… Il est gai…

— Et brutal à l’occasion, pas vrai ?

— Il n’aime pas qu’on le contredise… Mais c’est un brave garçon…

— Un peu coureur ?

Elle ne répondit pas.

— Je parie qu’il fait de temps en temps une bombe carabinée…

— Comme tous les hommes…

La voix devenait amère. On entendait les échos d’une conversation du côté du garage.

— Mets ça là !… Bon ! Oui… On te changera tes pneus arrière, demain matin…

M. Oscar revint, exultant. On sentait qu’il avait envie de chanter, de faire le petit fou.

— Vrai ! Vous ne voulez pas boulotter avec nous, commissaire ?… On sortirait un vieux pinard de la cave !… Qu’est-ce que t’as à faire une bobine comme ça, Germaine ?… Ah ! les femmes !… Ça ne peut jamais garder la même humeur pendant deux heures…

— Je dois regagner Avrainville ! dit Maigret.

— Faut-il que je vous y conduise en voiture ?… Il y en a pour une minute…

— Merci… Je préfère marcher…

Dehors, Maigret tomba dans une atmosphère toute chaude de soleil et, sur le chemin d’Avrainville, il fut précédé par un papillon jaune.

A cent mètres de l’auberge, il rencontra le brigadier Lucas qui venait à sa rencontre.

— Eh bien ?

— Comme vous le pensiez !… Le médecin a extrait la balle… C’est une balle de carabine…

— Rien d’autre ?

— Si ! On a des renseignements de Paris… Isaac Goldberg y est arrivé dans sa voiture, une Minerva carrossée en grand sport, avec laquelle il avait l’habitude de se déplacer et qu’il conduisait lui-même… C’est dans cette voiture qu’il a dû faire la route de Paris au carrefour…

— C’est tout ?

— On attend des renseignements de la Sûreté belge.

L’auto de grande remise au sortir de laquelle Mme Goldberg avait été tuée était repartie avec son chauffeur.

— Le corps ?

— Ils l’ont emmené à Arpajon… Le juge d’instruction est inquiet… Il m’a recommandé de vous dire de faire diligence… Il craint surtout que les journaux de Bruxelles et d’Anvers donnent une publicité trop large à l’affaire…

Maigret se mit à fredonner, pénétra dans l’auberge, alla s’asseoir à sa table.

— Il y a le téléphone ?

— Oui ! Mais il ne fonctionne pas entre midi et deux heures. Il est midi et demi…

Le commissaire mangea sans rien dire et Lucas comprit qu’il était préoccupé. A plusieurs reprises, le brigadier essaya en vain d’amorcer la conversation.

C’était une des premières belles journées du printemps. Le repas fini, Maigret traîna sa chaise dans la cour, la planta près d’un mur, au milieu des poules et des canards, sommeilla une demi-heure au soleil.

Mais, à deux heures précises, il était debout, s’accrochait au téléphone.

— Allô !… La PJ ?… On n’a pas retrouvé la 5 CV ?…

Il se mit à tourner en rond dans la cour. Dix minutes plus tard, on le rappelait à l’appareil. C’était le Quai des Orfèvres.

— Commissaire Maigret ?… Nous recevons à l’instant un coup de téléphone de Jeumont… La voiture est là-bas… Elle a été abandonnée en face de la gare… On suppose que son occupant a préféré passer la frontière à pied ou en train…

Maigret ne raccrocha qu’un instant, demanda la Maison Dumas et Fils. On lui apprit que Carl Andersen ne s’était toujours pas présenté pour toucher ses deux mille francs.

Quand, vers trois heures, Maigret, flanqué de Lucas, passa près du garage, M. Oscar surgit de derrière une voiture et prononça joyeusement :

— Ça va, commissaire ?

Maigret ne répondit que d’un signe de la main, continua sa route vers la maison des Trois-Veuves.

Les portes et les fenêtres de la villa Michonnet étaient closes, mais, une fois de plus, on vit un rideau frémir à la fenêtre de la salle à manger.


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