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Simenon, Georges - La tête dun homme

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Название:
La tête dun homme
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неизвестно
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неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - La tête dun homme

Simenon, Georges - La tête dun homme краткое содержание

Simenon, Georges - La tête dun homme - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

Quand une cloche, quelque part, sonna deux coups, le prisonnier était assis sur son lit et deux grandes mains noueuses étreignaient ses genoux repliés. L'espace d'une minute peut-être il resta immobile, comme en suspens, puis soudain, avec un soupir, il étendit ses membres, se dressa dans la cellule, énorme, dégingandé, la tête trop grosse, les bras trop longs, la poitrine creuse. Son visage n'exprimait rien, sinon l'hébétude, ou encore une indifférence inhumaine. Et pourtant, avant de se diriger vers la porte au judas fermé, il tendit le poing dans la direction d'un des murs.

La tête dun homme читать онлайн бесплатно

La tête dun homme - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

— On se retrouvera un jour ou l’autre, vois-tu !…

Là-dessus il salua le barman, enfonça ses mains dans ses poches et sortit.


— J’ai l’impression que ce sont ceux-là, mais je vais m’en assurer ! dit l’employé de l’Hôtel George-V en examinant les billets que Maigret venait de lui remettre.

Quelques instants plus tard, il était en rapport téléphonique avec la banque.

— Allô ! Avez-vous noté les numéros des cent billets de cent francs que j’ai fait prendre hier matin ?…

Il les inscrivit au crayon, raccrocha, se tourna vers le commissaire.

— C’est bien cela !… Pas d’histoire ennuyeuse, au moins ?…

— Pas du tout… M. et Mme Crosby sont chez eux ?

— Ils sont sortis il y a une demi-heure…

— Vous les avez vus personnellement sortir ?

— Comme je vous vois…

— L’hôtel a plusieurs issues ?

— Deux, mais la seconde est réservée au service…

— Vous m’avez dit que M. et Mme Crosby étaient rentrés cette nuit vers trois heures… Depuis ce moment, ils n’ont pas reçu de visite ?…

On questionna le garçon d’étage, la femme de chambre, le portier.

Maigret acquit ainsi la preuve que les Crosby n’avaient pas quitté leur appartement de trois heures du matin à onze heures et que personne n’avait pénétré chez eux.

— Ils n’ont pas non plus envoyé une lettre par le chasseur ?

Rien ! D’autre part, depuis la veille à quatre heures de l’après-midi jusqu’au matin à sept heures, Jean Radek avait été enfermé au poste de police de Montparnasse, d’où il n’avait pu communiquer avec l’extérieur.

Or, à sept heures du matin, il se trouvait sur le trottoir, sans argent. Vers huit heures, il semait l’inspecteur Janvier à la gare Montparnasse.

A dix heures, on le retrouvait à la Coupole, muni d’une somme d’au moins onze mille francs, dont dix mille, à coup sûr, étaient la veille au soir dans la poche de William Crosby.

— Vous permettez que je jette un coup d’œil là-haut ?

Le gérant, embarrassé, finit par donner l’autorisation, et l’ascenseur conduisit Maigret au troisième étage.

C’était le banal appartement de palace, composé de deux chambres, de deux cabinets de toilette, d’un salon et d’un boudoir.

Les lits étaient encore défaits, les déjeuners non desservis. Le valet de chambre était occupé à brosser le smoking de l’Américain tandis que, dans l’autre pièce, une robe de soirée était jetée sur une chaise.

Des objets traînaient, des étuis à cigarettes, un sac de dame, une canne, un roman dont les pages n’étaient pas coupées.

Maigret regagna l’avenue, se fit conduire au Ritz, où un maître d’hôtel confirma que les Crosby, en compagnie de miss Edna Reichberg, avaient occupé la veille la table 18. Ils étaient arrivés vers neuf heures et n’étaient pas repartis avant deux heures et demie. Le maître d’hôtel n’avait rien remarqué d’anormal.

— Et pourtant les billets… grogna Maigret en traversant la place Vendôme.

Il s’arrêta soudain, faillit être accroché par le garde-boue d’une limousine.

— Pourquoi diable ce Radek me les a-t-il montrés ? Il y a mieux : c’est moi, maintenant, qui les détiens, et je serais bien embarrassé de donner une explication légale… Et cette histoire de la Seine…

Il arrêta une voiture, brusquement, sans se donner la peine de réfléchir.

— Combien de temps vous faut-il pour aller à Nandy ? C’est un peu plus loin que Corbeil…

— Une heure… Les routes sont grasses…

— En route ! Déposez-moi devant un bureau de tabac…

Et Maigret, bien calé dans un coin de la voiture, dont les vitres s’embuaient à l’intérieur tandis que l’extérieur était perlé de pluie, passa une heure comme il les aimait.

Il fumait sans répit, enveloppé chaudement dans l’énorme pardessus noir qui était célèbre au quai des Orfèvres.

Des paysages de banlieue défilaient, puis la campagne d’octobre avec parfois un glauque ruban de Seine aperçu entre deux pignons ou entre des arbres chauves.

« Radek n’a pu avoir qu’une raison de parler et de me montrer les billets : le désir de détourner momentanément l’enquête en me jetant un nouveau mystère dans les jambes…

Mais pourquoi ?… Pour donner à Heurtin le temps de fuir ?… Pour compromettre Crosby ?

En même temps il se compromet lui-même !… »

Et le commissaire se souvenait des paroles du Tchèque : « Toutes les données, dès le début, ont été faussées… »

Parbleu ! N’est-ce pas parce qu’il l’avait compris que Maigret avait obtenu ce supplément d’enquête, alors que la Cour d’assises s’était déjà prononcée ?

Mais faussées dans quelle proportion et comment ? Il existait des indices matériels qu’il était impossible de truquer !

A la rigueur, l’assassin de Mme Henderson et de sa femme de chambre pouvait avoir emprunté les chaussures de Heurtin pour laisser des traces des semelles dans la villa.

Il n’en allait pas de même des empreintes digitales. On en avait retrouvé sur des objets qui n’avaient pas quitté les lieux du crime pendant la nuit, comme les rideaux et les draps du lit !

Alors, qu’est-ce qui était faussé ? Heurtin avait bien été vu à minuit au Pavillon-Bleu ! Il était bien rentré chez lui, rue Monsieur-le-Prince, à quatre heures du matin.

« Vous n’y comprenez rien et vous comprendrez de moins en moins ! » affirmait ce Radek qui surgissait en plein cœur de l’affaire alors que pendant des mois on l’avait totalement ignoré.

La veille, à la Coupole, William Crosby n’avait pas eu un regard vers le Tchèque. Et quand Maigret avait prononcé son nom, il n’avait pas tressailli.

N’empêche que les billets de cent francs avaient passé de la poche de l’un dans la poche de l’autre !

Et Radek tenait à faire connaître ce détail à la police ! Mieux ! C’était lui, maintenant, qui semblait se pousser au premier rang, réclamer le rôle principal !

— Il a eu exactement deux heures de liberté entre le moment où il a quitté le poste de police et le moment où je l’ai retrouvé à la Coupole… Pendant ces deux heures, il s’est rasé, a changé de chemise… C’est pendant ce temps aussi qu’il est devenu possesseur des billets de banque…

Maigret, qui voulait se rassurer, y parvint en concluant :

« Au minimum, cela lui a pris une demi-heure ! Donc, il n’a pas eu le temps matériel de se rendre à Nandy… »

Le village se trouve sur le plateau qui domine la Seine. Là-haut, le vent d’ouest soufflait en rafales, ployant les arbres, tandis que des champs bruns, où errait un chasseur qui paraissait minuscule, s’étalaient jusqu’à l’horizon.

— Où dois-je vous conduire ? questionna le chauffeur en ouvrant la vitre.

— A l’entrée du village… Attendez-moi…

Il n’y avait qu’une longue rue et, au milieu, un écriteau annonçant : Evariste Heurtin, aubergiste.

Quand Maigret poussa la porte, une sonnette tinta, mais il n’y avait personne dans la salle ornée de chromos. Pourtant le chapeau du brigadier Lucas était là, accroché à un clou. Le commissaire appela :

— Holà ! Quelqu’un !…

Il entendit des pas au-dessus de sa tête, mais cinq minutes s’écoulèrent avant qu’on se décidât à descendre l’escalier qui s’amorçait au fond d’un couloir.

Alors Maigret vit devant lui un homme d’une soixantaine d’années, assez grand, dont le regard avait une fixité inattendue.

— Qu’est-ce que vous voulez ? questionna-t-il, du corridor.

Mais, presque aussitôt :

— Vous êtes de la police aussi ?…

La voix était neutre, les syllabes à peine articulées, et l’aubergiste ne se donna pas la peine d’ajouter quelque chose. D’un geste, il désigna l’escalier au pied duquel il était resté et dont il gravit lentement les marches.

Des bruits confus arrivaient d’en haut. L’escalier était étroit, les murs blanchis à la chaux. Quand une porte fut ouverte, Maigret aperçut avant tout le brigadier Lucas qui se tenait, tête basse, près de la fenêtre, et qui resta un moment sans le voir.

En même temps un lit, une forme penchée et une vieille femme affalée dans un vieux fauteuil Voltaire.

La chambre était grande, avec des poutres apparentes au plafond, et le papier de tenture manquait par places. Le plancher de sapin craquait sous les pas.

— Fermez la porte ! prononça avec impatience l’homme penché sur le lit.

C’était le médecin ! Sa trousse était ouverte sur la table ronde en acajou. Et Lucas, la mine défaite, s’approchait enfin de Maigret.

— Déjà ?… Comment avez-vous fait ?… Il n’y a pas une heure que j’ai téléphoné…

La poitrine nue, la peau livide, les côtes saillantes, c’était Joseph Heurtin qui était étendu sur le lit, comme un objet cassé.

La vieille femme gémissait toujours. Le père, debout au chevet du condamné, avait un regard effrayant à force d’être vide.

— Venez ! dit Lucas… Je vais vous mettre au courant…

Ils sortirent. Sur le palier, le brigadier hésita, poussa la porte d’une autre chambre qui n’était pas encore faite. Des vêtements de femme traînaient. La fenêtre donnait sur la cour, où les poules pataugeaient dans du fumier détrempé.

— Alors ?…

— Une sale matinée, je vous jure !… Tout de suite après vous avoir téléphoné, je suis revenu et j’ai fait signe au gendarme qu’il pouvait s’en aller… Ce qui s’est passé alors, j’ai dû le deviner, petit à petit…

Le père Heurtin était dans la salle avec moi. Il m’a demandé si je voulais manger quelque chose… Je sentais qu’il me regardait d’un air soupçonneux, surtout quand je lui ai dit que je coucherais peut-être à l’auberge et que j’attendais quelqu’un…

A certain moment, il y a eu des chuchotements dans la cuisine, qui est au fond du couloir, et j’ai vu le patron tendre l’oreille avec étonnement…

— Tu es là, Victorine ? a-t-il crié.

Il y a eu deux ou trois minutes de silence. Puis la vieille est arrivée, avec une drôle de mine…

La mine de quelqu’un qui est bouleversé et qui veut paraître naturel…

— Je vais au lait… a-t-elle annoncé.

— Mais il n’est pas l’heure…

Elle est partie quand même, en sabots, un fichu sur la tête, tandis que son mari gagnait la cuisine, où il n’y avait plus que sa fille…

J’ai perçu des éclats de voix, des sanglots, une seule phrase que j’aie pu comprendre :

— J’aurais dû m’en douter… Rien qu’à voir la tête de ta mère…

Et il est passé dans la cour, à grands pas… Il a ouvert une porte, sans doute celle de la remise où Joseph Heurtin s’était caché…

Il n’est revenu qu’une heure plus tard, alors que la jeune fille servait à boire à deux charretiers.

Elle avait les yeux rouges. Elle n’osait pas nous regarder. La vieille est rentrée. Il y a eu un nouveau conciliabule dans le fond de la maison.

Quand le père est reparu, il avait le regard que vous lui avez vu…

Ce n’est qu’après que j’ai compris toutes ces allées et venues… Les deux femmes ont découvert Joseph Heurtin dans la remise et elles ont décidé de ne rien dire au vieux…

Celui-ci a senti dans l’air quelque chose d’anormal… Sa femme partie, il a questionné la fille, qui n’a pas su se taire… Alors il est allé voir notre garçon et il a signifié qu’il ne le voulait plus dans la maison…

Vous l’avez aperçu… C’est un honnête homme, qui doit avoir des principes sévères… Du même coup il a deviné qui j’étais…

Je ne pense pas qu’il m’aurait livré le gamin… Peut-être même avait-il décidé de l’aider à s’en aller…

Toujours est-il que, vers dix heures, alors que je m’étais placé près de la fenêtre de la cour, j’ai aperçu la vieille qui, malgré la pluie, marchait sur ses bas et, frôlant les murs, se dirigeait vers la remise.

Quelques secondes plus tard elle poussait de grands cris… Un vilain spectacle, patron !… Je suis arrivé en même temps que le père Heurtin et je vous garantis que j’ai vu la sueur gicler de ses tempes…

Le garçon était drôlement affalé contre le mur et il fallait y regarder de près pour s’apercevoir qu’il s’était pendu à un clou.

Le vieux a eu plus de présence d’esprit que moi. C’est lui qui a coupé la corde. Il a renversé son fils dans la paille et il a commencé à lui tirer la langue, tout en criant à sa fille d’aller chercher un médecin…

Depuis lors, c’est le désordre… Vous avez vu… J’en ai encore la gorge serrée…

Personne, à Nandy, ne sait la vérité… On croit que c’est la vieille qui est malade…

A deux, nous avons porté le corps là-haut et il y a près d’une heure que le docteur le tripote…

Il paraît que Joseph Heurtin peut en réchapper… Son père n’a pas desserré les dents… La jeune fille a eu une crise et on l’a enfermée dans la cuisine pour l’empêcher de crier…

Une porte s’ouvrit. Maigret gagna le palier, vit le médecin qui se disposait à partir.

Il descendit en même temps que lui, l’arrêta dans la salle du café.

— Police judiciaire, docteur… Où en est-il ?

C’était un médecin de campagne qui ne cacha pas son peu de sympathie pour la police.

— Vous allez l’emmener ? questionna-t-il avec mauvaise humeur.

— Je ne sais pas… Son état ?…

— On l’a dépendu à temps… Mais il en a pour quelques jours à se remettre… C’est à la Santé qu’il s’est affaibli ainsi ?… A croire qu’il n’a plus de sang dans les veines…

— Je vous demanderai de ne parler de ceci à personne, n’est-ce pas ?…

— La recommandation est inutile… Il y a le secret professionnel…

Le père était descendu à son tour. Son regard guettait le commissaire. Mais il ne posa pas la moindre question. Machinalement, il enleva les deux verres vides qui se trouvaient sur le comptoir et les plongea dans l’évier.

La minute était lourde d’angoisse rentrée. Les sanglots de la jeune fille parvenaient jusqu’aux trois hommes. Enfin Maigret soupira.

— Cela vous ferait-il plaisir de le garder ici quelque temps ? articula-t-il en surveillant le vieillard.

Pas de réponse.

— Je suis obligé de laisser un de mes hommes dans la maison…

Le regard de l’aubergiste se fixa sur Lucas, puis se baissa à nouveau vers le comptoir… Une larme roulait sur sa joue.

— Il a juré à sa mère… commença-t-il.

Mais il détourna la tête. Il ne pouvait plus parler. Par contenance, il se versa un verre de rhum et il eut un haut-le-cœur en y trempant les lèvres.

Maigret se tourna vers Lucas, se contenta de murmurer :

— Reste…

Il ne sortit pas tout de suite. Il fit le tour par le couloir, trouva une porte qui ouvrait sur la cour intérieure. A travers les vitres de la cuisine, il aperçut une forme féminine collée au mur, la tête dans les bras repliés.


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