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Коллектив авторов - Африка. История и историки

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Африка. История и историки
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28 январь 2019
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Коллектив авторов - Африка. История и историки

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В сборнике суммируются результаты исследований ведущими российскими африканистами широкого спектра проблем, связанных с историческим сознанием африканских обществ в колониальную и постколониальную эпохи, которое остается практически не изученным в отечественной и зарубежной исторической науке. Делается попытка объяснить феномен рождения африканской исторической мысли и ее национальных ветвей в их конфликте и взаимодействии с западной исторической традицией, реконструируются основные этапы ее эволюции с учетом региональной специфики. Анализ форм африканской исторической мысли проводится в широком культурно-историческом, социально-политическом и межцивилизационном контекстах. Результаты исследования важны как для изучения реального прошлого, так и для выявления особых знаковых систем, свойственных африканской культуре на решающих стадиях ее развития.Издание предназначено для широкого круга читателей, в первую очередь историков, политологов, культурологов, этнологов, социологов и журналистов.

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1.4. De Ramanantsoa au Directoire, la difficile transition

Le général Ramanantsoa voulait rester dans la légalité. Mais, le mouvement de mai 1972 s’était radicalisé et, pour aboutir vers une nouvelle organisation du pouvoir et de l’État, les meneurs, autour de Manandafy Rakotonirina, préparaient un grand congrès: le Zaikabe[778]. Ramanantsoa fut alors forcé à prendre les devants et organisa le 8 octobre 1972 un référendum qui devait légitimer son pouvoir. Le «oui» l’emporta largement.

Ramanantsoa prit à son compte les principes de malgachisation de l’administration, d’émancipation réelle de la tutelle française (lui qui s’exprimait en malgache avec difculté!). Les partis politiques furent suspendus (mais vite remplacés par des associations!). Mais sitôt le gouvernement mis en place, l’ethnicisme politique resurgit autour de ce qui restait du PSD. Le noyau du PSD regroupé autour de Tsiranana et de Botokeky créa l’Union Socialiste Malgache (USM) déclarant ouvertement agir pour défendre l’intérêt des côtiers. En novembre et décembre 1972, des émeutes anti-merina éclatèrent à Tamatave et à Diégo. Les troubles furent réprimés.

Le 13 mai 1973, l’aile gauche du mouvement de mai 1972, dirigée par le MFM de Manandafy Rakotonirina organisa une manifestation; les meneurs furent arrêtés.

L’action la plus éclatante fut à l’actif du jeune ministre des Afaires Etrangères Didier Ratsiraka, par la révision des accords de coopération. Le dynamique ministre de l’Intérieur Richard Ratsimandrava se ft remarquer par sa volonté de revenir à l’authenticité malgache en ressuscitant les fokonolona[779]. Ses idées seront récupérées par Didier Ratsiraka. En adoptant un discours agressif et menaçant à l’encontre des anciens dirigeants les very seza, il se faisait sans le savoir des ennemis dangereux.

Suite aux troubles et à l’instabilité qui s’installait, les Européens, les colons, ainsi que beaucoup de Chinois et d’Indopakistanais quittèrent l’île. Au mois de décembre 1974, un mandat d’arrêt fut lancé contre une trentaine d’ofciers côtiers soupçonnés de vouloir renverser le régime Ramanantsoa. Parmi ces ofciers, le colonel Bréchard Rajaonarison rejoignit le camp des ex-FRS rebaptisés Groupement Mobile de la Police (GMP) et s’engagea vers une rébellion ouverte contre le régime. Ils eurent le soutien d’André Resampa, de Philibert Tsiranana ainsi que de certains ministres du gouvernement Ramanantsoa. Le 25 janvier 1975, Ramanantsoa dissout le gouvernement mais n’arriva pas à en former un nouveau. Le 5 février 1975, il démissionna et donna les pleins pouvoirs au colonel Ratsimandrava.

Ratsimandrava forma alors un gouvernement; parmi les rares rescapés du gouvernement Ramanantsoa, il n’avait gardé ni Didier Ratsiraka ni Albert Zafy. Au lieu de prendre une position conciliante de rassembleur, le colonel se cantonna à son discours menaçant; des tentatives de négociation furent entamées pour résoudre la rébellion de Bréchard Rajaonarison. Les positions étaient inconciliables. Le 11 février 1975, il fut assassiné six jours après avoir pris les pleins pouvoirs.

Pour ne pas laisser un vide à la tête du pays, le Directoire militaire composé de 18 ofciers dirigé par le général Andriamahazo se constitua. Parmi les membres fgurait Didier Ratsiraka, mais Rabetafka en était absent. La loi martiale fut proclamée aussitôt et la rébellion fut réprimée par les armes. Au procès (mars – juin 1975) comparurent, avec les militaires rebelles, Philibert Tsiranana et André Resampa. Le procès se termina par un verdict clément (acquittement ou peines légères pour la majorité des accusés). Le Directoire put ainsi rétablir l’ordre et préserver l’unité du pays.

Une fois ce problème résolu, une lutte pour le contrôle du pouvoir au sein du Directoire se termina par la victoire du jeune Didier Ratsiraka qui dissout le Directoire militaire le 15 juin 1975. Le Directoire fut remplacé par un Conseil Suprême de la Révolution (CSR). Didier Ratsiraka annonça une série de mesures radicales et inattendues qui surprirent plus d’un, comme la nationalisation des banques et des compagnies d’assurance ainsi que l’expropriation des grandes unités agricoles coloniales.

2. La Révolution Nationale Démocratique de Didier Ratsiraka: un autre socialisme (1975–1992)

2.1. L’organisation du pouvoir personnel

Un régime présidentiel

De juin à décembre 1975, Didier Ratsiraka prépara son entrée pour une occupation durable du pouvoir: il choisit une option socialiste révolutionnaire qui transformerait radicalement la société et l’économie. Ses idées sont résumées dans la «Charte de la révolution nationale socialiste», ouvrage qu’il appellera par la suite «Boky mena» («Livre rouge») pour confrmer son engagement révolutionnaire et socialiste.

Il soumit le «Boky mena», ainsi qu’une nouvelle constitution et sa candidature à la présidence, à un plébiscite le 21 décembre 1975. La République Démocratique de Madagascar (RDM) fut alors solennellement proclamée le 30 décembre et en même temps, Didier Ratsiraka prêtait serment en tant que président de la République.

La mise en place des institutions se ft progressivement. Le régime est présidentiel. Le président Ratsiraka détient des pouvoirs immenses: élu pour sept ans, il nomme les membres du Conseil Suprême de la Révolution, organe purement consultatif et honorifque qui regroupe les chefs de parti. Le Premier ministre, les membres du gouvernement, les hauts fonctionnaires, les ofciers de commandement sont désignés par lui. Seuls les partis membres du Front National pour la Défense de la Révolution (FNDR) sont autorisés.

Renaissance des fokonolona: centralisme démocratique

On procède à une décentralisation territoriale. Le fokonolona renaît et devient la cellule de base de l’administration. Les fraisana (les cantons) remplacent les communes, les fvondronana (les sous-préfectures) et les faritany (les provinces). Des personnalités élues issues du FNDR (majoritairement de l’AREMA), président ces collectivités décentralisées. Cette décentralisation territoriale basée sur le fokonolona a trouvé des échos favorables parmi la population. Ces dénominations sont restées et ont résisté à toutes les reformes antérieures.

Plutôt l’est que l’ouest: les équivoques du non-alignement

Le régime se distingue de la première République par ses relations extérieures: Didier Ratsiraka préconise une diplomatie tous azimuts et un non-alignement qui se traduit par un alignement sur les pays progressistes, et le bloc de l’est. La République Démocratique entretient des relations privilégiées avec la Corée du Nord, Cuba, ainsi que l’URSS et ses satellites. Le choix politique est, à priori, clair; Selon Didier Ratsiraka:

«Toute notre politique doit tendre vers la création d’une base et des conditions favorables à l’édifcation socialiste (sans provoquer pour autant un efondrement de notre économie, générateur de troubles sociaux) c’est-à-dire à l’édifcation d’une société nouvelle fondée sur les principes socialistes:

une démocratie véritable impliquant la suppression et l’exploitation de l’homme par l’homme;

une juste répartition des richesses et facteurs de production;

une répartition égale de la culture;

l’appropriation par l’État et par le peuple des principaux moyens de production;

la suppression de toute discrimination fondée sur la race ou la religion;

la liberté de religions et l’existence de la propriété privée si cellesci ne sont pas contraires au programme et aux objectifs de la révolution.

Le programme qui sera défni ici trace un cadre d’actions, une ligne générale qui doit être claire pour tout le monde:

un État nouveau;

des structures socio-économiques nouvelles;

une mentalité nouvelle»

(Ratsiraka D. Charte de la Révolution Socialiste Malagasy.Р.21)

2.2. Orientations économiques et culturelles du socialisme révolutionnaire

Nationalisations, expropriations, décolonisation de l’économie (1975–1980)

En 1979, sur 358 entreprises, 279 appartenaient à des étrangers et 61 seulement à des nationaux. C’est ce qui a amené le régime vers la nationalisation de toutes les banques, les assurances ainsi que des entreprises importantes (EEM, Shell, Esso, Agip, COROI, Compagnie Marseillaise de Madagascar…). Didier Ratsiraka pensait en adoptant le capitalisme d’État (c’est-à-dire l’appropriation collective des moyens de production), redistribuer les profts (les bénéfces) vers le peuple. Un grand nombre de propriétés coloniales furent nationalisées.

Ces mesures furent acclamées par la population. Les intellectuels saluèrent et participèrent à la mise en place de cette Révolution Nationale Démocratique (RND) qui exprimait la ferté nationale, la souveraineté et l’indépendance réelle tant attendue. Enfn, «fers d’être malgaches, libres et indépendants»!

Quand l’état devient entrepreneur et investit à outrance

Vers la fn des années soixante dix, le contexte économique était favorable: excédent de la balance commerciale grâce à un cours élevé du prix du café, cours favorable de la vanille… De 1977 à 1981, Madagascar avait donc de l’argent et adopta une politique d’investissements à outrance, investissements improductifs réalisés sans études sérieuses préalables. Les plus signifcatifs parmi ces mésaventures fnancières sont: l’usine d’engrais chimique ZEREN, les unités mécaniques TOLY, l’usine de café soluble KAFEMA… La détérioration des termes de l’échange, aggravée par le second choc pétrolier provoqua un endettement et un accroissement de l’infation. Pendant cette période, Madagascar était encore rejetée par les institutions fnancières internationales.

Le bilan mitigé de la politique éducative. Malgachisation et démocratisation

Dans la Charte de la révolution socialiste, l’éducation constituait un élément central dans la marche vers le progrès. L’intention de donner les mêmes chances à l’accès au savoir est, certes, louable mais démocratiser l’enseignement ne fut guère une tâche facile: l’objectif fut de doter chaque fokontany[780] d’une école primaire, chaque fraisana d’un collège d’enseignement général et chaque fvondronana d’un lycée. A défaut de budget, chaque collectivité devait, suivant ses possibilités et ses motivations, construire les locaux. Au niveau supérieur, on créa un Centre Universitaire Régional (CUR) pour chaque faritany. La scolarisation connut alors un développement spectaculaire. Mais les moyens manquaient sur tous les plans: fnancier, technique ou humain. Ce qui ne fut pas sans conséquences sur la qualité et le niveau. Un efort fut fait pour malgachiser l’enseignement: adapter le contenu aux réalités de la Révolution nationale, malgachiser la langue d’enseignement, enfn malgachiser les diplômes.

Il semble que l’on ait trop vite attribué à la malgachisation les carences du système éducatif actuel. Il s’agit plus d’un problème de moyens et de volonté que d’un choix linguistique.

2.3. L’échec du socialisme révolutionnaire

La fn des grandes illusions du paradis socialiste (1982–1989)

Malgré tout cela, Didier Ratsiraka fut réélu sans problèmes en 1982, puis en 1989. Il est indéniable que pendant cette période, le pays marquait une période de souveraineté réelle et une indépendance politique efective. Mais, la voie adoptée, malgré des intentions louables, avait engendré d’autres problèmes: boycott des institutions fnancières, aggravation de la pauvreté, détérioration du service public miné par la corruption, défciences des services de santé et déchéance de l’éducation.

La pauvreté rampante et les pénuries ont eu comme conséquences, l’amplifcation de l’insécurité, le développement du grand banditisme et la banalisation de la corruption. Refus de crédit, paupérisation et pénurie, ont contraint le régime à négocier avec le FMI et à abandonner progressivement ses principes idéologiques. Madagascar fut amenée à solliciter l’adhésion au Programme d’Ajustement Structurel (PAS) dès 1983, elle sera efective en 1984, mais les efets ne se feront sentir que deux années après. Ce qui a valu à Didier Ratsiraka d’être réélu pour un troisième septennat en 1989.

Les retombées tardives du PAS et le réveil des Forces Vives (1989–1990)

En 1990, on observe une amélioration de la situation économique. Mais les retombées sur le petit peuple restèrent faibles. Un discours politique maladroit et inadapté, ne tenant pas compte de l’évolution de l’opinion a contribué à discréditer défnitivement le régime. A défaut de parti d’opposition, tous les mécontents se sont exprimés à travers les églises, les syndicats et les diverses associations qui sont les Forces Vives de la nation liguées contre l’État AREMA. Une concertation nationale des Forces Vives regroupant syndicats, associations professionnelles et religieuses ainsi que quelques partis politiques eut lieu à Antananarivo du 16 au 19 août 1990. L’AREMA fut invité, mais encore assuré de sa force, méprisa les assises. La concertation réclama une nouvelle constitution pour une Troisième République et la mise en place d’un gouvernement de transition.

Les évènements de 1991–1992

A partir du mois de mai 1991, les Forces Vives organisèrent des manifestations quotidiennes sur la place du 13 mai et entreprirent une campagne de désobéissance civile. Ils parvinrent à déclencher une grève générale en juin. Et la place du 13 mai devint le siège quotidien d’imposantes manifestations où le peuple réclame révision de la constitution, nouvelles élections législatives et gouvernement de transition. Face au silence du pouvoir qui pensait encore que le temps jouait pour lui, les Forces Vives installèrent un gouvernement insurrectionnel et un chef d’État le 24 juillet 1991; cette tendance dure, représentée par Albert Zafy, Andriamanjato Richard et le général Rakotoarison, trouve l’adhésion de la majorité écrasante des manifestants (Forces Vives Rasalama). Autant les forces vives étaient déterminées à en fnir avec la RDM, autant Ratsiraka se réfugiait dans sa légitimité et pensait encore pouvoir tout préserver en usant de ses talents de politicien et de stratège hors pair.

Le 10 août 1991, les Forces Vives Rasalama décidèrent de marcher sur le palais présidentiel d’Iavoloha pour forcer la main au président Didier Ratsiraka. La sécurité de la présidence réagit en tirant sur la foule et ft 31 morts et 230 blessés parmi les manifestants. Il s’ensuivit alors une période d’incertitudes, mais il est devenu évident que les positions des uns et des autres étaient inconciliables. Didier Ratsiraka refusait d’avoir comme interlocuteurs les manifestants du 13 mai qu’il méprisait. Il renvoya le Premier ministre Victor Ramahatra et désigna Guy Willy Razanamasy, une fgure bien connue dans la capitale, à sa place.

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