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Коллектив авторов - Африка. История и историки

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Африка. История и историки
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28 январь 2019
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Коллектив авторов - Африка. История и историки

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В сборнике суммируются результаты исследований ведущими российскими африканистами широкого спектра проблем, связанных с историческим сознанием африканских обществ в колониальную и постколониальную эпохи, которое остается практически не изученным в отечественной и зарубежной исторической науке. Делается попытка объяснить феномен рождения африканской исторической мысли и ее национальных ветвей в их конфликте и взаимодействии с западной исторической традицией, реконструируются основные этапы ее эволюции с учетом региональной специфики. Анализ форм африканской исторической мысли проводится в широком культурно-историческом, социально-политическом и межцивилизационном контекстах. Результаты исследования важны как для изучения реального прошлого, так и для выявления особых знаковых систем, свойственных африканской культуре на решающих стадиях ее развития.Издание предназначено для широкого круга читателей, в первую очередь историков, политологов, культурологов, этнологов, социологов и журналистов.

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Le 10 août 1991, les Forces Vives Rasalama décidèrent de marcher sur le palais présidentiel d’Iavoloha pour forcer la main au président Didier Ratsiraka. La sécurité de la présidence réagit en tirant sur la foule et ft 31 morts et 230 blessés parmi les manifestants. Il s’ensuivit alors une période d’incertitudes, mais il est devenu évident que les positions des uns et des autres étaient inconciliables. Didier Ratsiraka refusait d’avoir comme interlocuteurs les manifestants du 13 mai qu’il méprisait. Il renvoya le Premier ministre Victor Ramahatra et désigna Guy Willy Razanamasy, une fgure bien connue dans la capitale, à sa place.

La mission de Guy Willy Razanamasy était alors de mener les négociations avec les Forces Vives. Une convention dite «Convention de Panorama» fut signée le 31 octobre 1991. Cette convention prévoyait la mise en place d’un gouvernement de transition pour 18 mois, la création d’une Haute Autorité de l’Etat (HAE), l’élaboration d’une nouvelle constitution et la dissolution de l’Assemblée nationale et du Conseil Suprême de la Révolution (CSR). Didier Ratsiraka devait rester en place comme chef d’État, Guy Willy Razanamasy dirigeait le gouvernement de transition et Albert Zafy fut nommé à la tête de la HAE. A l’issue du forum national (23–30 mars 1992), un projet de constitution fut rédigé. Cette constitution fut approuvée sans difcultés par le référendum du 19 août 1992.

3. La Troisième Republique (de 1992 à nos jours)

3.1. La constitution de la Troisième Republique: première version (août 1992)

La nouvelle constitution traduit une volonté de se démarquer complètement du régime présidentiel et personnel de Didier Ratsiraka. Elle est très démocratique et traduit une volonté d’éviter tout pouvoir personnel: le pouvoir du président est considérablement diminué, celui du Premier ministre accru, l’Assemblée nationale ne sera plus croupion et aura pouvoir de contrôler l’exécutif, de sanctionner le Premier ministre et de déposer le président. Ainsi, les trois entités: Assemblée nationale, gouvernement et président de la République se partagent le pouvoir. Le principal danger n’était plus le pouvoir personnel, mais l’instabilité.

3.2. Les forces vives au pouvoir (1993–1996)

Albert Zafy fut élu président de la République le 10 février 1993. Les élections législatives du 16 juin 1993 donne une Assemblée nationale à majorité de circonstances, disparate et fuctuante du fait de l’inconsistance des partis politiques et de la disparition d’une base de diférentiation et d’engagement entre les partis.

La Troisième République, à ses débuts, a du mal à défnir une ligne et à s’engager dans une orientation économique claire. L’existence de tendances contradictoires, l’inexpérience et la méconnaissance des pratiques élémentaires du système économique et fnancier, la simplicité naïve de certains responsables aboutissent au rejet des négociations avec la Banque Mondiale: refus d’honorer les services de la dette, mirage des fnancements parallèles, décisions contradictoires des institutions, autant de signes visibles des contradictions internes du pouvoir annonciateurs de la gabégie qui s’installe.

3.3. L’empêchement d’Albert Zafy (juillet – septembre 1996)

Le bilan économique et social est tristement décevant, voire malheureux: disparition des mesures socialistes réglementant les prix de quelques produits de première nécessité, infation galopante, dépréciation de la santé publique, dégradation du système éducatif, généralisation de la corruption, goût amer de la gabégie et de l’irresponsabilité des dirigeants.

Ce bilan malheureux a entraîné déception et désillusion précoce du peuple qui a déchiré ses fonds de culotte sur le trottoir de la contestation. La nouvelle classe politique adopte des comportements pires que l’ancienne. De 1993 à 1996, les confits sont permanents entre le président de la République, l’Assemblée nationale et le gouvernement.

Conscient des lacunes de la constitution, le président de la République soumet des amendements accroissant ses pouvoirs par référendum, amendements dont Didier Ratsiraka sera le premier bénéfciaire, car le 26 juillet 1996 une motion d’empêchement est adoptée par l’Assemblée nationale contre Albert Zafy. Elle est entérinée par la cour constitutionnelle le 3 septembre 1996.

3.4. Le retour de Didier Ratsiraka (1996–2001)

Des élections anticipées sont annoncées pour le 3 novembre 1996. De suite, Didier Ratsiraka annonce sa candidature et retourne à Madagascar. Il gagne les élections au second tour contre Albert Zafy le 29 décembre 1996. Et il annonce l’avènement d’une «République humaniste et écologique». En 1997, il organise un référendum constitutionnel, amendant la Constitution pour la troisième fois afn de mettre fn à l’instabilité du régime et mettre en place les provinces autonomes et toutes les chances de son côté.

Le second passage de Didier Ratsiraka à la présidence de la République, par rapport à la gabégie laissée par ses prédécesseurs semble avoir eu un bilan meilleur: taux de croissance de 6,5 % en 2000, diminution de la pauvreté en milieu urbain, amélioration sensible du système éducatif, reprise des négociations et amélioration des rapports avec les institutions fnancières internationales (les bailleurs de fonds). De nouveau, face à la carence des autres partis politiques dont il connaît très bien les dirigeants, il n’a pas eu beaucoup de mal à rétablir l’hégémonie de son parti (qui change de dénomination et non de sigle!). La mise en place des provinces autonomes et les déclarations traditionnelles d’allégeance qui s’en suivirent semblaient présager une installation durable du régime. Il faudrait voir dans l’institution des provinces autonomes une volonté de la présidence de la République à disposer d’un soutien solide et efcace, pour préserver une dépendance à une Assemblée nationale désormais peu sûre.

D’ailleurs, vieillissant et s’inspirant probablement des pratiques des précédents dirigeants, Didier Ratsiraka commençait à lancer dans la politique et dans les afaires les membres de sa famille. Le développement de sourdes rivalités au sein de son parti, et surtout la banalisation de la corruption suivie d’enrichissements rapides avait contribué à la fragilisation du régime. Quand Didier Ratsiraka, visiblement en mauvaise santé, annonce sa candidature après avoir fait de l’éclipse du 21 juin 2000 un évènement national, même dans son entourage, seul un petit nombre misait sur lui.

C’est une des perspectives qui annonce l’imbroglio électoral qui s’ensuit.

3.5. Les évènements de 2002

Le maire d’Antananarivo, Marc Ravalomanana, se présente à l’élection présidentielle du 16 décembre 2001. Ce chef d’entreprise, issu de milieu modeste, un «self made man», représentait aux yeux de bon nombre de Malgaches, l’exemple de la réussite honnête, par le travail, la persévérance et le savoir faire. Il faudra ajouter le désir d’un renouvellement de la classe politique, les partis d’opposition ayant déjà fait leur preuve.

Les premiers résultats, ofcieux puis ofciels frent de la part des électeurs de Marc Ravalomanana l’objet d’une contestation radicale. Ils donnaient Ravalomanana vainqueur devant Ratsiraka, mais, n’ayant pas obtenu la majorité absolue, ils devaient se préparer à un second tour. Marc Ravalomanana revendiquait la victoire dès le premier tour et accusait le pouvoir d’avoir organisé des fraudes massives. Dès le 4 janvier 2002, la place du 13 mai devient le lieu privilégié d’un mouvement pacifque de protestation qui s’amplife après la proclamation ofcielle des résultats du 25 janvier.

Les deux camps maintiennent leur position et, le 22 février, Ravalomanana, emporté par la foule, est proclamé président. Le 4 mars, un gouvernement est formé, dirigé par Albert Sylla, et aussitôt, les manifestants installent les ministres. En réaction, Didier Ratsiraka, président encore reconnu par la communauté internationale, déplace son gouvernement à Toamasina, et avec les cinq gouverneurs des provinces autonomes, organise le blocus de la capitale. La médiation de l’Organisation de l’Unité Africaine aboutit à l’Accord de Dakar signé le 18 avril par Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana. Les deux partis s’entendent pour un nouveau décompte des voix et la levée des barrages. Le nouveau décompte qui donne Marc Ravalomanana gagnant avec 51,46 % des voix est rejeté par Didier Ratsiraka.

3.6. L’ère Ravalomanana

Le 6 mai 2002, Ravalomanana est proclamé solennellement président et prête serment devant la Haute Cour Constitutionnelle, conformément à la Constitution, sous la présence d’une partie du corps diplomatique et avec l’allégeance de l’Armée et de la Gendarmerie. Le 26 juin, les Etats Unis reconnaissent le régime, suivis aussitôt par quelques pays. La France hésite, et fnalement reconnaît le nouveau pouvoir le 3 juillet. La prise du contrôle des provinces fut rendue possible par le ralliement de l’armée. A Toamasina, les afrontements furent évités par le départ de Ratsiraka. Des résistances plus sérieuses eurent lieu à Majunga et dans la province de Diégo. En août, le nouveau pouvoir avait pris en main le contrôle de tout le pays.

Marc Ravalomanana crée son parti, le Tiko I Madagasikara (TIM). Le TIM obtient 104 sièges sur 160 aux élections législatives de décembre 2002, une majorité confortable qui sera renforcée par le succès du TIM aux municipales de novembre 2003.

Les attentes de la population sur le nouveau régime étaient très fortes, alors que l’économie avait profondément soufert des efets des événements de 2002. Des mesures furent prises pour relancer l’économie: amélioration du réseau routier, facilitation de l’accès aux biens d’équipement par la suppression momentanée des taxes, lutte contre la corruption, sécurisation de la propriété foncière, lancement d’une nouvelle monnaie lariary qui remplace le franc malgache.

Le cadre de référence était toujours le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP). La défnition des priorités du régime semblait traduire une volonté d’asseoir l’autorité de l’État dans la bonne gouvernance. Les autres axes prioritaires de la politique générale de l’État furent: l’amélioration des infrastructures (routes, télécommunication, énergie), l’έducation pour tous, la santé publique, le développement du monde rural, la préservation de l’environnement et le tourisme. Ce qui n’était pas étranger à la suppression des dettes de Madagascar par les institutions fnancières internationales.

Aux élections présidentielles du 3 décembre 2006, Marc Ravalomanana se présente pour sa propre succession avec une dizaine de candidats; il remporte la victoire, avec une majorité confortable, se mettant ainsi à l’abri de contestation sérieuse.

Souvent, le second mandat est moins bon que le premier dans l’histoire des démocraties, mais pour Marc Ravalomanana, ce n’est pas le cas. Le 4 avril 2007, il soumet par référendum une révision de la constitution qui renforce le pouvoir du président, qui supprime les provinces autonomes et met en place un nouveau découpage territorial en 22 régions, introduit l’anglais comme langue ofcielle avec le malgache et le français. Dans l’entourage du président, le projet d’un troisième mandat était en route.

La création des régions a été faite pour avoir des entités plus efcaces. Les provinces, trop étendues ne présentaient pas réellement une unité géographique cohérente. L’opposition, pourtant attachée aux provinces avait choisi (la mauvaise idée) de boycotter le référendum et la révision fut adoptée. Habilement, Marc Ravalomanana s’appliqua à museler l’opposition Aux législatives du 27 septembre 2007, le TIM rafa les 82 % des sièges à l’Assemblée Nationale. L’opposition parlementaire était réduite à rien. Des mesures vexatoires furent prises par les nouveaux chefs de régions à l’endroit de l’opposition qui avait beaucoup de difcultés à organiser meetings et réunions publics. Des stations radiophoniques appartenant à l’opposition furent interdites d’émettre et fermées. La couverture nationale fut interdite aux radios et télévisions privées, mais pourtant autorisée de facto pour la MBS, la radiotélévision du président. La dérive autoritaire du régime était devenue une réalité vécue et ressentie particulièrement du côté des intellectuels et des syndicats comme le SECES (Syndicat des Enseignants Chercheurs de l’Enseignement Supérieur) et le SMM (Syndicat des Magistrats de Madagascar). La bonne gouvernance était annoncée par le pouvoir, déclarée dans les bonnes intentions politiques, mais de ce côté-là, les arbres du progrès masquaient la forêt des anciennes pratiques des démocraties post-coloniales. Et en vérité, des eforts tangibles ont été faits sur les trois initiatives suivantes:

L’amélioration de la gestion fnancière à travers l’adoption et la mise en œuvre d’un plan de réforme;

La lutte anti-corruption par la création du Bureau Indépendant Anti-corruption (BIANCO) et de la SAMFIN;

le renforcement de la société civile et des medias, en particulier dans les actions de développement[781].

Mais les résultats ont été mitigés et souvent ces mesures ont abouti à un sentiment d’inégalité de traitements parmi la population malgache.

Toujours est-il que l’on ne pourra pas nier chez Marc Ravalomanana d’avoir eu cette volonté de faire avancer les choses et de faire bouger le cocotier. Il a le mérite d’avoir cru aux ressources de la population malgache et aux potentiels du pays. Il a cette conviction qu’en travaillant dur, vite et bien, le peuple malgache pourrait démarrer l’économie et sortir de la pauvreté. Il revient aux dirigeants de donner un cadre bien défni et apporter des mesures appropriées. Les mesures prises lors du premier mandat ont démontré l’efcacité du pragmatisme de l’homme d’afaire malgache: distribution de kit scolaire pour encourager la scolarisation, recours aux compétences étrangères pour relancer les sociétés d’État en difculté, pour avoir des bons résultats et vite, RRI (Rapid Results Initiative) oblige!

Si au cours du premier mandat le document de référence était le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP), en 2006, le gouvernement malgache élabore le Madagascar Action Plan (MAP), une approche intégrée du développement et de la lutte contre la pauvreté qui s’appuie largement sur les Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD). C’est la feuille de route du gouvernement malgache pour la période allant de 2007 à 2011. Elle est bien partie, mais fut brutalement interrompue par le coup d’État d’Andry Rajoelina et ses partisans.

Si on observe les tendances des indicateurs sur les années 2006–2008, on observe une nette amélioration de la situation sur l’économique et le social. Après la longue tendance récessive des années 80 et 90, le PIB s’est mis à croître durant les années de présidence de Marc Ravalomanana. Et, ce, malgré le ralentissement de l’économie mondiale et la crise mondiale de 2008[782]. Il est vrai que, pour une longue période entre 1960 et 2007, le PIB par tête a reculé de plus d’un tiers! Et même si l’atteinte des objectifs du millénaire semble peu probable, la remontée est réelle.

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