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Simenon, Georges - La nuit du carrefour

На электронном книжном портале my-library.info можно читать бесплатно книги онлайн без регистрации, в том числе Simenon, Georges - La nuit du carrefour. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. В онлайн доступе вы получите полную версию книги с кратким содержанием для ознакомления, сможете читать аннотацию к книге (предисловие), увидеть рецензии тех, кто произведение уже прочитал и их экспертное мнение о прочитанном.
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Название:
La nuit du carrefour
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неизвестно
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неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - La nuit du carrefour

Simenon, Georges - La nuit du carrefour краткое содержание

Simenon, Georges - La nuit du carrefour - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

Quand Maigret, avec un soupir de lassitude, écarta sa chaise du bureau auquel il était accoudé, il y avait exactement dix-sept heures que durait l'interrogatoire de Carl Andersen.

On avait vu tour à tour, par les fenêtres ans rideaux, la foule des midinettes et des employés prendre d'assaut, à l'heure de midi, les crémeries de la place Saint-Michel, puis l'animation faiblir, la ruée de six heures vers les métros et les gares, la flânerie de l'apéritif.

La Seine s'était enveloppée de buée. Un dernier remorqueur était passé, avec feux verts et rouges, traînant trois péniches. Dernier autobus. Dernier métro. Le cinéma dont on fermait les grilles après avoir rentré les panneaux-réclame...

La nuit du carrefour читать онлайн бесплатно

La nuit du carrefour - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

Un chat fut seul à se sauver de la cuisine, aux murs de céramique blanche.

L’inspecteur regardait Maigret avec inquiétude. Ils s’engagèrent bientôt dans l’escalier, arrivèrent au premier étage, où trois portes entouraient le palier.

Le commissaire ouvrit celle de la chambre en façade.

Un courant d’air, venant de la vitre brisée, agitait le store. Dans le fauteuil, ils virent une chose saugrenue, un manche à balai posé en travers, entouré à son sommet d’une boule de chiffons qui, dépassant le dossier du fauteuil, donnait, de l’extérieur, en ombre chinoise, l’impression d’une tête.

Maigret ne sourit même pas, ouvrit une porte de communication, éclaira une seconde chambre à coucher, qui était vide.

Dernier étage. Une mansarde avec des pommes posées sur le plancher à deux ou trois centimètres les unes des autres et des chapelets de haricots verts pendus à la poutre. Une chambre qui devait être une chambre de bonne, mais qui ne servait pas, car elle ne contenait qu’une vieille table de nuit.

Ils redescendirent. Maigret traversa la cuisine, gagna la cour. Elle était orientée à l’est, et de ce côté grandissait le halo sale de l’aube.

Une petite remise… Une porte qui bougeait…

— Qui va là ?… tonna-t-il en brandissant son revolver.

Il y eut un cri d’effroi. La porte, qui n’était plus retenue de l’intérieur, s’ouvrit d’elle-même et l’on vit une femme qui tombait à genoux, qui clamait :

— Je n’ai rien fait !… Pardon !… Je… Je…

C’était Mme Michonnet, les cheveux en désordre, les vêtements maculés du plâtre de la remise.

— Votre mari ?

— Je ne sais pas !… Je jure que je ne sais rien !… Je suis assez malheureuse !…

Elle pleurait. Toute sa chair abondante semblait s’amollir, s’écrouler. Son visage paraissait dix ans plus vieux que d’habitude, tuméfié par les larmes, décomposé par la peur.

— Ce n’est pas moi !… Je n’ai rien fait !… C’est cet homme, en face…

— Quel homme ?…

— L’étranger… Je ne sais rien !… Mais c’est lui, vous pouvez en être sûr !… Mon mari n’est pas un assassin ni un voleur… Il a toute une vie d’honnêteté derrière lui !… C’est lui !… Avec son mauvais œil !… Depuis qu’il s’est installé au carrefour, tout va mal… Je…

Un poulailler était plein de poules blanches, qui picoraient le sol couvert de beaux grains jaunes de maïs. Le chat s’était juché sur un appui de fenêtre et ses yeux luisaient dans la demi-obscurité.

— Relevez-vous…

— Qu’est-ce que vous allez me faire ?… Qui a tiré ?…

C’était pitoyable. Elle avait près de cinquante ans et elle pleurait comme une enfant. Elle était désemparée. Au point que, quand elle fut debout et que Maigret, d’un geste machinal, lui tapota l’épaule, elle se jeta presque dans ses bras, posa en tout cas sa tête sur la poitrine du commissaire, se raccrocha aux revers de son veston en gémissant :

— Je ne suis qu’une pauvre femme, moi !… j’ai travaillé toute ma vie !… Quand je me suis mariée, j’étais caissière dans le plus grand hôtel de Montpellier.

Maigret l’écartait, mais ne pouvait mettre fin à ces confidences plaintives.

— J’aurais mieux fait de rester comme j’étais… Car on me considérait… Quand je suis partie, je me souviens que le patron, qui avait de l’estime pour moi, m’a dit que je regretterais sa maison…

» Et c’est vrai !… J’ai trimé plus dur que jamais…

Elle fondait à nouveau. La vue de son chat ranima sa détresse.

— Pauvre Mitsou ! Tu n’y es pour rien non plus, toi !… Et mes poules, mon petit ménage, ma maison !… Tenez ! je crois, commissaire, que je serais capable de tuer cet homme-là s’il était devant moi !… Je l’ai senti le premier jour que je l’ai vu… Rien que son œil noir…

— Où est votre mari ?…

— Est-ce que je sais ?

— Il est parti hier au soir de bonne heure, n’est-ce pas ? Exactement après la visite que je lui ai faite !… Il n’était pas plus malade que moi…

Elle ne savait que répondre. Elle regardait vivement autour d’elle comme pour chercher un appui.

— C’est vrai qu’il a la goutte…

— Mlle Else est déjà venue ici ?

— Jamais ! s’écria-t-elle avec indignation. Je ne veux pas de pareilles créatures chez moi…

— Et M. Oscar ?

— Vous l’avez arrêté ?

— Presque !

— Il ne l’a pas volé non plus… Mon mari n’aurait jamais dû voir des gens qui ne sont pas de notre monde, qui n’ont aucune éducation… Ah ! si seulement on écoutait les femmes… Dites ! qu’est-ce que vous croyez qu’il va se passer ?… J’entends des coups de feu tout le temps… S’il arrivait quelque chose à Michonnet, il me semble que je mourrais de honte !… Sans compter que je suis trop vieille pour me remettre à travailler…

— Rentrez chez vous…

— Qu’est-ce que je dois faire ?

— Buvez quelque chose de chaud… Attendez. Dormez si vous le pouvez…

— Dormir ?…

Et, sur ce mot, ce fut un nouveau déluge, une crise de larmes, mais qu’elle dut achever toute seule, car les deux hommes étaient sortis.

Maigret revint pourtant sur ses pas, décrocha le récepteur téléphonique.

— Allô ! Arpajon ?… Police !… Voulez-vous me dire quelle communication a été demandée par la ligne que j’occupe, au cours de la nuit ?

Il fallut attendre quelques minutes. Enfin il eut la réponse.

— Archives 27-45… C’est un grand café de la Porte Saint-Martin…

— Je sais… Vous avez eu d’autres communications du Carrefour des Trois-Veuves ?…

— A l’instant… Du garage, on me demande des gendarmeries…

— Merci !

Quand Maigret rejoignit l’inspecteur Grandjean sur la route, une pluie fine comme un brouillard commençait à tomber. Le ciel, néanmoins, devenait laiteux.

— Vous vous y retrouvez, vous, commissaire ?

— A peu près…

— Cette femme joue la comédie, n’est-ce pas ?

— Elle est tout ce qu’il y a de plus sincère…

— Pourtant… son mari…

— Celui-là, c’est une autre paire de manches. Un honnête homme qui a mal tourné. Ou, si tu préfères, une canaille qui était née pour faire un honnête homme… Il n’y a rien de plus compliqué !… Ça se ronge pendant des heures pour découvrir un moyen de s’en tirer… Ça imagine des complications inouïes… Ça vous joue un rôle à la perfection… Par exemple, il reste à savoir ce qui, à un moment donné de son existence, l’a décidé à s’établir canaille, si je puis dire… Enfin reste à savoir aussi ce qu’il a bien pu imaginer pour cette nuit…

Et Maigret bourra une pipe, s’approcha de la grille des Trois-Veuves. Il y avait un agent en faction.

— Rien de nouveau ?

— Je crois qu’on n’a rien trouvé… Le parc est cerné… Néanmoins, on n’a vu personne…

Les deux hommes contournèrent le bâtiment qui devenait jaunâtre dans le clair-obscur et dont les détails d’architecture commençaient à se dessiner.

Le grand salon était exactement dans le même état que lors de la première visite de Maigret : le chevalet portait toujours l’ébauche d’une tapisserie à grandes fleurs cramoisies. Un disque, sur le phonographe, renvoyait deux reflets en forme de diabolo. Le jour naissant pénétrait dans la pièce à la manière d’une vapeur aux étirements irréguliers.

Les mêmes marches d’escalier craquèrent. Dans sa chambre, Carl Andersen, qui râlait avant l’arrivée du commissaire, se tut dès qu’il l’aperçut, dompta sa douleur mais non son inquiétude, balbutia :

— Où est Else ?

— Dans sa chambre.

— Ah !…

Cela parut le rassurer. Il soupira, tâta son épaule, avec un plissement du front.

— Je crois que je n’en mourrai pas…

C’était son œil de verre qui était le plus pénible à regarder, parce qu’il ne participait pas à la vie du visage. Il restait net, limpide, grand ouvert, alors que tous les muscles étaient en mouvement.

— J’aime mieux qu’elle ne me voie pas ainsi… Est-ce que vous croyez que mon épaule se remettra ?… A-t-on averti un bon chirurgien ?…

Lui aussi devenait enfant, comme Mme Michonnet, sous le coup de l’angoisse. Son regard implorait. Il demandait à être rassuré. Mais ce qui semblait l’absorber le plus, c’était son physique, les traces que les événements pourraient laisser sur son aspect extérieur.

Par contre, il faisait preuve d’une volonté extraordinaire, d’une faculté remarquable de surmonter la douleur. Maigret, qui avait vu ses deux blessures, appréciait en connaisseur.

— Vous direz à Else…

— Vous ne voulez pas la voir ?

— Non ! Il vaut mieux pas… Mais dites-lui que je suis ici, que je guérirai, que… que j’ai toute ma lucidité, qu’elle doit avoir confiance… Répétez-lui ce mot : confiance !… Qu’elle lise quelques versets de la Bible… L’histoire de Job, par exemple… Cela vous fait sourire, parce que les Français ne connaissent pas la Bible… Confiance !… Et toujours, je reconnaîtrai les miens… C’est Dieu qui parle… Dieu qui reconnaît les siens… Dites-lui cela !… Et aussi : … Il y a plus de joie au ciel pour… Elle comprendra… Enfin : … Le juste est éprouvé neuf fois par jour.

Il était inouï. Blessé, souffrant dans sa chair, couché entre deux policiers, c’était avec sérénité qu’il citait des textes des saintes Ecritures.

— Confiance !… Vous le lui direz, n’est-ce pas ?… Parce qu’il n’y a pas d’exemple que l’innocence…

Il fronça les sourcils. Il avait surpris un sourire qui errait sur les lèvres de l’inspecteur Grandjean. Et alors il murmura entre ses dents, pour lui-même :

— Franzose !

Français ! Autrement dit incroyant ! Autrement dit sceptique, esprit léger, frondeur, impénitent !

Découragé, il se retourna sur sa couche, face au mur, qu’il fixa de son seul œil vivant.


— Vous lui direz…

Seulement, quand Maigret et son compagnon poussèrent la porte de la chambre d’Else, ils ne virent personne.

Une atmosphère de serre chaude ! Un nuage opaque de cigarettes blondes. Et une ambiance féminine à couper au couteau, à affoler un collégien et même un homme !

Mais personne !… La fenêtre était fermée… Else n’était pas partie par là…

Le tableau cachant l’excavation dans le mur – le flacon de bromure, la clé et le revolver – était à sa place…

Maigret le fit basculer. Le revolver manquait.

— Mais ne me regarde donc pas comme ça, sacrebleu !

Et Maigret, tout en lançant cette apostrophe, avait un regard excédé à l’inspecteur qui était sur ses talons et qui le contemplait avec une admiration béate.

A cet instant, le commissaire serra si fort les dents sur le tuyau de sa pipe qu’il le fit éclater et que le fourneau roula sur le tapis.

— Elle s’est enfuie ?

— Tais-toi !…

Il était furieux, injuste. Grandjean, estomaqué, se tint aussi immobile que possible.

Il ne faisait pas encore jour. Toujours cette vapeur grise qui flottait à ras du sol mais qui n’éclairait pas. L’auto du boulanger passa sur la route, une vieille Ford dont les roues avant zigzaguaient sur le bitume.

Maigret, soudain, se dirigea vers le corridor, descendit l’escalier en courant. Et, au moment précis où il atteignait le salon dont deux baies étaient larges ouvertes sur le parc, il y eut un cri épouvantable, un cri de mort, un hululement, une plainte de bête en détresse.

C’était une femme qui criait et dont la voix n’arrivait qu’étouffée par quelque obstacle insoupçonnable.

C’était très loin ou très près. Cela pouvait venir de la corniche. Cela pouvait venir de dessous la terre.

Et l’impression d’angoisse était telle que l’homme de garde à la poterne accourut, le visage défait.

— Commissaire !… Vous avez entendu ?…

— Silence, n… de D… ! hurla Maigret au comble de l’exaspération.

Il n’avait pas achevé qu’un coup de feu éclatait, mais tellement assourdi que nul n’eût pu dire si c’était à gauche, à droite, dans le parc, dans la maison, dans le bois ou sur la route.

Après, il y eut des bruits de pas dans l’escalier. On vit Carl Andersen qui descendait, tout raide, une main sur la poitrine, et qui lançait comme un fou :

— C’est elle !…

Il haletait. Son œil de verre restait immobile. On ne pouvait savoir qui il fixait de l’autre prunelle écarquillée.

IX


Les hommes en rang

Il y eut un flottement de quelques secondes, le temps, à peu près, de laisser mourir dans l’air les derniers échos de la détonation. On en attendait une autre. Carl Andersen avançait, atteignait une allée couverte de gravier.

Ce fut un des agents qui montaient la garde dans le parc qui se précipita soudain vers le potager, au milieu duquel se dressait la margelle d’un puits, surmontée d’une poulie. Il s’était à peine penché qu’il se rejetait en arrière, lançait un coup de sifflet.

— Emmène-le de gré ou de force ! cria Maigret à l’adresse de Lucas, en désignant le Danois titubant.

Et tout se passa à la fois, dans l’aube confuse. Lucas fit signe à un de ses hommes. A deux, ils s’approchèrent du blessé, parlementèrent un instant et, comme Carl ne voulait rien entendre, le renversèrent et l’emportèrent, tout gigotant, râlant des protestations.

Maigret atteignait le puits, se voyait arrêter par l’agent, qui lui criait :

— Attention !…

Et, de fait, une balle passait en sifflant, tandis que la détonation souterraine se prolongeait par de longues vagues de résonance.

— Qui est-ce ?…

— La jeune fille… Et un homme… Ils se battent en corps à corps…

Prudemment, le commissaire s’approcha. Mais on n’y voyait à peu près rien.

— Ta lampe…

Il n’eut que le temps de se faire une idée sommaire de ce qui se passait, car une balle faillit briser la lampe électrique.

L’homme, c’était Michonnet. Le puits n’était pas profond. Par contre il était large, sans eau.

Et ils étaient deux là-dedans, à se battre. Autant qu’on en pouvait juger, l’agent d’assurances tenait Else à la gorge comme pour l’étrangler. Elle avait un revolver à la main. Mais cette main, il l’étreignait aussi, dirigeait ainsi le tir à son gré.

— Qu’allons-nous faire ? questionna l’inspecteur.

Il était bouleversé.

Un râle montait parfois. C’était Else qui étouffait, qui se débattait désespérément.

— Michonnet, rendez-vous !… articula Maigret par acquit de conscience.

L’autre ne répondit même pas, tira en l’air, et alors le commissaire n’hésita plus. Le puits avait trois mètres de profondeur. Brusquement, Maigret sauta, tomba littéralement sur le dos de l’assureur, non sans écraser une des jambes d’Else.


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