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Simenon, Georges - Maigret chez les Flamands

На электронном книжном портале my-library.info можно читать бесплатно книги онлайн без регистрации, в том числе Simenon, Georges - Maigret chez les Flamands. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. В онлайн доступе вы получите полную версию книги с кратким содержанием для ознакомления, сможете читать аннотацию к книге (предисловие), увидеть рецензии тех, кто произведение уже прочитал и их экспертное мнение о прочитанном.
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Название:
Maigret chez les Flamands
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неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - Maigret chez les Flamands

Simenon, Georges - Maigret chez les Flamands краткое содержание

Simenon, Georges - Maigret chez les Flamands - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

Quand Maigret descendit du train, en gare de Givet, la première personne qu'il vit, juste en face de son compartiment, fut Anna Peeters. à croire qu'elle avait prévu qu'il s'arrêterait à cet endroit du quai exactement !


Elle n'en paraissait pas étonnée, ni fière. Elle était telle qu'il l'avait vue à Paris, telle qu'elle devait être toujours, vêtue d'un tailleur gris fer, les pieds chaussés de noir, chapeautée de telle sorte qu'il était impossible de se souvenir ensuite de la forme ou même de la couleur de son chapeau.


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Maigret chez les Flamands читать онлайн бесплатно

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— Excusez-nous… Mlle Anna me demandait des renseignements au sujet d’un voyage que, je crois, elle veut entreprendre un de ces jours…

Marguerite avait brusquement cessé de jouer.

— C’est vrai, Anna ?

— Oh ! pas tout de suite…

Et Mme Peeters, qui tricotait, les regardait tous avec un rien d’inquiétude.

— J’ai rempli votre verre, monsieur le commissaire… Je connais vos goûts, maintenant…

Machère, le front soucieux, observait son collègue en essayant de deviner ce qui s’était passé.

Quant à Joseph, il avait le sang à la tête, car il avait bu plusieurs verres de genièvre coup sur coup. Ses yeux étaient brillants, ses mains agitées.

— Voulez-vous me faire un plaisir, mademoiselle Marguerite ? Jouez-moi une dernière fois la Chanson de Solveig…

Et, s’adressant à Joseph :

— Pourquoi ne lui tournez-vous pas les pages ?

C’était de la perversité, comme quand on appuie du bout de la langue sur une dent malade afin de provoquer la douleur.

De la place où il était, un coude sur la cheminée, son verre de schiedam à la main, Maigret dominait tout le salon, Mme Peeters penchée sur la table et auréolée par la lumière de la lampe, Van de Weert qui fumait en étirant ses petites jambes, Anna qui restait debout contre le mur.

Et, au piano, Marguerite qui jouait et chantait, Joseph qui tournait les pages…

Le dessus de l’instrument était garni d’une broderie et de nombreuses photographies : Joseph, Maria et Anna enfants, à tous les âges…


… Que Dieu veuille encore…

 

Mais c’était surtout Anna que le commissaire étudiait. Il ne se tenait pas encore pour battu. Il espérait quelque chose, sans savoir quoi au juste.

Un vrai trouble, en tout cas ! Peut-être un mouvement convulsif des lèvres ? Peut-être des larmes ? Peut-être même un départ précipité…

Le premier couplet s’acheva sans que rien de pareil se fût produit et Machère murmura à l’oreille du commissaire :

— On reste encore longtemps ?

— Quelques minutes…

Pendant ce bref échange de paroles, Anna les regarda par-dessus la table, comme pour s’assurer qu’un danger ne se préparait pas pour elle.


… Pour ne plus me quitter…

 

Et tandis que le dernier accord résonnait encore, Mme Peeters murmurait, sa tête blanche toujours penchée sur son ouvrage :

— Je n’ai jamais souhaité de mal à personne, mais je répète que Dieu sait ce qu’il a à faire !… Est-ce que cela n’aurait pas été malheureux que ces enfants…

Elle n’acheva pas, parce qu’elle était trop émue. Elle écrasa une larme sur sa joue avec le bas qu’elle était occupée à tricoter.

Et Anna restait impassible, le regard braqué sur le commissaire. Machère s’impatientait.

— Allons !… Vous m’excuserez de vous quitter brusquement, mais mon train est à sept heures et…

Tout le monde se levait. Joseph ne savait où regarder. Machère bafouillait, trouvait enfin la phrase qu’il cherchait, ou quelque chose d’approchant.

— Je suis désolé de vous avoir soupçonnés… Mais avouez que les apparences… Et si ce marinier n’avait pas pris la fuite…

— Tu reconduis ces messieurs, Anna ?

— Oui, mère…

Si bien qu’ils ne furent que trois à traverser l’épicerie. La porte en était fermée à clé, car on était dimanche. Mais une lampe brûlait en veilleuse, mettait des reflets sur les plateaux de cuivre de la balance.

Machère serra la main de la jeune fille avec empressement.

— En vous demandant encore pardon…

Maigret et Anna restèrent quelques secondes debout l’un en face de l’autre et Anna balbutia enfin :

— Soyez tranquille… Je ne resterai pas ici…

Dans la nuit du quai, Machère parlait sans arrêt, mais Maigret n’entendait que des bribes de son discours.

— … du moment que le nom du coupable est connu, je rentrerai demain à Nancy…

« Qu’est-ce qu’elle a voulu dire ? songeait le commissaire. Je ne resterai pas ici… Est-ce qu’elle aura vraiment le courage… ? »

Il regarda la Meuse où les becs de gaz alignaient de cinquante en cinquante mètres des reflets déformés par le flot. Une lumière plus vive, de l’autre côté du fleuve, dans la cour de l’usine où, cette nuit encore, le vieux Piedbœuf apporterait des pommes de terre qu’il cuirait sous la cendre.

On passa devant la ruelle. Il n’y avait pas de lumière dans la maison.

XI


La fin d’Anna

— Tu as réussi ton affaire ?

Mme Maigret s’étonnait de voir son mari de si méchante humeur. Elle tâtait le pardessus qu’elle venait de l’aider à retirer.

— Tu as encore circulé sous la pluie… Un jour, tu attraperas des douleurs et tu seras bien avancé !… Qu’est-ce que c’était, cette histoire-là ?… Un crime ?…

— Une affaire de famille !

— Et la jeune fille qui est venue te voir ?

— Une jeune fille ! Donne-moi mes pantoufles, veux-tu ?

— C’est bon ! Je ne te demanderai plus rien ! Du moins à ce sujet. Tu as bien mangé, au moins, à Givet ?

— Je ne sais pas…

C’était vrai ! Il se souvenait à peine des repas qu’il avait faits.

— Devine ce que je t’ai préparé ?

— Des quiches !

Ce n’était pas difficile à deviner, étant donné que toute la maison en était parfumée.

— Tu as faim ?

— Oui, ma chérie… En tout cas, j’aurai faim tout à l’heure… Raconte-moi ce qui s’est passé ici… À propos, l’affaire des meubles est arrangée…

Pourquoi, en regardant sa salle à manger, fixait-il toujours un même angle, où il n’y avait rien ? Il ne s’en rendit pas compte lui-même jusqu’au moment où sa femme lui dit :

— Tu as l’air de chercher quelque chose !

Alors, à haute voix, il s’écria :

— Parbleu ! Le piano…

— Quel piano ?

— Rien ! Tu ne peux pas comprendre… Tes quiches sont étonnantes…

— Ce serait bien la peine d’être Alsacienne pour ne pas savoir préparer des quiches… Seulement, si tu continues, tu ne m’en laisseras même pas un morceau… À propos de piano, les gens du quatrième…


Un an plus tard, Maigret pénétrait dans une maison d’exportation de la rue Poissonnière à la suite d’une affaire de faux billets de banque.

Les magasins étaient vastes, bourrés de marchandises, mais les bureaux étaient exigus.

— Je vais vous faire apporter le faux billet que j’ai découvert dans une liasse… dit le patron en appuyant sur un timbre.

Maigret regardait ailleurs. Il aperçut vaguement une jupe grise qui s’approchait du bureau, des jambes gainées de coton. Puis il leva la tête, resta un moment immobile à regarder le visage penché sur le bureau.

— Je vous remercie, mademoiselle Anna…

Et, comme le commissaire suivait l’employée du regard, le négociant expliqua :

— Elle a un peu l’air d’un dragon… Mais je vous souhaite une secrétaire comme celle-là !… Elle remplace exactement deux employés. Elle fait tout le courrier et elle trouve encore le temps d’assumer la tâche de comptable…

— Il y a longtemps que vous l’avez ?

— Une dizaine de mois.

— Elle est mariée ?

— Ah ! non ! C’est son péché mignon : une haine mortelle, qui s’étend à tous les hommes… Un jour, un collègue qui était venu me voir a tenté, en riant, de lui pincer la taille… Si vous aviez vu le coup d’œil qu’il a reçu…

« Elle arrive le matin à huit heures, parfois avant… Le soir, c’est elle qui ferme les portes… Elle doit être étrangère, car elle a un léger accent…

— Vous permettez que je lui dise quelques mots ?

— Je vais l’appeler.

— Non ! C’est dans son bureau que je voudrais…

Et Maigret franchit une porte vitrée. Le bureau donnait sur une cour encombrée de camions. Et toute la maison semblait subir la trépidation du flot d’autobus et d’autos déferlant dans la rue Poissonnière.

Anna était calme, comme tout à l’heure quand elle se penchait sur son patron, comme Maigret l’avait toujours connue. Elle devait maintenant avoir vingt-sept ans, mais elle en paraissait plutôt trente, car son teint n’avait plus la même fraîcheur, ses traits s’étaient fanés.

Dans deux ou trois ans, elle n’aurait plus d’âge. Dans dix, ce serait une vieille femme !

— Vous avez des nouvelles de votre frère ?

Elle détourna la tête sans répondre, tout en maniant machinalement un buvard à bascule.

— Il est marié ?

Elle se contenta de faire un signe affirmatif de la tête.

— Heureux ?

Alors les larmes que Maigret attendait depuis si longtemps jaillirent, en même temps que la gorge se gonflait, et elle lui lança, comme si elle l’eût rendu responsable de tout :

— Il s’est mis à boire… Marguerite attend un bébé…

— Ses affaires ?

— Son cabinet ne rapportait rien… Il a dû accepter une place à mille francs par mois à Reims…

Et elle se tamponna les yeux de son mouchoir, à petits coups secs, rageurs.

— Maria ?

— Elle est morte, huit jours avant de prendre le voile…

La sonnerie du téléphone retentit, et c’est d’une voix changée qu’Anna répondit en approchant un bloc-notes de sa main :

— Oui, monsieur Worms… C’est entendu… Demain soir… J’envoie un câble à l’instant même… À propos du chargement de laine, je vous adresse une lettre contenant quelques observations… Non ! je n’ai pas le temps… Vous la lirez…

Elle raccrocha. Son patron était sur le seuil, la regardant et regardant Maigret tour à tour.

Le commissaire revint dans le bureau voisin.

— Qu’est-ce que vous en dites ?… Et je ne vous ai pas parlé de son honnêteté !… À ce point-là c’est presque de la bêtise…

— Où habite-t-elle ?

— Je ne sais pas… Ou plutôt je ne connais pas son adresse, mais je sais que c’est dans une maison meublée pour femmes seules, tenue par une œuvre quelconque… Mais… Dites donc ! Vous commencez à me faire peur… Ce n’est pas dans l’exercice de vos fonctions que vous l’avez connue, au moins ?… Car ce serait un peu inquiétant…

— Ce n’est pas dans l’exercice de mes fonctions ! répondit lentement Maigret. Nous disions donc que vous avez découvert ce billet dans une liasse de…

Il tendait l’oreille aux bruits du bureau voisin où une voix de femme disait au téléphone :

— Non, monsieur, il est occupé ! C’est mademoiselle Anna qui est à l’appareil… Je suis au courant…

On n’eut jamais de nouvelles du marinier.


Antibes, « Les Roches-Grises », janvier 1932.


FIN

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