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Simenon, Georges - Laffaire Saint-Fiacre

На электронном книжном портале my-library.info можно читать бесплатно книги онлайн без регистрации, в том числе Simenon, Georges - Laffaire Saint-Fiacre. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. В онлайн доступе вы получите полную версию книги с кратким содержанием для ознакомления, сможете читать аннотацию к книге (предисловие), увидеть рецензии тех, кто произведение уже прочитал и их экспертное мнение о прочитанном.
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Название:
Laffaire Saint-Fiacre
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16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - Laffaire Saint-Fiacre

Simenon, Georges - Laffaire Saint-Fiacre краткое содержание

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Un grattement timide à la porte ; le bruit d'un objet posé sur le plancher ; une voix furtive : « Il est cinq heures et demie ! Le premier coup de la messe vient de sonner… » Maigret fit grincer le sommier du lit en se soulevant sur les coudes et tandis qu'il regardait avec étonnement la lucarne percée dans le toit en pente, la voix reprit : « Est-ce que vous communiez ? »


Maintenant, le commissaire Maigret était debout, les pieds nus sur le plancher glacial. Il marcha vers la porte qui fermait à l'aide d'une ficelle enroulée à deux clous. Il y eut des pas qui fuyaient, et, quand il fut dans le couloir, il eut juste le temps d'apercevoir une silhouette de femme en camisole et en jupon blanc. Alors il ramassa le broc d'eau chaude que Marie Tatin lui avait apporté, ferma sa porte, chercha un bout de miroir devant lequel se raser.


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Laffaire Saint-Fiacre читать онлайн бесплатно

Laffaire Saint-Fiacre - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

— Vous êtes sûr que… Il me reste deux messes à dire… C’est le Jour des morts… Mes fidèles sont…

Puisque la comtesse était morte d’une embolie, est-ce que Maigret n’avait pas le droit de rassurer le curé ?

— Vous avez entendu ce qu’a dit le docteur…

— Pourtant vous êtes venu ici, aujourd’hui, justement à cette messe…

Maigret fit un effort pour ne pas se troubler.

— Un hasard, monsieur le curé… Mon père est enterré dans votre cimetière…

Et il hâta le pas vers l’auto, un coupé d’un vieux modèle, dont le chauffeur tournait la manivelle. Le médecin ne savait que faire. Il y avait quelques personnes sur la place, qui ne comprenaient rien à ce qui arrivait.

— Venez avec nous…

Mais le cadavre prenait toute la place à l’intérieur. Maigret et le médecin se serrèrent à côté du siège.

— Vous avez l’air étonné par ce que je vous ai dit… murmura le praticien, qui n’avait pas encore repris tout son aplomb… Si vous connaissiez la situation, vous comprendriez peut-être… La comtesse…

Il se tut en regardant le chauffeur en livrée noire qui conduisait sa voiture d’un air absent. On traversait la grand-place en pente, bornée, d’une part par l’église érigée sur le talus, de l’autre par l’étang Notre-Dame qui, ce matin-là, était d’un gris vénéneux.

L’auberge de Marie Tatin était à droite, la première maison du village. À gauche, c’était une allée bordée de chênes et, tout au fond, la masse sombre du château.

Un ciel uniforme, aussi froid qu’une patinoire.

— Vous savez que cela va faire des drames… C’est pour cela que le curé tire une sale tête.

Le docteur Bouchardon était un paysan, fils de paysans. Il portait un costume de chasse brun, des hautes bottes de caoutchouc.

— Je partais au canard dans les étangs…

— Vous n’allez pas à la messe ?

Le docteur fit un clin d’œil.

— Remarquez que cela ne m’empêchait pas d’être copain avec l’ancien curé… Mais celui-ci…

On pénétrait dans le parc. On distinguait maintenant les détails du château, les fenêtres du rez-de-chaussée, aveuglées par les volets, les deux tours d’angle, seules parties anciennes du bâtiment.

Quand la voiture stoppa près du perron, Maigret plongea le regard par les fenêtres grillagées, à ras du sol, et il entrevit les cuisines remplies de buée, une grosse femme occupée à plumer des perdreaux. Le chauffeur ne savait que faire, n’osait pas ouvrir les portières du coupé.

— M. Jean ne doit pas être levé…

— Appelez n’importe qui… Il y a d’autres domestiques dans la maison ?…

Maigret avait les narines humides. Il faisait vraiment froid. Il resta debout dans la cour avec le médecin qui se mit à bourrer une pipe.

— Qui est-ce, M. Jean ?

Bouchardon haussa les épaules en esquissant un drôle de sourire.

— Vous allez le voir.

— Mais enfin, qui est-ce ?

— Un jeune homme… Un charmant jeune homme…

— Un parent ?

— Si vous voulez !… À sa manière !… Bah ! autant vous le dire tout de suite… C’est l’amant de la comtesse… Officiellement, c’est son secrétaire…

Et Maigret regardait le docteur dans les yeux, se souvenant d’avoir été à l’école avec lui ! Seulement, personne ne le reconnaissait ! Il avait quarante-deux ans ! Il avait pris de l’embonpoint.

Le château, il le connaissait mieux que quiconque ! Surtout les communs ! Il lui suffisait de faire quelques pas pour apercevoir la maison du régisseur, où il était né.

Et c’étaient peut-être ces souvenirs qui le troublaient à ce point ! Surtout le souvenir de la comtesse de Saint-Fiacre telle qu’il l’avait connue : une jeune femme qui avait personnifié, pour le gamin du peuple qu’il était, toute la féminité, toute la grâce, toute la noblesse.

Elle était morte ! On l’avait poussée, comme une chose inerte, dans le coupé, et l’on avait dû replier ses jambes ! On n’avait même pas rattaché son corsage, et du linge blanc jaillissait du noir de la robe de deuil !

« … Un crime sera commis… »

Mais le médecin affirmait qu’elle était morte d’une embolie ! Quel démiurge avait pu prévoir cela ? Et pourquoi convoquer la police ?

On courait dans le château. Des portes s’ouvraient et se refermaient. Un maître d’hôtel, qui n’était qu’à moitié en livrée, entrouvrait l’huis principal, hésitait à s’avancer. Un homme se montrait derrière lui, en pyjama, les cheveux en désordre, les yeux fatigués.

— Qu’est-ce que c’est ? criait-il.

— Le maquereau ! grogna le médecin cynique à l’oreille de Maigret.

La cuisinière avait été alertée aussi. Par la fenêtre de son sous-sol, elle regardait en silence. Des lucarnes s’ouvraient sous les combles, dans les chambres de domestiques.

— Eh bien ! Qu’est-ce qu’on attend pour transporter la comtesse dans son lit ? tonna Maigret avec indignation.

Tout cela lui semblait sacrilège, parce que cela ne concordait pas avec ses souvenirs d’enfance. Il en ressentait un malaise non seulement moral mais physique !

« … Un crime sera commis… »

La cloche sonnait le second coup de la messe. Les gens devaient se presser. Il y avait les fermiers qui venaient de loin, en carriole ! Et ils avaient apporté des fleurs à déposer sur les tombes du cimetière !

Jean n’osait pas s’approcher. Le maître d’hôtel, qui avait ouvert la portière, restait atterré, sans en faire davantage.

— Madame la comtesse… Madame la… balbutiait-il.

— Alors ?… Vous allez la laisser là ?… Hein ?…

Pourquoi diable le docteur avait-il un sourire ironique ?

Maigret usa d’autorité.

— Allons ! Deux hommes… Vous ! (il désignait le chauffeur)… Et vous !… (il désignait le domestique)… Transportez-la dans sa chambre…

Et tandis qu’ils se penchaient vers le coupé, une sonnerie retentit dans le hall.

— Le téléphone !… C’est étrange, à cette heure-ci !… grommela Bouchardon.

Jean n’osait pas aller répondre. Il semblait avoir perdu conscience. Ce fut Maigret qui se précipita à l’intérieur, décrocha l’appareil.

— Allô !… Oui, le château…

Et une voix toute proche :

— Voulez-vous me passer ma mère ? Elle doit être rentrée de la messe…

— Qui est à l’appareil ?…

— Le comte de Saint-Fiacre… D’ailleurs cela ne vous regarde pas… Passez-moi ma mère…

— Un instant… Voulez-vous me dire d’où vous téléphonez ?…

— De Moulins ! Mais, sacrebleu, je vous dis de…

— Venez ! Cela vaudra mieux ! se contenta d’articuler Maigret en raccrochant.

Et il dut se coller au mur pour laisser passer le corps que transportaient les deux domestiques.


II



Le missel

— Vous entrez ? questionna le médecin dès que la morte fut étendue sur son lit. J’ai besoin de quelqu’un pour m’aider à la déshabiller.

— Nous trouverons une femme de chambre ! dit Maigret.

Et, en effet, Jean monta à l’étage au-dessus et en revint un peu plus tard en compagnie d’une femme d’une trentaine d’années qui jetait autour d’elle des regards effrayés.

— Filez ! grommela alors le commissaire à l’adresse des domestiques, qui ne demandaient pas mieux.

Il retint Jean par la manche, le regarda des pieds à la tête, l’amena dans l’embrasure d’une fenêtre.

— Dans quels termes êtes-vous avec le fils de la comtesse ?

— Mais… je…

Le jeune homme était maigre, et son pyjama rayé, d’une propreté douteuse, n’ajoutait pas à son prestige. Son regard fuyait celui de Maigret. Il avait la manie de tirer sur ses doigts comme pour les allonger.

— Attendez ! l’interrompit le commissaire. Nous allons parler net, afin de gagner du temps.

Derrière la lourde porte de chêne de la chambre, on entendait des allées et venues, le grincement des ressorts du lit, des ordres donnés à mi-voix à la femme de chambre par le docteur Bouchardon : on dévêtait la morte !

— Quelle est exactement votre situation au château ? Depuis combien de temps y êtes-vous ?

— Depuis quatre ans…

— Vous connaissiez la comtesse de Saint-Fiacre ?

— Je… c’est-à-dire que je lui ai été présenté par des amis communs… Mes parents venaient d’être ruinés par le krach d’une petite banque de Lyon… Je suis entré ici comme homme de confiance, pour m’occuper des affaires personnelles de…

— Pardon ! Que faisiez-vous auparavant ?

— Je voyageais… J’écrivais des articles de critique d’art…

Maigret ne sourit pas. L’atmosphère, d’ailleurs, ne prêtait pas à l’ironie.

Le château était vaste. Du dehors, il ne manquait pas d’allure. Mais l’intérieur avait un aspect aussi miteux que le pyjama du jeune homme. Partout de la poussière, des vieilles choses sans beauté, un amas d’objets inutiles. Les tentures étaient fanées.

Et sur les murs, on voyait des traces plus claires qui prouvaient que des meubles avaient été enlevés. Les plus beaux, évidemment ! Ceux qui avaient quelque valeur !

— Vous êtes devenu l’amant de la comtesse…

— Chacun est libre d’aimer qui…

— Imbécile ! gronda Maigret en tournant le dos à son interlocuteur.

Comme si les choses n’étaient pas évidentes par elles-mêmes ! Il n’y avait qu’à regarder Jean ! Il n’y avait qu’à respirer quelques instants l’air du château ! Et surprendre les regards des domestiques !

— Vous saviez que son fils allait venir ?

— Non… Qu’est-ce que cela peut me faire ?

Et son regard fuyait toujours. De la main droite, il tiraillait les doigts de la main gauche.

— Je voudrais bien m’habiller… Il fait froid… Mais pourquoi la police s’occupe-t-elle de… ?

— Allez vous habiller, oui !

Et Maigret poussa la porte de la chambre, évita de regarder vers le lit sur lequel la morte était entièrement nue.

La chambre ressemblait au reste de la maison. Elle était trop vaste, trop froide, encombrée de vieux objets dépareillés. En voulant s’accouder au marbre de la cheminée, Maigret s’aperçut qu’il était cassé.

— Vous avez trouvé quelque chose ? demanda le commissaire à Bouchardon… Un instant… Vous voulez nous laisser, mademoiselle ?

Et il referma la porte derrière la femme de chambre, alla coller son front à la fenêtre, laissa errer son regard sur le parc tout feutré de feuilles mortes et de grisaille.

— Je ne puis que vous confirmer ce que je vous ai dit tout à l’heure. La mort est due à un arrêt brusque du cœur.

— Provoqué par ?…

Geste vague du médecin, qui jeta une couverture sur le cadavre et rejoignit Maigret à la fenêtre, alluma sa pipe.

— Peut-être par une émotion… Peut-être par le froid… Est-ce qu’il faisait froid dans l’église ?

— Au contraire ! Bien entendu, vous n’avez trouvé aucune trace de blessure ?

— Aucune !

— Pas même la trace à peine perceptible d’une piqûre ?

— J’y ai pensé… Rien !… Et la comtesse n’a absorbé aucun poison… Vous voyez qu’il serait difficile de prétendre…

Maigret avait le front dur. Il apercevait à gauche, sous les arbres, le toit rouge de la maison du régisseur, où il était né.

— En deux mots… La vie du château ?… questionna-t-il à mi-voix.

— Vous en savez autant que moi… Une de ces femmes qui sont des modèles de bonne conduite jusqu’à quarante ou quarante-cinq ans… C’est alors que le comte est mort, que le fils est allé à Paris poursuivre ses études…

— Et ici ?

— Il est venu des secrétaires, qui restaient plus ou moins longtemps… Vous avez vu le dernier…

— La fortune ?

— Le château est hypothéqué… Trois fermes sur quatre sont vendues… De temps en temps un antiquaire vient chercher ce qui a encore de la valeur…

— Et le fils ?

— Je le connais mal ! On dit que c’est un numéro…

— Je vous remercie !

Maigret allait sortir. Bouchardon le poursuivit.

— Entre nous, je serais curieux de savoir par quel hasard vous étiez précisément à l’église ce matin…

— Oui ! c’est étrange…

— J’ai l’impression de vous avoir déjà vu quelque part…

— C’est possible…

Et Maigret hâta le pas le long du couloir. Il avait la tête un peu vide, parce qu’il n’avait pas assez dormi. Peut-être aussi avait-il pris froid à l’auberge de Marie Tatin. Il aperçut Jean qui descendait l’escalier, vêtu d’un complet gris mais encore chaussé de pantoufles. Au même moment une voiture à échappement libre pénétrait dans la cour du château.

C’était une petite auto de course, peinte en jaune canard, longue, étroite, inconfortable. Un homme en manteau de cuir faisait l’instant d’après irruption dans le hall, retirait son casque, lançait :

— Hello ! Quelqu’un !… Tout le monde dort encore ici ?…

Mais il aperçut Maigret qu’il regarda curieusement.

— Qu’est-ce que ?…

— Chut !… Il faut que je vous parle…

À côté du commissaire, Jean était pâle, inquiet. En passant, le comte de Saint-Fiacre lui envoya un léger coup de poing à l’épaule, plaisanta :

— Toujours ici, crapule !

Il n’avait pas l’air de lui en vouloir. Seulement de le mépriser profondément.

— Il ne se passe rien de grave, au moins ?

— Votre mère est morte ce matin, à l’église.

Maurice de Saint-Fiacre avait trente ans, le même âge que Jean. Ils étaient de même taille, mais le comte était large, un peu gras. Et tout son être, surtout dans son vêtement de cuir, respirait une vie allègre. Ses yeux clairs étaient gais, moqueurs.

Il fallut les paroles de Maigret pour lui faire froncer les sourcils.

— Qu’est-ce que vous dites ?

— Venez par ici.

— Ça, par exemple !… Moi qui…

— Qui ?…

— Rien ! Où est-elle ?…

Il était ahuri, dérouté. Dans la chambre, il souleva juste assez la couverture pour apercevoir le visage de la morte. Pas d’explosion de douleur. Pas de larmes. Pas de gestes dramatiques. Seulement deux mots murmurés.

— Pauvre vieille !…

Jean avait cru devoir marcher jusqu’à la porte et l’autre l’aperçut, lui lança :

— Sors d’ici, toi !

Il devenait nerveux. Il marchait de long en large. Il se heurta au docteur.

— De quoi est-elle morte, Bouchardon ?

— Arrêt du cœur, monsieur Maurice… Mais le commissaire en sait peut-être plus que moi à ce sujet…

Le jeune homme se tourna vivement vers Maigret.

— Vous êtes de la police ?… Qu’est-ce que ?…

— Voulez-vous que nous ayons une conversation de quelques minutes ?… J’aimerais faire les cent pas sur la route… Vous restez ici, docteur ?…


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