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Simenon, Georges - Lécluse n°1

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Название:
Lécluse n°1
Автор
Издательство:
неизвестно
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Год:
неизвестен
Дата добавления:
16 октябрь 2019
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Simenon, Georges - Lécluse n°1

Simenon, Georges - Lécluse n°1 краткое содержание

Simenon, Georges - Lécluse n°1 - описание и краткое содержание, автор Simenon, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки My-Library.Info

Quand on observe des poissons à travers une couche d’eau qui interdit entre eux et nous tout contact, on les voit rester longtemps immobiles, sans raison, puis d’un frémissement de nageoires aller un peu plus loin pour n’y rien faire qu’attendre à nouveau.


C’est dans le même calme, comme sans raison aussi, que le tramway 13, le dernier « Bastille-Créteil », traîna ses lumières jaunâtres tout le long du quai des Carrières. Au coin d’une rue, près d’un bec de gaz vert, il fit mine de s’arrêter, mais le receveur agita sa sonnette et le convoi fonça vers Charenton. Derrière lui, le quai restait vide et stagnant comme un paysage du fond de l’eau. A droite, des péniches flottaient sur le canal, avec de la lune tout autour.


Un filet d’eau se faufilait par une vanne mal fermée de l’écluse, et c’était le seul bruit sous le ciel encore plus quiet et plus profond qu’un lac.


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Lécluse n°1 читать онлайн бесплатно

Lécluse n°1 - читать книгу онлайн бесплатно, автор Simenon

On avait dû entendre son soupir, car tout le monde s’avançait en même temps et les agents, soudain, donnaient à la scène son caractère officiel normal, c’est-à-dire qu’ils faisaient la haie, repoussaient la foule, ne laissaient dans leur cercle que ceux dont la présence était nécessaire.

L’homme couché voyait ainsi l’espace se vider autour de lui, et des uniformes, des képis à galons d’argent. Il continuait à baver de l’eau grise qui coulait de son menton sur sa poitrine, tandis que, sans arrêt, on lui agitait les bras. De ses bras aussi, les siens, il suivait les mouvements avec curiosité, et il fronça les sourcils quand quelqu’un murmura, au dernier rang :

— Il est mort ?

Le vieux Gassin se levait, sans lâcher sa bouteille ; il faisait trois pas indécis, se campait entre les jambes du noyé, qu’il interpellait, la bouche si pâteuse, la langue si épaisse, qu’on ne distingua pas une seule syllabe.

Mais Ducrau le voyait. Il ne le quittait plus des yeux. Il pensait. Il devait fouiller dans sa mémoire.

— Allez plus loin ! gronda le médecin en repoussant Gassin si brusquement que l’ivrogne roula par terre, cassa la bouteille et resta à la même place, gémissant, fulminant, s’efforçant de chasser sa fille penchée sur lui.

Une auto stoppait encore sur le quai et un nouveau groupe se formait autour du commissaire de police.

— On peut le questionner ?

— Vous ne risquez rien d’essayer.

— Vous croyez qu’il s’en tirera ?

Ce fut l’homme lui-même, Émile Ducrau, qui répondit par un sourire. C’était un drôle de sourire, encore vague, pareil à une grimace, mais on sentait très bien qu’il se rapportait à la question posée.

Le commissaire, un peu confus, salua en retirant son chapeau.

— Je vois avec plaisir que vous allez mieux.

C’était gênant de parler de haut en bas à un homme dont le visage était tourné vers le ciel, et sur qui les sauveteurs travaillaient toujours.

— Vous avez été assailli ? Vous étiez loin d’ici ? Savez-vous à quel endroit vous avez été frappé, puis jeté à l’eau ?

La bouche rendait toujours de l’eau par saccades. Émile Ducrau ne se pressait pas de répondre, ni même d’essayer de parler. Il tourna un peu la tête parce que la jeune fille en blanc passait dans le rayon de son regard, et il la suivit des yeux jusqu’à la passerelle.

Elle allait, aidée d’une voisine, préparer du café pour son père, qui se débattait quand on parlait de le coucher dans son lit.

— Vous vous souvenez de ce qui s’est passé ?

Et, comme il ne répondait toujours pas, le commissaire prit le docteur à part.

— Croyez-vous qu’il me comprenne ?

— On le dirait.

— Pourtant…

Ils tournaient le dos au noyé, dont ils eurent la stupeur d’entendre la voix.

— … me faites mal…

Tout le monde le regarda. Il manifestait de l’impatience. Il devait faire un effort pour parler. En bougeant péniblement un bras, il ajouta :

— Veux aller chez moi…

Ce que la main essayait de désigner, c’était la maison de six étages, là-bas, juste derrière lui. Le commissaire était contrarié, hésitant.

— Excusez-moi d’insister, mais c’est mon devoir. Avez-vous vu vos agresseurs ? Les avez-vous reconnus ? Peut-être ne sont-ils pas encore loin…

Leurs regards se croisaient. Celui d’Émile Ducrau était ferme. Et pourtant l’homme ne répondit pas.

— Il va y avoir une enquête, et le Parquet me demandera certainement si…

Ce fut inattendu. Cette masse, qui paraissait si molle sur les pavés clairs du quai de déchargement, s’anima un moment et repoussa tout ce qui la gênait.

— Chez moi ! répéta Ducrau, furieux.

Et on sentit que si on continuait à le contrecarrer il se fâcherait, qu’il reprendrait assez de force, peut-être, pour se mettre debout et foncer dans le tas.

— Attention, s’écria le médecin. Votre blessure peut saigner…

Mais il s’en moquait, cet homme au cou de ruminant qui en avait assez, soudain, d’être par terre au milieu des curieux !

— Qu’on le transporte chez lui, soupira le commissaire, résigné.

On avait amené la civière de l’écluse N°1. Ducrau ne voulait pas de la civière. Il grognait. Il fallait le tenir aux bras, aux jambes, aux épaules. Tandis qu’on le transportait, il regardait les gens avec colère et les gens s’écartaient, car ils en avaient peur.

On traversa la rue. Le commissaire arrêta le cortège.

— Un instant. Je dois d’abord avertir sa femme.

Il sonna, tandis que les porteurs restaient en attente sous le bec de gaz vert qui marquait l’arrêt des tramways et des autobus.

Pendant ce temps-là, des mariniers avaient toutes les peines du monde à franchir la passerelle de la Toison-d’Or avec le vieux Gassin ivre mort, qui s’était par surcroît blessé à la main d’un éclat d’une bouteille.


II

Quand, le surlendemain, le commissaire Maigret descendit du tramway 13 en face des deux bistrots, il était dix heures du matin et, debout au bord du trottoir, du soleil plein les yeux, du bruit plein les oreilles, Maigret resta un bon moment à froncer les sourcils, tandis que des camions blancs de ciment s’interposaient entre lui et le canal…

Il n’avait pas assisté à la descente du Parquet et sa connaissance des lieux, comme de l’affaire, était théorique. Sur le petit plan qu’on lui avait tracé, c’était fort simple : le canal à droite, avec l’écluse et le bateau de Gassin amarré au quai de déchargement ; à gauche les deux bistrots, la haute maison et, tout au bout, le petit bal.

Peut-être en était-il ainsi, sans perspective, sans arrière-plans, sans vie. Mais rien que des bateaux, par exemple, il y en avait cinquante dans le bassin qui surmonte l’écluse, les uns à quai, les autres serrés contre eux, d’autres enfin qui évoluaient lentement dans le soleil. Et dans la rue, c’était un mouvement sans fin, fait surtout de poids lourds traînant leur vacarme.

L’âme du paysage, pourtant, était ailleurs, son cœur en tout cas, dont les battements donnaient le rythme à l’air lui-même. C’était au bord de l’eau, un haut appareil biscornu, une tour en ferraille qui, la nuit, ne devait être qu’une tache grise mais qui, de jour, crachait du bruit par toutes ses tôles, par tous ses longerons, par chaque poulie, tout en concassant de la pierre qui dégringolait sur des tamis pour repartir plus loin, toujours dans le vacarme, et finir enfin sur des tas fumants de poussière.

On distinguait, tout en haut de la machine, une plaque d’émail bleu : Entreprises Émile Ducrau.

Du linge séchait sur des fils tendus au-dessus des péniches, et une jeune fille blonde lançait de l’eau à la volée sur le pont de la Toison-d’Or.

Un tramway 13 passa encore, puis un second, et Maigret, qui était tout baigné de tiédeur, la peau moite et voluptueuse comme elle ne l’est qu’aux premiers soleils d’avril, se dirigea sans conviction vers la maison haute. Il ne vit pas de concierge à travers les vitres de la loge. Il y avait un tapis d’escalier usé, rouge sombre, et les marches étaient vernies, les murs peints en faux marbre. Le palier sentait la poussière, la médiocrité et la décence avec ses deux portes sombres et la tache brillante du bouton de cuivre bien astiqué. Un rayon de soleil traversait une cour de biais et, filtrant par quelque lucarne, dorait la cage d’escalier.

Maigret sonna à deux ou trois reprises. Dès la seconde, il entendit du bruit à l’intérieur, mais cinq minutes s’écoulèrent avant que la porte s’ouvrît.

— M. Ducrau, s’il vous plaît ?

— C’est ici. Entrez.

La servante était rouge, trop animée, et Maigret sourit en la regardant, sans trop savoir pourquoi. C’était une grosse fille appétissante, surtout quand on la voyait de dos, car son visage grossier, aux traits durs et irréguliers, décevait ensuite.

— De la part de qui ?

— De la Police judiciaire.

Elle fit deux pas vers la porte et dut se baisser pour tendre son bas, puis elle fit deux pas encore, se crut cachée par le battant et rattacha sa jarretelle, tira sur sa combinaison tandis que Maigret souriait de plus belle. On chuchota à côté. La fille revint.

— Donnez-vous la peine d’entrer.

Ce n’était pas seulement la faute du soleil si Maigret affichait ce sourire. Il jaillissait de source à ses lèvres, il s’y tenait épanoui. Dès l’antichambre, dès le paillasson presque, il avait eu l’intuition de ce qui se passait, et maintenant il en était sûr tandis qu’il prononçait :

— M. Ducrau ?

Ses yeux riaient, sa bouche esquissait une moue involontaire et dès lors, entre les deux hommes, la vérité fut comme avouée. Ducrau regarda la servante, puis le visiteur, puis son fauteuil de velours rouge. Ensuite il arrangea ses cheveux plantés serrés qui n’en avaient pas besoin et il sourit aussi, d’un sourire flatté, un peu gêné, content quand même.


Trois fenêtres ruisselaient de soleil et l’une d’elles, large ouverte, laissait à tel point pénétrer les rumeurs de la rue, le vacarme du concasseur que, quand Maigret voulut parler, il entendit à peine sa voix.

Émile Ducrau s’était rassis dans son fauteuil avec un soupir d’aise, et on sentait que malgré tout il n’était pas encore solide. De la scène avec la servante, il lui restait une buée au front et un rythme accéléré de la respiration. N’empêche que, dès la veille, le Parquet, stupéfait, avait trouvé dans un fauteuil un homme qu’on s’attendait à trouver anéanti sur son lit.

Il était en pantoufles, avec une chemise de nuit à col brodé de rouge sous son vieux veston, et on retrouvait le même laisser-aller médiocre dans chaque détail du salon aux meubles quelconques, qui tous dataient de trente ou quarante ans, dans les cadres noir et or qui entouraient des photographies de remorqueurs et dans le bureau à cylindre installé dans un coin.

— C’est vous qui êtes chargé de l’enquête ?

Le sourire s’éteignait progressivement, Ducrau redevenait un homme sérieux, au regard inquisiteur, à la voix déjà agressive.

— Je suppose que vous avez déjà votre idée sur cette histoire ? Non ? Tant mieux, mais cela m’étonne de la part d’un policier !

Il n’avait pas l’intention d’être désagréable. C’était son attitude naturelle. Parfois il grimaçait un peu, sans doute parce que sa blessure au dos le faisait souffrir.

— Vous boirez bien quelque chose ! Mathilde !… Mathilde !… Mathilde, nom de Dieu !…

Et, à la fille qui se montrait enfin, les mains savonneuses :

— Vous servirez du vin blanc. Du bon !

Il remplissait le fauteuil de sa masse, et le fait que ses pieds étaient posés sur un coussin de tapisserie faisait paraître ses jambes plus courtes.

— Voyons, que vous a-t-on raconté ?

Il avait l’habitude, en parlant, de jeter des petits coups d’œil par la fenêtre, dans la direction de l’écluse. Il grogna soudain :

— Bon ! Voilà qu’ils se laissent trémater par un Poliet et Chausson !

Maigret vit une péniche chargée, au bord peint en jaune, qui pénétrait lentement dans le sas. Derrière elle, une autre péniche, marquée d’un triangle bleu, était en travers du canal, et des gens, trois ou quatre, gesticulaient en échangeant sans doute des injures.

— Tous les bateaux à triangle bleu m’appartiennent, expliqua Ducrau en désignant une chaise à la bonne qui rentrait.

Et il lui dit :

— Mettez la bouteille et les verres là-dessus. Ici, c’est sans façon, commissaire. Je disais… Ah ! oui, je suis curieux de savoir comment on raconte l’affaire.

Sa bonhomie avait comme un arrière-fond de méchanceté, et plus il regardait Maigret, plus cette méchanceté s’accentuait, peut-être parce que le commissaire, au physique, était aussi large et puissant que lui, en plus grand, et parce que son calme faisait, dans l’appartement, l’effet d’une grosse pierre impossible à déplacer.

— J’ai été saisi du dossier ce matin, déclara-t-il.

— Vous l’avez lu ?

La porte d’entrée s’ouvrit, quelqu’un traversa l’antichambre et se montra. C’était une femme d’une cinquantaine d’années, maigre, triste, qui portait un filet à provisions et qui s’excusa :

— Pardon. Je ne savais pas…

Déjà Maigret s’était levé.

— Mme Ducrau, je suppose ? Je suis heureux de faire votre connaissance.

Elle salua gauchement et se retira à reculons. On l’entendit parler à la servante, et Maigret sourit à nouveau, car il imaginait mieux encore que tout à l’heure les détails de la scène du matin.

— Ma femme n’a jamais pu se déshabituer de faire le ménage, grommela Ducrau. Elle pourrait se payer dix domestiques si elle le voulait et elle fait son marché elle-même !

— Vous avez débuté comme patron de remorqueur, je pense ?

— J’ai débuté comme on débute : à la chaudière ! Le chaudron s’appelait L’Aigle. Je l’ai eu en épousant la fille du patron, que vous venez de voir. À l’heure qu’il est, la série des Aigles en est à vingt-quatre. Tenez, rien que dans le bassin, il y en a deux qui vont remonter aujourd’hui jusqu’à Dizy, et on m’en annonce cinq d’avalants. Tous les pilotes, dans les deux bistrots d’en bas, travaillent pour moi. J’ai déjà racheté dix-huit péniches, des flûtes, deux dragues…

Ses yeux devenaient plus petits et finissaient par ne plus voir que les yeux de Maigret.

— C’est cela que vous vouliez savoir ?

Et, tourné vers la porte :

— Silence, là-dedans ! hurla-t-il à l’adresse des deux femmes invisibles dont la conversation arrivait comme un murmure.

— À votre santé ! On a dû vous dire que j’offre vingt mille francs à la police si elle découvre mon agresseur, et c’est pour cela, je suppose, qu’on m’a envoyé quelqu’un de bien. Qu’est-ce que vous regardez ?

— Rien du tout, le canal, l’écluse, les bateaux…

C’était prodigieux de vie, ce paysage lumineux découpé par les fenêtres. Vues d’en haut, les péniches paraissaient plus lourdes, comme enlisées dans une eau trop dense. Debout dans son bachot, un marinier passait au goudron la coque grise de son bateau qui émergeait de deux mètres. Et il y avait des chiens, des poules dans une cage en treillage, et la jeune fille blonde qui astiquait les cuivres du pont. Des gens allaient et venaient sur les portes de l’écluse, et les bateaux qui sortaient en aval semblaient hésiter avant de se laisser glisser au fil de la Seine.

— En somme, tout cela est pour ainsi dire à vous ?

— Tout, c’est exagéré. Mais tout le monde que vous voyez dépend un peu de moi, surtout depuis que j’ai racheté les carrières de craie, là-haut, en Champagne.

Le mobilier de l’appartement ressemblait à tous les mobiliers qu’à la Salle des Ventes on entasse pour les liquider le samedi, quand les petites gens viennent chercher une table ou une cuvette d’occasion. Une odeur d’oignons rissolés arrivait de la cuisine en même temps que le grésillement du beurre sur la poêle.


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